
Pédagogie
C’est dans cet état d’esprit que l’entrée en vigueur de
l’élargissement du champ d’application du pass sanitaire est
marquée par la plus grande des souplesses à l’hôpital. De
l’Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP) à la cité
phocéenne en passant par Toulouse, Lille ou Bordeaux, on a fait le
choix de la pédagogie pour cette première semaine, d’autant plus
qu’en cette période estivale, les consultations sont un peu moins
nombreuses. « Aujourd'hui, tous les patients entrent à l'hôpital
comme prévu, même en absence de passe sanitaire, mais on leur
explique quelles sont les règles qui entrent en vigueur » a par
exemple expliqué Marion Bousquié, directrice de l'hôpital
Ambroise-Paré (Assistance publique - Hôpitaux de Paris). Cette
opération pédagogique repose sur le déploiement de dizaine de
médiateurs dans tous les hôpitaux franciliens, tandis que beaucoup
d’établissements dans toute la France ont prévu l’installation de
tentes pour permettre aux patients et aux visiteurs de réaliser des
tests antigéniques.
Des exceptions multiples
Si en dépit de cette tolérance quelques grincements n’ont pas pu
être évités (émanant notamment d’accompagnateurs qui n’ont pas
toujours bénéficié de la même souplesse que les patients), pour les
semaines qui viennent, les hôpitaux ne devraient pas renoncer à
leur grande souplesse. Les exceptions d’application du pass sont en
effet nombreuses : elles concernent les urgences et la visite aux
personnes en fin de vie, mais également les personnes en situation
de handicap et dites « précaires » ainsi que leurs
accompagnants. Par ailleurs, comme le répète le Conseil national
des gynécologues obstétriciens français, les femmes enceintes
suivies à l’hôpital ne sont également pas concernées par le pass
sanitaire et pourront donc, quel que soit leur statut virologique
ou vaccinal, continuer à suivre leur programme de suivi prénatal. A
l’ensemble de ces situations, s’ajoute également la possibilité
pour les chefs de service de définir d’autres exceptions, comme l’a
expliqué le ministre de la Santé, qui a encore rappelé que les
soins de ville n’étaient pas soumis au pass sanitaire. Ainsi, on le
voit, même après la période actuelle d’explication et de souplesse,
les hôpitaux devraient encore continuer longtemps à procéder à une
application au « cas par cas ».
Une obligation vaccinale anticipée ?
Cependant, même dans ces conditions, le principe même du pass sanitaire à l’hôpital continue à être fortement discuté. Il attise ainsi la colère de certains professionnels de santé, déjà opposés à l’obligation vaccinale qui les concernera à parti de la mi-septembre. Avant même cette échéance, le pass sanitaire s’applique pour tous les personnels des établissements, ce qui ne manque pas de faire grincer des dents. Pour les personnels non vaccinés, cela suppose en effet des tests répétés toutes les 72 heures. Alors qu’un vent de contestation a commencé à souffler, l’AP-HP a voulu se montrer rassurante en expliquant que les procédure seraient simplifiées grâce à un site internet où il sera possible de réactualiser rapidement son statut. « Il incombe au professionnel de justifier de son statut en transmettant les documents nécessaires à son employeur. Les vérifications se feront dans l’unité d’exercice. A défaut d’un justificatif valide, des tests antigéniques seront organisés dans un lieu défini sur chaque site » détaille encore un document dont des extraits ont été révélés par Libération. Insuffisant on s’en doute pour apaiser tous les esprits, alors que de nouveaux rassemblements de professionnels de santé hostiles à la vaccination obligatoire des soignants étaient organisés hier à Paris et à Marseille.Aurélie Haroche