
Il va y avoir du sport
Au-delà de ces règles générales, des dispositions différentes s’appliqueront en fonction des niveaux. Le port du masque, systématique en intérieur dès le niveau 1 à partir de l’école élémentaire, s’imposera ainsi également en extérieur au niveau 3, tandis que les interdictions de brassage seront de plus en plus strictes. Concernant les activités physiques et sportives, elles seront possibles en intérieur jusqu’au niveau 3, à l’exception des sports de contact dès le niveau 2, une évolution du protocole que Jean-Michel Blanquer a relevé comme une marque de son attention portée aux critiques qui lui sont faites. Dans le Monde en effet, plusieurs médecins et épidémiologistes se sont émus la semaine dernière que « le sport en intérieur, activité à haut risque de transmission, reste autorisé jusqu’au « niveau 3 » – qui correspond vraisemblablement à une circulation virale importante – et la distanciation continue d’être promue « lorsqu‘elle est matériellement possible », pendant que des pays comme l’Italie et l’Espagne réduisent les effectifs de leurs classes ».Talon d’Achille ?
Compte tenu de ces réserves, difficile de croire que les timides avancées accordées par le ministre suffisent à rassurer. De fait, l’annonce que la rentrée se ferait au niveau 2 (sauf en Guadeloupe et en Martinique, qui pourraient connaître niveau plus élevé) a fait jaser. L’épidémiologiste Dominique Costagliola (INSERM) s’est ainsi étonné sur Twitter. « Avec ces taux d’incidence chez les 0-19 ans en PACA, la rentrée se fera au niveau 2 vraiment », présentant un tableau où l’on découvre que les taux d’incidence atteignent 312/100 000 chez les 0/9 ans et 818/100 000 entre 10 et 19 ans. De son côté, une directrice d’école en Occitanie, s’étonne dans le Parisien : « Niveau 2 pour toute la métropole alors que les taux d’incidence vont de 56 en Creuse à 680 dans les Bouches-du-Rhône ? Les quatre couleurs sont là pour faire joli, mais le ministère met en place ce qu’il a prévu ». Au-delà beaucoup déplorent qu’aucun seuil d’incidence précis ne soit donné pour conditionner le passage d’un niveau à un autre. Mais Jean-Michel Blanquer assure : « A la Réunion, nous avons pu faire la rentrée au niveau 2 et les retours sont positifs » expliquant encore : « Nous prenons en compte les indicateurs généraux de l'épidémie établis par les autorités de santé, comme le taux d'incidence ou la pression hospitalière, mais aussi des éléments propres à l'Education nationale, comme le taux de vaccination des adultes et des élèves » (même si le ministre l’a martelé le passe sanitaire ne s’imposera nullement à l’école que ce soit pour les professeurs où les enfants). Plus globalement, Jean-Michel Blanquer refuse de reconnaître la pertinence des critiques des auteurs de la tribune publiée dans le Monde, qui redoutent que l’école ne reste le « talon d’Achille » de la lutte contre l’épidémie. Face aux inquiétudes exprimées, qui se fondent notamment sur le fait qu’avec la hausse de l’incidence chez les enfants, le nombre d’hospitalisation a également augmenté chez ces derniers (« 1,2 % des 0-9 ans testés positifs ont été hospitalisés » écrivent-ils), Jean-Michel Blanquer martèle : « Tous les points de vue et toutes les contributions sont utiles et nous les prenons en compte (…). Mais nous assumons aussi de prendre nos responsabilités. Avec le même niveau d'incidence à la rentrée dernière, on déclarait l'état d'urgence sanitaire. Cette fois, nous bénéficions des effets de la vaccination. Une tribune similaire avait été publiée l'année dernière : si je l'avais écoutée, j'aurais reporté la rentrée. Et chacun peut voir aujourd'hui que ça aurait été une grave erreur. Ce texte tente de faire croire que l'école aurait été le talon d'Achille de la gestion de crise, alors qu'elle a été un point fort de la France. (…) Le virus circule dans toutes les tranches d'âge, et les enfants scolarisés n'y échappent pas. Mais il est faux de dire que le milieu scolaire serait plus propice qu'un autre à la diffusion du virus. Le bilan de l'année dernière montre que les établissements ont su faire respecter les gestes barrière et il y aura à présent des campagnes de vaccination. Les enseignants ont été une catégorie socio-professionnelle moins contaminée que les autres. Et, bien entendu, nous restons capables de faire évoluer les choses en fonction de la situation sanitaire générale ».Le test de la réalité
Pourtant, des scientifiques et médecins demeurent inquiets.
Ils déplorent ainsi un manque de volonté politique concernant le
fait de doter tous les établissements de capteurs de CO2
(équipements qui relèvent encore de la responsabilité des
communes). Surtout, alors même qu’il a pu exister entre les
pédiatres et d’autres voix des divergences concernant par exemple
la pertinence de la fermeture des écoles, tous déplorent une
campagne de dépistage trop peu ambitieuse. Tout en annonçant que
les conditions de la gratuité des tests pour les adolescents non
vaccinés (qui en auraient besoin pour certaines sorties) feront
l’objet de précisions cette semaine, Jean-Michel Blanquer signale
que l’objectif de deux autotests par semaine « a été atteint
pour les adultes et il a progressé chez les lycéens. Nous allons
poursuivre cette politique d'autotests, mais dans une stratégie de
ciblage plus que de filet, qui était pertinent pour repérer des
clusters. Dans la situation actuelle, avec un grand nombre de
vaccinés, il faut être capable de tester de manière rapide et
ciblée. Dans le primaire, nous gardons une stratégie de dépistage
massif avec un objectif de 600 000 tests salivaires hebdomadaires.
Un chiffre que nous avions atteint en juin ».
Le fond et la forme
Ainsi, on le mesure, sur le fond, Jean-Michel Blanquer pourrait avoir quelque peu raté sa pré-rentrée. Il n’a guère plus brillé sur la forme : beaucoup de syndicats ont été ulcérés de constater que les détails du protocole sanitaire ont été donnés au JDD avant de leur être présentés. Dans ce contexte, la publication très prochaine d’un livre par le ministre où il se félicite du maintien des écoles ouvertes pratiquement tout au long de l’année dernière fait plus que grincer des dents sur Twitter.Aurélie Haroche