
Des arguments contraires, une expérience édifiante
Dans le débat sur la vaccination obligatoire, les limites logistiques et juridiques s’ajoutent à des considérations éthiques qui concernent la question du consentement et de l’autodétermination mais également la légitimité d’imposer un vaccin qui n’offre pas une protection à 100 % contre la transmission. Cependant, a contrario, la situation catastrophique actuelle aux Antilles est un plaidoyer grandeur nature en faveur de la vaccination, soutenant potentiellement la pertinence de sa large imposition. Quel regard les professionnels de santé portent-ils sur un tel débat ?Même position chez les Français et les professionnels de santé

L’obligation vaccinale n’a jamais été un tabou chez les professionnels de santé
A contrario, la proportion de professionnels de santé s’opposant à toute forme d’obligation est de 26 %. En effet, outre les 51 % de répondeurs pour une vaccination obligatoire en population générale, 7 % plébisciteraient une vaccination systématique des professionnels en rapport avec le public et 15 % des professionnels et des sujets à risque. Ainsi, au total, 73 % des participants au sondage approuvent une forme d’obligation. Outre la perception de la gravité de la situation par les soignants, ces résultats rappellent comment l’obligation vaccinale est généralement perçue comme une méthode légitime. Ainsi, par le passé, se sont-ils montrés favorables à l’obligation vaccinale contre la grippe, à l’extension des obligations vaccinales concernant les nourrissons, tandis qu’ils étaient avant cette mesure favorable à une immunisation imposée contre la rougeole, les oreillons et la rubéole.Une infirmière sur deux hostile à toute forme de contrainte
Cependant, sans surprise, des différences très nettes sont constatées en fonction des métiers. Ainsi, seuls 28 % des infirmières se prononcent en faveur d’une obligation vaccinale de tous les adultes (et 16 % dès 12 ans), quand 53 % sont opposées à toute forme d’obligation. Chez les médecins, au contraire, 18 % refusent l’idée d’une quelconque obligation, mais 56 % approuveraient une vaccination imposée de tous les adultes. Ces disparités sont systématiquement constatées dans ce type de consultation. Les réactions de nos lecteurs laissent deviner que l’hostilité des infirmières est notoirement marquée par le rejet de toute forme de contrainte en matière de vaccination ; qu’il s’agisse d’elles-mêmes ou des patients. Défiance quant à l’innocuité à long terme et la parfaite efficacité des produits contre la Covid, inquiétude quant au risque de créer un sentiment de « fausse protection », souhait que soit reconnu le libre choix de chacun : les raisons de cette position sont multiples. Cependant, au-delà de ces différences prévisibles, les résultats de ce sondage montrent que loin d’être convaincue par les réticences juridiques ou éthiques mises en avant par certains, une majorité de professionnels de santé paraît considérer qu’une mesure simple et claire devrait pouvoir s’imposer compte tenu de la situation et de la qualité des vaccins disponible.A.H.