Troisième cause de décès aux Etats-Unis en 2020 ? La Covid-19…
Aux Etats-Unis, les statistiques de mortalité sont
habituellement fournies une fois par an mais la pandémie de
Covid-19 a montré qu’il était nécessaire de changer de rythme. Le
système national des statistiques de l'état civil (NVSS,
National Vital Statistics System) recueille, traite et
diffuse les informations dérivées des certificats de décès déposés
dans les 50 états des Etats-Unis et le district de Columbia. Les
causes de décès sur ces certificats sont codées selon la «
Classification statistique internationale des maladies et des
problèmes de santé connexes », publiée et régulièrement mise à
jour par l’OMS. Sachant que les données définitives sur la
mortalité sont disponibles seulement environ 11 mois après la fin
de l'année, les statistiques de mortalité présentées par
anticipation pour le suivi de l’épidémie de Covid-19 correspondent
donc aux données provisoires.
Que disent les chiffres ? Pour 2020, ils révèlent une augmentation
de 17,7 % du nombre de décès (l'augmentation du taux ajusté selon
l'âge étant de 15,9 %) par rapport à 2019 (3 358 814 en 2020 pour 2
854 838 en 2019). Il existe une saisonnalité régissant le nombre de
décès tout au long de l'année, le nombre de décès étant plus élevé
en hiver et plus faible en été : habituellement plus élevé au cours
des semaines 1 à 10 et des semaines 35 à 52, qu'au cours des
semaines 25 à 34. Pour 2020, la majoration du nombre de décès s'est
produite en 3 vagues distinctes qui ont culminé au cours des
semaines 15 (6/12 avril), 30 (20/26 juillet) et 52 (21/27
décembre), seule la dernière vague correspondant à une saisonnalité
habituelle.
Responsable de l’augmentation du nombre de décès entre 2019 et
2020
Le classement provisoire des principales causes de décès pour
2020 indique par ailleurs que la Covid-19 apparaît comme la
troisième cause de décès derrière les maladies cardiaques et le
cancer, étant en grande partie responsable de l'augmentation
substantielle du nombre total de décès entre 2019 et 2020.
Plusieurs autres causes majeures ont eu une majoration de leur
incidence : les décès dus aux maladies cardiaques, les blessures
non intentionnelles (11,1 %), la maladie d'Alzheimer (9,8 %) et le
diabète (15,4 %). Les décès dus à la grippe et aux pneumopathies
ont augmenté de 7,5 %, bien que le nombre de décès soit plus faible
en 2020 qu'en 2017 et 2018. A l’inverse, les décès dus aux maladies
respiratoires chroniques ont diminué de 3,4 % et ceux par suicide
de 5,6 %.
Ainsi, ces données, bien que provisoires, montrent que la pandémie
de Covid-19 a considérablement affecté le « spectre » de la
mortalité en 2020. La majeure partie de l'augmentation des décès
entre 2019 et 2020 a été directement attribuée au Covid-19.
Cependant, des augmentations ont également été notées pour d’autres
causes de décès. Peut-être que certaines de ces inflations
pourraient s’expliquer par une sous-déclaration des cas de
Covid-19, liée à la faible utilisation des tests en début de
pandémie ? De plus, en ce qui concerne les maladies cardiaques, la
maladie d'Alzheimer et le diabète, il est possible que la
modification de leur incidence reflète les perturbations du système
de santé en 2020, et l’altération de la détection et de la gestion
précoce des pathologies autres que la Covid-19. D’après des calculs
récents, les premières estimations de l'espérance de vie à la
naissance pour les enfants nés en 2020 montrent des baisses
historiques non observées depuis la seconde guerre mondiale, et il
est probable que cette empreinte marque également les chiffres de
2021. Difficile, même pour les spécialistes, de déterminer
précisément quelles dynamiques vont pouvoir générer dans les mois à
venir les options de détection, de prévention et de traitement
actuellement adoptées, ainsi que le développement de l'immunité
naturelle des populations.
Ces statistiques sont à prendre avec la plus grande prudence. Ainsi l'augmentation de la mortalité attribuable à la grippe et aux pneumonies de 7,5% est invraisemblable, car il n'y a pratiquement pas eu de grippe en 2020 ; l'épidémie de 2019 s'est achevée en février 2020 avec une mortalité très faible par rapport à l'année précédente et l'hiver 2020-2021 n'a pas connu d'épidémie de grippe, probablement à cause d'une compétition entre le Sars-Cov 2 et les virus grippaux.