Afghanistan : il ne reste que les ONG

Kaboul, le lundi 30 août 2021 – Après 20 ans de présence occidentale, l’Afghanistan est désormais aux mains des talibans mais les ONG présentes sur place n’ont pas l’intention de cesser leurs activités.

La guerre d’Afghanistan est terminée. Dans la nuit de lundi à mardi, les derniers soldats américains présents à Kaboul ont quitté le pays par les airs, mettant fin à 20 ans de présence et à une opération d’évacuation particulièrement chaotique. Les talibans, désormais seuls maitres du pays, ont pris le contrôle de l’aéroport et fêté leur victoire sur l’ennemi américain.

Tandis que le nouveau pouvoir islamiste se met en place, le pays entre dans une période d’incertitude, notamment s’agissant de l’avenir des ONG (organisations non gouvernementales) occidentales travaillant sur place. L’Afghanistan étant l’un des pays les plus pauvres et sous-développés au monde, une grande partie de la population du pays a besoin de ces ONG pour survivre. Pour donner une idée de la situation humanitaire en Afghanistan, rappelons notamment que la moitié de la population est en situation d’insécurité alimentaire, que 14 % des habitants souffrent d’un handicap sévère (conséquence notamment de 42 ans de guerre ininterrompue) et que le taux de mortalité infantile est l’un des plus élevés au monde (7,1 %).

Les ONG restent sur place

Pour le moment, la plupart des grandes ONG travaillant en Afghanistan ont affirmé leur volonté de rester dans le pays et de continuer à apporter leur aide à la population. Dans un communiqué commun, les six associations membres du collectif Alliance Urgence (dont notamment Médecins du Monde et Action contre la Faim) se disent « déterminées à poursuivre leur action auprès des plus fragiles ». « A ma connaissance, aucun collaborateur n’a demandé à être évacué » annonce Florian Seriex, porte-parole du Comité International de la Croix-Rouge. « Depuis 1987 nous avons eu l’habitude de discuter avec toutes sortes d’interlocuteurs, on dialoguait déjà avec les talibans » ajoute-t-il.

Si les ONG ont dû stopper leur activité durant quelques jours lors de l’offensive talibane, elles ont pu reprendre progressivement leur travail ces derniers jours. Certains humanitaires expliquent même que, paradoxalement, la fin des combats et la victoire talibane ont rendu la situation moins dangereuse. « Il n’y a plus de combats, moins de risques d’attentats, l’accès aux provinces reculées est plus simple » explique Olivier Routeau, directeur des opérations de l’ONG Première Urgence Internationale.

Le personnel féminin pourra-t-il continuer à travailler ?

À court terme, les ONG présentes dans le pays vont devoir faire face à deux problèmes importants. Tout d’abord, le manque d’argent. Les banques du pays sont fermées depuis plusieurs jours et plusieurs Etats occidentaux, dont l’Allemagne et la Suède, ont d’ores et déjà annoncé qu’elles stoppaient toute aide humanitaire en direction de l’Afghanistan. Vient ensuite la question du matériel, l’aéroport de Kaboul étant actuellement fermé. « D’ici une dizaine de jours, toutes les ONG vont commencer à manquer de fournitures » s’inquiète Olivier Routeau.

Les humanitaires vont également devoir s’adapter à la législation islamiste mise en place par le nouveau régime. Selon le personnel sur place, la situation est encore assez confuse. « Les règles que nous imposent les talibans varient d’une province à l’autre » explique Gilles Nouzies, membre de Handicap International. Se pose notamment la question de la possibilité pour le personnel féminin de continuer à travailler et celle de l’accès sans discrimination aux femmes afghanes. Pour le moment, les talibans, qui tentent de présenter au monde une image moins rigoriste, laissent travailler les femmes des ONG, assure Pierre Micheletti, président d’Action contre la Faim.

L’Afghanistan et les ONG présentes dans le pays entrent donc dans une période d’inconnu. Seule certitude : la volonté des humanitaires à venir aux aides aux Afghans reste intacte.

Nicolas Barbet

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