Refus de soins et dépassement d’honoraires abusifs : nouvelle procédure, nouvelles sanctions

Paris, le mardi 6 octobre 2020 – En application de la loi HPST, connue parfois sous le nom de loi Bachelot, le Premier ministre a signé un décret publié au Journal Officiel qui crée une nouvelle « procédure de conciliation » et des nouvelles sanctions « en cas de refus de soins discriminatoire pratiqué par un professionnel de santé » et de dépassements d’honoraires abusifs ou illégaux.

Refus de soins discriminatoires : qu’est-ce que c’est ?

Le texte rappelle que le « refus de soins discriminatoire » correspond à « toute pratique tendant à empêcher ou dissuader une personne d’accéder à des mesures de prévention ou de soins, par quelque procédé que ce soit et notamment par des obstacles mis à l’accès effectif au professionnel de santé ou au bénéfice des conditions normales de prise en charge financière des actes, prestations et produits de santé », pour l’un des motifs de discrimination mentionnés par la loi pénale* ou parce que cette personne bénéficie du droit à la protection complémentaire en matière de santé (anciennement CMU).

La personne qui s’estime victime d’un refus de soins discriminatoire pourra désormais directement saisir le directeur de l’organisme local d’assurance maladie ou le président du conseil de l’ordre professionnel.

Une commission mixte de conciliation sera alors compétente qui sera composée de deux représentants de l’organisme local d’assurance maladie et de deux membres représentant le conseil compétent de l’ordre au tableau duquel le professionnel de santé est inscrit.

Jusqu’à 6 856 euros d’amende pour refus de soins

En cas d’absence de conciliation, le professionnel sera traduit devant son Ordre et pour ce qui concerne le refus d’accès aux soins, le professionnel sera passible d’une amende de 6856 euros, soit deux fois le plafond mensuel de la sécurité sociale. En cas de dépassements d’honoraire abusifs, le professionnel de santé est passible d’une amende égale à « deux fois le montant des dépassements facturés ». En cas de récidive, dans un délai de six ans pour les refus de soins et de trois ans pour les dépassements d’honoraires « les professionnels de santé peuvent encourir de nouvelles sanctions : le retrait du droit à dépassement pour une durée maximum de trois ans, la suspension de la participation au financement des cotisations sociales pour une durée maximum de trois ans ».

* Article 225-1 du Code pénal : « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de la particulière vulnérabilité résultant de leur situation économique, apparente ou connue de son auteur, de leur patronyme, de leur lieu de résidence, de leur état de santé, de leur perte d'autonomie, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur capacité à s'exprimer dans une langue autre que le français, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une Nation, une prétendue race ou une religion déterminée ».

X.B.

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Vos réactions (3)

  • 28 millions de rendez vous non honorés

    Le 06 octobre 2020

    Est il prévu dans la loi de responsabiliser les patients ? 28 millions de rendez vous non honorés par an à cause des absences non excusées de patients incapables de gérer leurs rendez vous, c'est 28 millions de refus de soins potentiels à d'autres patients qui attendent parfois longtemps ces même rendez vous...quand va t-on donc punir les patients qui ne viennent pas à leurs rendez vous ? Ras le bol d'être toujours ceux qui sont montrés du doigt ! Je demande l'autorisation légale de refuser de donner des soins à celui qui me plante un rendez vous sans s'en excuser ...serais je puni ?

    Dr Philippe Pizzuti

  • Quand nos actes seront ils payés à leur juste prix?

    Le 11 octobre 2020

    Petit exemple, pour l'ablation d'un grain de beauté la sécu rembourse globalement 50€. Le matériel nécessaire pour retirer la lésion (fils de suture, pansements, compressés, stérilisation, etc...) coûte 38€ sans tenir compte du coût du cabinet, de l'amortissements du cabinet, du coût de l'assistante etc... À ce moment je travaille à perte si je pratique le tarif opposable. C'est bien gentil de vouloir nous sanctionner pour les dépassements d'honoraires abusif (qui va estimer cela? sur quelles base? rien n est évoqué) mais il faudrait déjà que la base de remboursement soit cohérente avec la réalité de notre pratique et notre temps.

    Dr Massimo Gianfermi

  • Pas Venu(e)s - Pas Prévenu(e)s

    Le 11 octobre 2020

    Ils représentaient, en 2018, 20% de ma liste de consultation hospitalière (chirurgie pédiatrique) : noté(e)s PVPP, "No Show" avec les implications surlignées par le Dr Pizzuti : A SANCTIONNER.

    "Dépassement d’honoraires abusifs" : On ne peut en nier l'existence puis les dénoncer : Question de crédibilité. Je suis conscient qu'étant hospitalier exclusif sans la moindre activité libérale, je ne suis pas le mieux placer pour me positionner.
    A rapprocher de la "restructuration" des échelons et grilles ?

    Dr JP Bonnet

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