
La population étudiée se compose de 1 090 professionnels de santé (âge moyen 41,9 ± 12,2 ans ; femmes : 60,7 % ; non-Blancs : 53,3 %) recrutés dans un grand centre hospitalo-universitaire en Californie du sud et tous candidats à la vaccination contre la Covid-19 au moyen d’un vaccin à mARN, en l’occurrence le BNT162b2 (Pfizer–BioNTech). Au sein de cette cohorte, ont été distingués deux sous-groupes : dans l’un (n = 35), les participants avaient été préalablement atteints de la Covid-19, alors que, dans l’autre (n = 228), il n’existait aucun antécédent de ce type. Ces derniers ont reçu deux doses du vaccin, espacées de trois semaines, tandis que les premiers n’ont reçu qu’une dose.
Immunité humorale apparemment optimale avec une dose unique en cas de Covid-19 antérieure
Les concentrations sériques d’anticorps IgG neutralisants, dirigés contre le domaine RBD de la protéine spike virale (IgG [S-RBD]), ont été systématiquement dosées à intervalles réguliers au cours des trois semaines qui ont suivi les injections dans les deux groupes. La comparaison des courbes sériques correspondantes et des taux d’anticorps IgG [S-RBD] n’a révélé aucune différence intergroupe significative.Si l’on se fixe un seuil quantitatif > 4 160 UA ml−1 pour ces concentrations -lequel correspond à une immunité jugée optimale in vitro à partir du test de séroneutralisation par réduction des plaques- il s’avère qu’il a été atteint moins fréquemment dans le groupe des patients infectés et vaccinés avec un dose unique (p < 0,001 versus l’autre groupe). Ce critère d’efficacité est cependant secondaire par rapport à l’évaluation de la réponse immunitaire humorale précédemment évoqvitrouée qui a par ailleurs été complétée par une étude de la neutralisation du récepteur ACE2 par ces anticorps : aucune différence n’a été corrélée au nombre de doses administrées, certains participants déjà infectés ayant bénéficié finalement de la vaccination en deux temps.
Cette étude de cohorte a le mérite de porter sur un effectif conséquent plutôt hétérogène quant aux stratégies vaccinales adoptées en fonction de l’exposition antérieure éventuelle à la Covid-19. Les résultats tendent à conforter le choix d’ores et déjà effectué par certaines autorités sanitaires : en cas d’antécédent confirmé de de la maladie, une dose unique de vaccin à ARN semble suffisante pour déclencher une réponse immunitaire humorale qui équivaut à celle obtenue avec deux injections chez des sujets qui n’ont jamais été exposés au SARS-CoV-2. Parmi les limites de cette étude, il faut souligner la durée de la période d’observation post-vaccinale qui n’excède pas trois semaines et qui pose la question de la durée de la protection conférée par le vaccin.
Dr Philippe Tellier