La Syrie reste sous perfusion humanitaire

Adana, le lundi 12 juillet 2021 – Le Conseil de Sécurité de l’ONU a voté ce vendredi le maintien de l’aide humanitaire internationale pour la Syrie, un pays que dix ans de guerre ont plongé dans une situation humanitaire catastrophique.

Près de 500 000 morts, des millions de réfugiés et de sans-abris : la guerre civile qui dure depuis plus de 10 ans en Syrie a mis le pays dans une situation humanitaire et sanitaire catastrophique. Alors que les forces rebelles ne contrôlent désormais qu’une petite poche de résistance autour d’Idlib dans le nord-ouest du pays et que la victoire du régime de Bachar Al-Assad semble proche, les organisations internationales estiment que 75 % de la population syrienne est dans une situation dite de détresse humanitaire et qu’un enfant sur trois souffre de malnutrition. Dans les camps de réfugiés de Syrie, du Liban et de Turquie, où s’entassent des centaines de milliers de personnes, le manque de nourriture, d’eau potable et de médicaments est criant et la situation propice aux épidémies.

Un seul couloir humanitaire encore en service

Une grande partie de la population syrienne ne survit que grâce à l’aide humanitaire internationale. Depuis l’adoption d’une résolution en ce sens par le Conseil de Sécurité de l’ONU le 14 juillet 2014, cette aide est directement acheminée via les frontières syriennes sans passer par Damas et par le gouvernement syrien. Mais la Russie, alliée de Bachar Al-Assad dans sa guerre contre la rébellion, s’est toujours opposée à ce mécanisme. Sous la pression des bombardements russes, le nombre de points de passage de l’aide humanitaire est passé de quatre à seulement un seul, celui de Bab Al-Hawa.

Aujourd’hui, Bab Al-Hawa à la frontière turco-syrienne voit circuler près de 1 000 camions affrétés par les agences humanitaires de l’ONU et par des ONG. Le maintien de ce point est vital pour les 2,8 millions de personnes qui vivent dans la poche d’Idlib et qui subissent les bombardements des avions du régime.

Compromis entre les Etats-Unis et la Russie

Ces derniers jours, le Conseil de Sécurité de l’ONU discutait justement de la possible fermeture de ce point de passage. La Russie souhaite en effet mettre fin au mécanisme mis en place en 2014, afin que l’aide humanitaire internationale passe par Damas. Hors de question pour les docteurs Ziad Alissa et Raphael Pitti, membres de l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM). Dans une tribune publiée dans le Monde ce jeudi, les deux médecins humanitaires expliquent que si Bab Al-Hawa était fermé, les habitants de la poche d’Idlib seraient à la merci du régime, qui pourrait très bien cesser toute aide humanitaire et affamer la population jusqu’à sa reddition.

Ce vendredi, le Conseil de Sécurité a donc finalement voté son maintien. Un vote qui constitue un compromis entre la Russie et les Etats-Unis, qui demandaient la réouverture des trois points fermés en 2020. Le maintien du corridor humanitaire a été voté pour un an, mais la Russie a obtenu un potentiel réexamen de la question dans six mois, selon le sens d’un rapport qui doit être élaboré par le secrétaire général de l’ONU.

Une décision qui est loin de satisfaire les organisations humanitaires, qui déplorent que les pays Occidentaux cèdent aux demandes de la Russie. « On montre la faiblesse du monde occidental face à Poutine, on est véritablement devant un diktat russe et c’est lui qui fait la loi » a déploré Raphael Pitti sur les antennes de France Inter.

Quentin Haroche

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