A l’hôpital, le pass sanitaire tout en souplesse

Paris, le mercredi 11 août 2021 – Les banderoles se font écho à travers toute la France. A Lille, Toulon et dans quelques autres CHU de France, les patients et visiteurs sont accueillis depuis lundi par le même message : « Ne renoncez pas à vous faire soigner ». La préconisation est révélatrice de la crainte partagée par un grand nombre de praticiens quant aux conséquences possiblement délétères de l’application du pass sanitaire aux soins programmés dans les hôpitaux. Beaucoup redoutent en effet de nombreuses annulations de rendez-vous et de nouveaux retards de prise en charge et de suivi fortement dommageables. Ces banderoles insistent par ailleurs sur le fait que la priorité des équipes demeurera toujours de garantir l’accès aux soins. D’ailleurs, les établissements savent qu’ils peuvent se prévaloir du soutien de l’Ordre des médecins qui a une fois encore rappelé après la validation du pass sanitaire à l’hôpital par le Conseil constitutionnel : « Les médecins, pour leur part, continueront de remplir leur mission de service public, qui est de soigner tous leurs patients, sans distinction ». D’ailleurs, même le Conseil constitutionnel a reconnu que la décision finale de requérir la présentation d’un pass sanitaire appartenait aux soignants.

Pédagogie

C’est dans cet état d’esprit que l’entrée en vigueur de l’élargissement du champ d’application du pass sanitaire est marquée par la plus grande des souplesses à l’hôpital. De l’Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP) à la cité phocéenne en passant par Toulouse, Lille ou Bordeaux, on a fait le choix de la pédagogie pour cette première semaine, d’autant plus qu’en cette période estivale, les consultations sont un peu moins nombreuses. « Aujourd'hui, tous les patients entrent à l'hôpital comme prévu, même en absence de passe sanitaire, mais on leur explique quelles sont les règles qui entrent en vigueur » a par exemple expliqué Marion Bousquié, directrice de l'hôpital Ambroise-Paré (Assistance publique - Hôpitaux de Paris). Cette opération pédagogique repose sur le déploiement de dizaine de médiateurs dans tous les hôpitaux franciliens, tandis que beaucoup d’établissements dans toute la France ont prévu l’installation de tentes pour permettre aux patients et aux visiteurs de réaliser des tests antigéniques.

Des exceptions multiples

Si en dépit de cette tolérance quelques grincements n’ont pas pu être évités (émanant notamment d’accompagnateurs qui n’ont pas toujours bénéficié de la même souplesse que les patients), pour les semaines qui viennent, les hôpitaux ne devraient pas renoncer à leur grande souplesse. Les exceptions d’application du pass sont en effet nombreuses : elles concernent les urgences et la visite aux personnes en fin de vie, mais également les personnes en situation de handicap et dites « précaires » ainsi que leurs accompagnants. Par ailleurs, comme le répète le Conseil national des gynécologues obstétriciens français, les femmes enceintes suivies à l’hôpital ne sont également pas concernées par le pass sanitaire et pourront donc, quel que soit leur statut virologique ou vaccinal, continuer à suivre leur programme de suivi prénatal. A l’ensemble de ces situations, s’ajoute également la possibilité pour les chefs de service de définir d’autres exceptions, comme l’a expliqué le ministre de la Santé, qui a encore rappelé que les soins de ville n’étaient pas soumis au pass sanitaire. Ainsi, on le voit, même après la période actuelle d’explication et de souplesse, les hôpitaux devraient encore continuer longtemps à procéder à une application au « cas par cas ».

Une obligation vaccinale anticipée ?

Cependant, même dans ces conditions, le principe même du pass sanitaire à l’hôpital continue à être fortement discuté. Il attise ainsi la colère de certains professionnels de santé, déjà opposés à l’obligation vaccinale qui les concernera à parti de la mi-septembre. Avant même cette échéance, le pass sanitaire s’applique pour tous les personnels des établissements, ce qui ne manque pas de faire grincer des dents. Pour les personnels non vaccinés, cela suppose en effet des tests répétés toutes les 72 heures. Alors qu’un vent de contestation a commencé à souffler, l’AP-HP a voulu se montrer rassurante en expliquant que les procédure seraient simplifiées grâce à un site internet où il sera possible de réactualiser rapidement son statut. « Il incombe au professionnel de justifier de son statut en transmettant les documents nécessaires à son employeur. Les vérifications se feront dans l’unité d’exercice. A défaut d’un justificatif valide, des tests antigéniques seront organisés dans un lieu défini sur chaque site » détaille encore un document dont des extraits ont été révélés par Libération. Insuffisant on s’en doute pour apaiser tous les esprits, alors que de nouveaux rassemblements de professionnels de santé hostiles à la vaccination obligatoire des soignants étaient organisés hier à Paris et à Marseille.

Aurélie Haroche

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