Un nouveau rebond épidémique en Europe de l’Ouest inquiète la France
Paris, le jeudi 4 novembre 2021 – Le mois de septembre a été marqué
dans les pays d’Europe de l’Est (jusqu’en Russie) par une forte
activité épidémique de la Covid. Aujourd’hui, encore, la situation
reste critique dans nombre de ces états, qui connaissent des
couvertures vaccinales plus faibles qu’en Europe occidentale.
Ainsi, la Lettonie a déclaré un état d’urgence sanitaire de trois
mois ce lundi.
Épidémie chez les non vaccinés en Allemagne
Peu à peu, et bien que les taux de vaccination y soient plus
élevés, la vague s’est propagée à l’Ouest.
Ainsi, les Pays-Bas ont annoncé hier la réintroduction de
différentes mesures restrictives : port du masque, distanciation
physique, recommandation de privilégier le télétravail sont
notamment de retour parallèlement à un renforcement du recours au
passe sanitaire (qui pourrait être possible dans toutes les
entreprises). Le pays est en effet confronté à une hausse des
contaminations qui s’accompagne d’une augmentation de l’activité
hospitalière. Sa voisine l’Allemagne fait face à une situation
similaire.
Hier, ce pays a en effet enregistré un record de nouveaux cas
détectés qui ont atteint 33 949. En Allemagne comme ailleurs et par
exemple dans certaines régions de Grèce, ce sont les insuffisances
de la couverture vaccinale qui concentrent les préoccupations des
dirigeants. « La quatrième vague de la pandémie se développe
hélas comme nous le redoutions parce que le nombre de vaccinés
n'est pas suffisant » a ainsi résumé le président de l’Institut
de veille sanitaire Lothar Wieler, après que le ministre de la
Santé a parlé d’une épidémie chez les « non vaccinés ». De
son côté, Angela Merkel s’est attristée ce week-end d’observer que
« deux à trois millions d’Allemands de plus de 60 ans ne soient
toujours pas vaccinés ». Outre le défaut de primo-vaccination,
l’adhésion encore trop restreinte à la campagne de rappel vaccinal
suscite également l’inquiétude des autorités.
Vers une nouvelle vague hospitalière ?
Face à ce paysage relativement inquiétant, « La France,
l'Espagne, le Portugal et l'Italie sont les derniers bastions en
Europe de l'Ouest à résister à la reprise de l'épidémie » a
observé hier l’épidémiologiste Antoine Flahaut sur BFM.tv. Nos
meilleures couvertures vaccinales (74,7 % de personnes vivant en
France complètement vaccinées contre 66,8 % en Allemagne) nous
protègent-elles ? Si ces hauts niveaux semblent rassurants, ils
n’offrent pas une garantie totale d’être à l’abri d’une nouvelle «
vague hospitalière », d’autant plus que tous les indicateurs
sont en augmentation. Ainsi, aujourd’hui dans une soixantaine de
départements, le seuil d’alerte de 50 cas pour 100 000 habitants a
de nouveau été franchi. L’activité hospitalière connaît également
une très légère progression.
Le nombre de nouvelles hospitalisations quotidiennes a
augmenté de 10 % en une semaine, et le nombre d'admissions en soins
critiques de 40 %. Dans certaines unités hospitalières, les
tensions se font ainsi déjà sentir : à Limoges, treize patients
atteints de Covid sont aujourd’hui hospitalisés (dont 4 en
réanimation) contre un seul la semaine dernière au sein du CHU. Les
lits Covid qui avaient été fermés pendant cinq mois sont rouverts à
la hâte. « C'est plus qu'un frémissement, on a l'impression
d'être au début de la cinquième vague » décrit le Pr. François
Vincent, pneumologue au CHU. Au-delà de cet exemple local,
l’hypothèse d’hôpitaux débordés n’est pas du tout exclue, d’autant
plus qu’on le sait de nombreuses unités souffrent d’un manque
d’effectif chronique qui empêche un fonctionnement optimal. « Le
vaccin protège à 90% contre les formes graves de la maladie dans
les hypothèses les plus optimistes ». Aussi, un risque résiduel
de 10 % demeure « soit une létalité moyenne de 2 % des plus de
50 ans infectés par le virus et environ dix hospitalisations pour
un décès. Si 5 % des 26,7 millions de Français ayant plus de 50 ans
devaient être infectés lors d'une cinquième vague épidémique avec
un taux de létalité de 2 % dans cette tranche d'âge, il y aurait à
nouveau une mortalité similaire à celle des premières vagues »
calcule sombrement le professeur Antoine Flahault, qui en outre
repose son estimation sur une protection vaccinale de 90 % (en
réalité plus faible chez les plus âgés) et alors qu’entre 9 et 10 %
des 60/69 ans ne sont pas du tout vaccinés comme 13 % des plus de
80 ans. S’ajoutant à ce contexte, on observe partout que les
nouvelles contaminations sont les plus fréquentes chez les plus de
60 ans.
Rien de comparable avec les vagues précédentes
Certains néanmoins veulent se montrer rassurants.
L’épidémiologiste Mircea Sofonea, maître de conférences en
épidémiologie et évolution des maladies infectieuses à l’université
de Montpellier remarque dans la Dépêche du Midi : « L’an
dernier à la même période, le taux de reproduction se situait entre
1,1 et 1,3, en début de deuxième vague, ce qui n’est pas le cas
actuellement ». De son côté, dans Ouest France, le professeur
Pierre Tattevin (CHU de Rennes) abonde en notant que la «
vague » « augmente très très lentement et les courbes
n’ont rien à voir avec celles que l’on a connues il y a un an. Nous
étions avec des pics à 70 000 contaminations et là nous sommes à un
peu plus de 6 000. Donc dix fois moins et une évolution beaucoup
moins rapide. Ça ne ressemble pas du tout à un début de cinquième
vague. Donc il faut rester attentif mais pas être alarmiste
».
Revaccinez-vous
Mais, qu’ils soient préoccupés ou relativement optimistes, compte
tenu du phénomène d’immunosénescence, de la gravité de l’infection
principalement chez les plus âgés et de l’augmentation des
contaminations parmi ces derniers, les experts s’accordent sur
l’importance d’une part d’un respect renforcé des mesures barrière
(port du masque et ventilation en particulier) et d’autre part de
la vaccination de rappel chez les plus de 60 ans. Le professeur
Tattevin observe ainsi « Nous avons certainement pris un peu de
retard sur la campagne de vaccination de la troisième dose. Il
serait souhaitable que les personnes de plus de 60 ans soient de
nouveau toutes vaccinées avant l’hiver pour éviter qu’elles fassent
des formes graves ». A ses yeux, il s’agit d’une mesure bien
plus urgente et efficace que le retour du port du masque à l’école
pour les plus jeunes à la rentrée.
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