Troisième dose avec Moderna, numéro vert pour les plus âgés, couverture chez les soignants : le point sur la campagne française

Paris, le mercredi 27 octobre 2021 – Cela sera considéré comme un peu tardif.

Dix mois après le lancement de la campagne de vaccination contre la Covid, qui concerne au premier chef les plus âgés et les plus fragiles, le gouvernement lance un nouveau numéro vert, destiné à faciliter la vaccination à domicile des sujets les plus âgés. Ce dispositif accessible 7 jours sur 7 et de 6h à 22h au 0 800 730 957 cible les plus de 80 ans : leurs proches, leurs auxiliaires de vie et toutes personnes de leur entourage se sentant concernés sont notamment invités à contacter ce numéro pour organiser rapidement un rendez-vous. « Ces personnes sont moins suivies par un médecin traitant et rencontrent des difficultés pour se déplacer », note le ministère de la Santé. Les infirmiers et médecins qui participeront à ce programme de vaccination au sein d’équipes mobiles ne seront pas rémunérés à l’acte à l’instar d’une consultation à domicile. « Ces équipes opèrent dans un cadre juridique similaire à celui mis en place en centre de vaccination », signale en effet le ministère : une rémunération au forfait horaire est donc prévue.

Deux millions de Français encore facilement vaccinables

L’objectif du gouvernement est d’abord d’atteindre les 500 000 personnes de plus de 80 ans non encore vaccinées et au-delà les 2 millions de Français qui selon les estimations avancées hier par Olivier Véran lors de son audition par la commission des Affaires sociales du Sénat « attendent et (…) ne sont pas opposés à l’idée de se faire vacciner ». Aujourd’hui, le taux de vaccination des 80 ans et plus atteint 86,6 % (contre 86,2 % le 1er octobre), 97,3 % chez les 75/79 ans (vs 97 %) et 98 % chez les 70/74 ans (vs 97,6 %). Ainsi, on le voit, même faiblement (ce qui est inéluctable à un niveau aussi élevé de couverture vaccinale), la protection des plus fragiles continue à progresser. Le gouvernement y voit le résultat des différentes stratégies « d’aller vers » qui ont été déployées ces derniers mois et que renforce encore le numéro vert. Par ailleurs, au niveau de la population générale, il n’est pas à exclure que le récent déremboursement des tests antigéniques et PCR pour les sujets non vaccinés entraîne un léger frémissement du nombre de primo-vaccinations. Olivier Véran a ainsi précisé : « Ce qu’on voit, c’est que la fin de la gratuité totale des tests, s’est accompagnée d’un petit rebond de la primo-vaccination. On est remonté de 40 000 à 50 000 primo-vaccinations par jour. Ça compte. Ça fait 1 million de Français par mois ».

Troisième dose avec Moderna : la HAS encore une fois discréditée ?

