Coup de chaud sur les urgences

De nombreux travaux ont établi l’impact négatif des fortes chaleurs sur les pathologies cardiaques, rénales, cardio-respiratoires et psychiatriques, particulièrement chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Nous disposons de nombreuses données sur l’augmentation des hospitalisations et de la mortalité au cours des périodes de canicules. Elles concernent plus particulièrement les personnes de plus de 65 ans, mais plus rarement les jeunes ou les personnes « d’âge moyen ». Ces données deviennent d’autant plus nécessaires que le changement climatique nous promet des jours de chaleur plus nombreux et plus intenses dans le futur.

Une étude réalisée aux États-Unis permet d’évaluer l’augmentation de la fréquentation des urgences associée aux températures élevées observées durant la saison chaude. Les données portent sur plus de 74 millions d’individus âgés de plus de 18 ans. La température était considérée comme extrême à partir de 34,4°C. Les informations ne concernent que les patients bénéficiaires d’une assurance maladie, et ont été analysées par âge, genre, statut économique, zone climatique et géographique. Au total 22 millions de recours aux urgences ont été répertoriés dans cette population entre 2010 et 2019.

Plus de consultations le jour du pic

Une association régulière est retrouvée entre la température maximale journalière et le risque relatif de visite aux urgences pour toutes causes, sans seuil de température clairement identifié. Ainsi, un jour de chaleur extrême, le risque de visite aux urgences, toutes causes confondues, augmente de 7,8 % par rapport à un jour de moindre chaleur où la morbidité a été la plus faible de la saison. Le risque augmente surtout pour les consultations en rapport avec des pathologies liées à la chaleur (risque relatif + 66,3 %) et les troubles rénaux (+ 30,4 %), et, dans une moindre mesure, les pathologies mentales (+7,9 %). C’est le cas aussi quand la chaleur la plus intense est au 85ème percentile.

La fréquentation des urgences est maximale le jour même du pic de chaleur, mais se poursuit 1 à 2 jours après. Les données ne mettent pas en évidence d’augmentation du recours aux urgences pour des causes cardiovasculaires ou respiratoires.

Le lien observé varie selon la zone géographique ou climatique, l’âge, le genre, le statut socio-économique. Le lien le plus fort est observé dans le nord-est des États-Unis, dans les comtés au climat continental, chez les hommes jeunes et d’âge moyen et ceux qui bénéficient d’une assurance médicale.

Pour les auteurs, ces données confortent l’idée de la nécessité de préparer des plans d’action en cas de très fortes chaleur, mais adaptés au contexte régional : information en amont de la population et des professionnels de santé, coordination des agences de santé locales, création de zones de fraicheur, etc.

Dr Roseline Péluchon

Références
Sun S. et coll.: Ambient heat and risks of emergency department visits among adults in the United States: time stratified case crossover study. BMJ 2021;375:e065653. doi.org/10.1136/BMJ-2021-065653

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