
Kaboul, le lundi 30 août 2021 – Après 20 ans de présence
occidentale, l’Afghanistan est désormais aux mains des talibans
mais les ONG présentes sur place n’ont pas l’intention de cesser
leurs activités.
La guerre d’Afghanistan est terminée. Dans la nuit de lundi à
mardi, les derniers soldats américains présents à Kaboul ont quitté
le pays par les airs, mettant fin à 20 ans de présence et à une
opération d’évacuation particulièrement chaotique. Les talibans,
désormais seuls maitres du pays, ont pris le contrôle de l’aéroport
et fêté leur victoire sur l’ennemi américain.
Les ONG restent sur place
Pour le moment, la plupart des grandes ONG travaillant en
Afghanistan ont affirmé leur volonté de rester dans le pays et de
continuer à apporter leur aide à la population. Dans un communiqué
commun, les six associations membres du collectif Alliance Urgence
(dont notamment Médecins du Monde et Action contre la Faim) se
disent « déterminées à poursuivre leur action auprès des plus
fragiles ». « A ma connaissance, aucun collaborateur n’a
demandé à être évacué » annonce Florian Seriex, porte-parole du
Comité International de la Croix-Rouge. « Depuis 1987 nous avons
eu l’habitude de discuter avec toutes sortes d’interlocuteurs, on
dialoguait déjà avec les talibans » ajoute-t-il.
Le personnel féminin pourra-t-il continuer à travailler ?
À court terme, les ONG présentes dans le pays vont devoir
faire face à deux problèmes importants. Tout d’abord, le manque
d’argent. Les banques du pays sont fermées depuis plusieurs jours
et plusieurs Etats occidentaux, dont l’Allemagne et la Suède, ont
d’ores et déjà annoncé qu’elles stoppaient toute aide humanitaire
en direction de l’Afghanistan. Vient ensuite la question du
matériel, l’aéroport de Kaboul étant actuellement fermé. « D’ici
une dizaine de jours, toutes les ONG vont commencer à manquer de
fournitures » s’inquiète Olivier Routeau.
Les humanitaires vont également devoir s’adapter à la
législation islamiste mise en place par le nouveau régime. Selon le
personnel sur place, la situation est encore assez confuse. «
Les règles que nous imposent les talibans varient d’une province
à l’autre » explique Gilles Nouzies, membre de Handicap
International. Se pose notamment la question de la possibilité pour
le personnel féminin de continuer à travailler et celle de l’accès
sans discrimination aux femmes afghanes. Pour le moment, les
talibans, qui tentent de présenter au monde une image moins
rigoriste, laissent travailler les femmes des ONG, assure Pierre
Micheletti, président d’Action contre la Faim.
Nicolas Barbet