Parallèlement à cette primo-vaccination, notamment des plus fragiles, le gouvernement multiplie les appels à la population éligible afin qu’elle participe à la campagne de rappel. Gabriel Attal insistait ainsi hier sur Europe 1 : « Il faut continuer à respecter les gestes barrières, garder nos outils comme le passe sanitaire, et pour les personnes les plus âgées et les plus fragiles, il faut faire le rappel vaccinal. Je lance un appel à ceux qui ont plus de 65 ans : Faites-vous vacciner avec la troisième dose ». Aujourd’hui, 2,5 millions d’habitants ont déjà reçu une dose de rappel de vaccin contre la Covid (sur 6 millions de sujets éligibles). Concernant cette troisième dose, le vaccin Spikevax (Moderna) pourrait de nouveau être employé. L’utilisation de ce dernier dans cette indication (voire de façon complète pour les plus jeunes) a en effet été suspendue dans plusieurs pays et notamment en France, en raison d’un signal suggérant un risque accru de myocardite. Ce lundi encore, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rendait publiques de nouvelles données évaluant à trois fois plus élevé le risque de myocardite après une vaccination par Spikevax qu’avec Comirnaty (Pfizer/BioNtech). Cependant, tout en confirmant qu’il s’agit d’un signal à surveiller, l’Agence européenne du médicament (EMA) a donné son feu vert à l’utilisation du vaccin de Moderna dans le cadre d’une vaccination de rappel (mais, le régulateur européen a considéré qu’une demi-dose devait être utilisée dans cette indication). Prenant acte de cet avis de l’EMA, en France, comme à son habitude, le ministère joue un jeu singulier avec la Haute autorité de Santé. Ainsi, tout en assurant attendre son feu vert définitif, il a en effet indiqué qu’une directive de la Direction générale de la Santé (DGS) était en préparation concernant l’administration de cette fameuse demi-dose ! Cet avis de l’EMA est publié alors que quelques jours auparavant, elle avait signalé la possible efficacité accrue d’une vaccination de rappel hétérologue. Un argument supplémentaire, sans doute, pour les personnes vaccinées par le produit de Janssen, auxquelles il est recommandé une vaccination de rappel par un vaccin à ARNm : mais à ce jour seules 20 % de ces personnes qui, reconnait le ministère, avaient probablement justement choisi ce vaccin en raison de son caractère unidose et de sa technologique non ARNm ont répondu à l’appel. L’envoi d’un message aux médecins concernés n’a ainsi pas suffit à faire progresser ce taux.

Troisième dosse et passe sanitaire : le ministre passe son tour

Cette troisième dose soulève également des questions administratives et politiques : sera-t-elle un jour indispensable pour continuer à bénéficier de son passe sanitaire ? Sur ce point, le ministre a botté en touche hier au Sénat, suscitant l’agacement visible de quelques élus. « Ça fait l’objet de réflexions et d’une saisine des autorités sanitaires compétentes, le comité de stratégie vaccinale, la Haute autorité de santé et le Conseil scientifique. Est-ce qu’il y a lieu ou non, pour conserver le bénéfice de son passe, d’une troisième dose, lorsqu’on est particulièrement fragile ? Je n’ai pas la réponse mais j’ai posé la question » a-t-il répondu, se montrant un peu plus clair sur l’absence (actuellement) de données justifiant l’élargissement de la campagne de rappel à toute la population.

Deux tiers des soignants suspendus finalement vaccinés

Cette question des conséquences juridiques et administratives de la troisième dose intéresse également les professionnels de santé, dont on ne sait pas non plus si cette vaccination de rappel pourrait leur être imposée. Avant de répondre à cette question épineuse, le gouvernement préfère se féliciter de constater que les deux tiers des soignants qui avaient été suspendus faute de vaccination le 30 septembre ou le 15 octobre ont finalement été vaccinés et ont pu être réintégrés. « On est donc à un taux de couverture vaccinale des salariés des établissements sanitaires et médico-sociaux qui est extrêmement élevé et un taux de suspension et de démission qui est extrêmement faible », a ainsi commenté Olivier Véran.

Et demain les enfants ?

Mais alors que cette étape de la vaccination obligatoire des soignants semble aujourd’hui accomplie (en tout cas dans l’hexagone car la situation reste très complexe en Outre-Mer comme le montre un de nos articles d’hier) d’autres défis attendent le gouvernement. Il s’agit notamment des considérations médicales et éthiques autour de la vaccination des enfants de moins de 12 ans alors que le feu vert donné hier par le comité consultatif de la FDA à l’autorisation du vaccin de Pfizer/BioNtech chez les 5/11 ans pourrait bien accélérer le débat sur ce sujet en Europe et en France.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (1)

  • Le virus...

    Le 01 novembre 2021

    ...mute et les vaccins ? J’espère que nos soldats ne se défendent pas avec des Lebel, il y en a encore peut-être encore en stocks, à coté des masques périmés?

    Dr Jean-Paul Vasse

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