Refus de soins « discriminatoire » : 209 signalements en 2020

Paris, le mercredi 7 juillet 2020 – Selon le rapport d’activité de médiation de l’Assurance maladie, le nombre de cas de médecins refusant de soigner des personnes bénéficiant d’aides totale ou partielle à la complémentaire santé est en baisse.

C’est une usine à gaz qui provoque parfois des frictions entre les professionnels de santé et les patients. Les dispositifs permettant aux personnes les plus démunis de pouvoir être soignés sans bourse délié auprès de professionnels de santé libéraux pratiquant les dépassements d’honoraire sont nombreux. A coté de la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) et de l’ACS (aide au paiement d’une complémentaire santé), qui ont fusionné le 1er novembre 2019 dans la C2S (complémentaire santé solidaire), on trouve également l’AME (Aide médicale d’Etat), réservée aux étrangers en situation irrégulière.

Les chirurgiens-dentistes, profession la plus mise en cause

En principe, les médecins libéraux ont l’obligation légale de prendre en charge les patients bénéficiant de ces aides en pratiquant le tiers payant intégral (TPI). Mais il arrive que des praticiens refusent de se soumettre à cette réglementation : on parle alors de « refus de soins discriminatoire ». L’appellation « refus de soins » ne doit pas être prise au pied de la lettre puisqu’elle comprend non seulement le refus de soigner le patient stricto sensu mais également le refus de pratiquer le TPI ou le fait de pratiquer des dépassements d’honoraires.

Depuis 2008, les patients bénéficiaires de la C2S ou de l’AME estimant avoir subi un refus de soins peuvent saisir les médiateurs de l’Assurance maladie. En 2020, les médiateurs ont recensé 209 signalements, soit une baisse de 58 % par rapport à 2019 (501 signalements). Cette baisse doit cependant en grande partie être due à la chute de fréquentation des cabinets de ville lors du premier confinement. Dans 49 % des cas, ce « refus de soin » correspond à un refus, pour le praticien, de pratiquer le TPI. Les chirurgiens-dentistes sont logiquement (du fait de leurs honoraires parfois importants) ceux qui font l’objet du plus grand nombre de signalements (61 cas) alors que les gynécologues (5 cas) et les dermatologues (7 cas) sont rarement mis en cause.

Un système de médiation efficace

Une fois le signalement opéré, le premier travail du médiateur est de vérifier si le refus de soin est caractérisé, c’est-à-dire si le praticien a effectivement manqué à son obligation de prendre en charge le patient bénéficiant de la C2S ou de l’AME. Au total, 133 signalements sur les 209 (63 %) se sont révélés caractérisés. Commence alors le véritable travail de médiation, où le médiateur doit tenter de parvenir à un accord entre le patient et le médecin. Un accord qui est obtenu dans 86 % des cas (114 signalements sur 133). Cet accord consiste généralement soit en la prise d’un nouveau rendez-vous, soit dans le remboursement par le médecin du dépassement d’honoraire indument facturé. Un chirurgien a ainsi remboursé 281 euros à l’un de ses patients pour une opération de la cataracte à l’issue d’une médiation.

19 signalements seulement pour toute la France n’ont donc abouti à aucun accord. Dans ce cas, le patient a la possibilité de saisir le Conseil de l’Ordre dont relève le praticien. Seulement deux plaintes sur ce fondement ont été déposés en 2020. Le système de médiation semble donc globalement porter ses fruits. Pourtant, le gouvernement a tout de même pris le soin de mettre en place une procédure parallèle de conciliation, applicable depuis le 5 janvier dernier, faisant intervenir des « commissions mixtes de conciliation ». Une procédure qui se rajoute donc à la médiation ! L’esprit de complexité de l’administration française dépasse parfois les limites.

Nicolas Barbet

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