Ordre, tarifs indignes, sur-médicalisation : les psychologues laissent éclater leur colère
Paris, le jeudi 10 juin 2021 - L’enfer est pavé de bonnes
intentions. La sentence pourrait être une de celles clamées
aujourd’hui par les étudiants en psychologie et les psychologues
qui sont appelés à manifester, notamment par l'UFMICT-CGT (Union
fédérale Médecins, ingénieurs, cadres, techniciens) et la
Fédération française des psychologues et de psychologie
(FFPP).
Des tarifs indignes
Considérons le « Forfait psy » annoncé par Emmanuel
Macron pour, en cette période de pandémie, permettre aux plus
jeunes d’accéder à des consultations de psychologues remboursées,
qui fait écho à la recommandation de la Cour des Comptes d’élargir
ce type de dispositif à l’ensemble de la population et alors que
des expérimentations ont déjà été lancées. Comment ne pas y voir
une bonne initiative, signal d’une meilleure prise en considération
de l’importance de la prise en charge de la souffrance psychique
?
Pourtant, les psychologues sont, pour beaucoup, plus que
circonspects vis-à-vis de ce système.
La première critique concerne l’obligation d’une prescription
médicale. « Tout est médicalisé. On part du principe qu'il faut
forcement avoir un diagnostic pour consulter un psy. Cela met la
personne dans une posture où elle est malade », déplore, citée
par France 3, Stéphanie Bertholon-Alagnet. Au-delà, c’est la perte
d’indépendance des psychologues qui est déplorée.
Deuxième critique : les tarifs. La prise en charge par la Sécurité
sociale repose en effet sur l’application d’un tarif de 30 euros
dans le cadre du Forfait psy étudiant et de 22 euros en ce qui
concerne d’autres dispositifs en projet. Des tarifs qui
méconnaissent, totalement la réalité des soins, déplore Ali
Karaüzüm. « Habituellement un psychologue libéral facture ses
consultations entre 50 et 100 euros. Avec 22 euros, une fois les
charges passées, il ne lui reste que 7 à 10 euros, c’est moins que
le smic alors qu’on fait 5 ans d’étude minimum ».
Un Ordre qui ne veut pas que du bien ?
La fixation de tels tarifs et de cette procédure sans
concertation avec les représentants des psychologues ne peut
qu’accroître l’impression d’un mépris des pouvoirs publics éprouvée
par un grand nombre de ces professionnels.
Un autre exemple récent est la proposition de loi défendue par
le député Julien Aubert, visant à mettre en place un Ordre des
psychologues, afin d’harmoniser les conditions d’exercice et la
définition du terme de psychologue alors qu’existerait un «
grand flou ». « Le but de cette loi est d'établir des
règles communes », défend le député, évoquant notamment la
pluralité des formations. Mais, regrettant l’absence de tout
dialogue, des psychologues s’opposent à une telle instance, et
soulignent l’existence d’une charte. Il n’est pas impossible qu’une
telle objection conforte le député et ses partisans quant au
bien-fondé de son action.
Des psychologues s’inquiètent par ailleurs d’une autre
disposition de la proposition de loi visant à réunir tous les
ordres représentant des professions de santé en une seule. Or, les
psychologues soulignent que leur profession « regroupe de
nombreuses disciplines qui font la richesse et la spécificité de
[leur] métier ». La psychologie « est composée
d'universitaires et de chercheurs travaillant dans des domaines
très diversifiés sur des modélisations, des outils ou l'observation
des processus psychologiques dans les champs du social, de la
clinique, du psychopathologique, du développement, de la
neurobiologie et de la psychologie différentielle ou expérimentale,
à l'échelle individuelle comme collective », explique une
pétition hostile à ce qu’elle pressent comme un enfermement dans le
champ médical. « Nous ne sommes pas des professionnels de
santé », insiste encore dans le Figaro Catherine
Reichert, psychologue clinicienne et psychothérapeute à l'hôpital
Necker-Enfants malades. « C'est vraiment la limite de cette loi
: nous sommes des experts du psychisme venant des sciences humaines
et sociales ».
Forts de leurs différentes revendications et alors que les
psychologues de la fonction publique dénonceront également pour
leur part la faiblesse de leur rémunération, les manifestants
espèrent pouvoir être rapidement reçus par Olivier Véran.
Si les psychologues ne souhaitent pas être professionnels de santé, alors une prise en charge par la Sécu n'a pas lieu d'être !
Dr Jean-Bernard Bonte
Libéralisme ?
Le 13 juin 2021
Pourquoi s'étonner ? Le corps médical libéral français (dans son ensemble) est le plus maltraité en Europe.
Dr Alexandre Krivitzky
Entre 50 et 100 € !
Le 14 juin 2021
Voir les psychologues revendiquer 50 à 100 euros la consultation me laisse pantois. Voir "tarif indigne" en gros titre est injustifié! 22 euros, cela me semble déja beaucoup, vous n'êtes pas médecins et de très loin, c'est la stricte réalité. Voulez-vous gagner autant qu'un cardiologue? Les charges sont communes à toutes les professions libérales.