Israël, une exception dans un Moyen-Orient submergé par le variant britannique

Paris, le lundi 12 avril 2021 - On le savait déjà en temps normal : l’État d’Israël, nation industrialisée, détonne dans le paysage du Moyen-Orient. Mais depuis quelques jours, la fracture nette en termes de développement qui sépare l’État hébreux du reste de la région est également une fracture épidémique. Alors que, grâce à la vaccination, Israël semble se rapprocher de la fameuse « immunité collective », les territoires palestiniens, la Jordanie, l’Égypte, la Syrie et surtout l’Iran subissent une nouvelle flambée des cas au moment où le monde musulman commence demain le mois du ramadan.

Israël, un quasi « zéro covid »

Epicentre de l’épidémie dans la région, Israël a engagé depuis le mois de décembre l’une des campagnes de vaccination contre la Covid-19 la plus efficace du monde. Avec plus de 4,9 millions d'Israéliens parfaitement vaccinés, le nombre de cas quotidiens de coronavirus a chuté de 97%, a déclaré  à Channel 12 Eran Segal, bio-informaticien à l'Institut des sciences Weizmann. Un chiffre qui fait dire à l’épidémiologiste « qu’il est possible qu'Israël ait atteint une forme d'immunité collective » estimant que « cela permet de supprimer certaines restrictions immédiatement ».

Il est vrai que les indicateurs israéliens sont flatteurs : un taux de positivité des tests de 0,4 %, le plus bas depuis le 22 mai 2020, et en dessous de 1 % depuis huit jours, souligne le journaliste Julien Bahloul. Des statistiques rassurantes plus de dix jours après la fin des fêtes de Pessah. Seuls 253 patients sont désormais admis en soins critiques à travers le pays.

Dans les territoires occupés, une épidémie hors de contrôle

Mais la situation Israélienne ne doit pas faire oublier que l’épidémie au Moyen-Orient est loin d’être sous contrôle. Dans les territoires palestiniens (Cisjordanie et Gaza) les services de santé semblent débordés par la situation. « Nous avons atteint la ligne rouge », a déclaré Mai al-Kaila, ministre palestinienne de la Santé. « La situation épidémiologique est très dangereuse en raison de la grande propagation du virus. » Le directeur de l'hôpital Dora à Hébron, le docteur Mohammed Rabei, se dit aussi dépassé malgré une capacité passée de 60 à 80 lits. Mais les hospitalisations ne cessent d'augmenter et « nous devons trouver d'autres solutions » pour traiter les malades graves du coronavirus, dit-il à l’AFP. « Il y a toujours eu ici un manque de personnel mais ces jours-ci les équipes travaillent sous pression, manquent de jours de repos, sont exténuées », explique-t-il.

Si Israël a pris en charge la vaccination de plus de 90 000 travailleurs palestiniens et a délivré plus de 5 000 doses à destination du personnel médical, les autorités palestiniennes ont dû attendre la fin mars pour obtenir une première livraison de 61 440 doses de vaccins par le biais du programme Covax. Selon l’UNICEF, ces doses de vaccin sont destinées à la Cisjordanie et à la bande de Gaza.

En Syrie, la guerre fait rage, mais aussi l’épidémie

De l’autre côté de la frontière israélienne, c’est un pays ravagé par dix ans d’une guerre civile encore en cours qui fait face à l’augmentation inquiétante des cas de coronavirus. Un virus qui a même touché le président syrien Bachar al-Assad et son épouse.

Les caricaturistes de l’opposition s’en donnent à cœur joie, en décrivant « un virus qui craint plus criminel et meurtrier que lui ». Suite à l’augmentation du nombre de cas dans le nord et l’est de la Syrie, l’Administration autonome a décidé le confinement dans les régions de Qamishlo, Hassakê et Raqqa. Une nouvelle épreuve pour un pays en ruine.

En Jordanie, la flambée s’accompagne de troubles politiques majeurs

Le Royaume hachémite vit actuellement une période particulièrement trouble de son histoire. Accusé de menacer la sécurité du pays, le demi-frère du roi Abdallah II, le prince Hamza, a été assigné à résidence samedi dans son palais, tandis qu'une quinzaine d'autres personnes ont été arrêtées. Une situation qui intervient au moment où le Royaume fait face à une augmentation des décès liés à la maladie. Si les mesures mises en place ont permis une diminution des cas depuis plusieurs jours, le pays reste marqué par un scandale sanitaire majeur : le mois dernier, sept patients sont morts du Covid-19 suite à une panne d’oxygène. Une situation qui a conduit à la démission du Ministre de la Santé.

En Iran, un variant britannique devenu majoritaire

C’est sans doute en Iran que la situation sanitaire semble la plus préoccupante dans cette région du monde. Deuxième pays à avoir été touché par l’épidémie après la Chine, l’Iran affiche un bilan (probablement sous-évalué) de 64 000 morts.

La hausse alarmante des infections de ces derniers jours est notamment due aux deux semaines de vacances à l’occasion du Nouvel An iranien (le 20 mars), pendant lesquelles de nombreux Iraniens ont voyagé et se sont retrouvés en famille, accélérant la propagation du virus. Pendant cette période, très peu de restrictions de voyage ont été mises en place, et souvent tardivement, ce qui a même fait réagir le ministre de la santé. D’après les autorités sanitaires iraniennes, le variant britannique serait notamment devenu majoritaire à Téhéran. D’après un médecin, cité par Le Monde, « à Téhéran, par exemple, jamais il n’y a eu autant de contaminations au Covid-19.
Les hôpitaux publics sont pleins et les services d’urgence n’ont plus de place. Parfois, les patients sont soignés à même le sol ou attendent des jours pour avoir un lit. » Face à une situation désastreuse, l'Iran a imposé samedi un confinement de 10 jours sur la majeure partie de son territoire pour freiner la propagation du virus.

C.H.

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