
Actuellement, les effets indésirables de la chimiothérapie
sont rapportés par le patient lui-même, s’il estime qu’ils sont
suffisamment graves pour être signalés.
L’incertitude, les retards de signalement et l’impossibilité
de joindre rapidement l’équipe soignante peuvent être à l’origine
de retards de prise en charge. Cela nuit à l’observance, altère la
qualité de vie du patient, augmente le recours aux soins et la
mortalité.
Questionnaire quotidien sur les 10 symptômes les plus courants durant la chimiothérapie
Une équipe européenne a testé l’efficacité d’un système de
suivi à distance des effets indésirables, l’ASyMS (Advanced
Symptom Management System). Plus de 800 patients traités par
chimiothérapie de première ligne pour un cancer du sein non
métastatique, un cancer colorectal, un lymphome d’Hodgkin ou un
lymphome non Hodgkinien ont été inclus. Les uns (n = 415) avaient à
leur disposition l’application ASyMS, les autres (n = 414)
rapportaient les effets indésirables de façon
classique.
Les premiers devaient remplir quotidiennement, sur leur
téléphone portable, un questionnaire les interrogeant sur les 10
symptômes les plus courants pendant la chimiothérapie, et
renseigner leur température. Les informations en temps réel étaient
envoyées par une connexion sécurisée et traitées selon un
algorithme générant, en cas de symptôme préoccupant, deux types
d’alerte envoyés à l’équipe soignante. Une alerte orange implique
que le patient doit être vu dans les 8 heures, une alerte rouge
devant être traitée dans les 30 minutes. L’étude a été menée
pendant 6 cycles de chimiothérapie.
Diminution du stress et amélioration de l’utilisation des soins de support
Les résultats sont concluants, et l’étude montre un contrôle
efficace des effets indésirables pour les patients bénéficiant du
dispositif de suivi à distance, avec une réduction significative du
fardeau que constituent les effets secondaires. Cela se traduit par
une diminution du stress et des symptômes psychologiques, une
amélioration de la qualité de vie et une meilleure utilisation des
soins de support. Les bénéfices du dispositif de suivi à distance
apparaissent dès les premiers cycles de chimiothérapie et se
poursuivent dans le temps, ce qui indique qu’il doit être mis en
place dès le début du traitement. Notons enfin que l’adhésion des
patients et des soignants est très bonne.
Dr Roseline Péluchon