Tour de vis spectaculaire au Royaume-Uni

Londres, le vendredi 10 décembre – Présenté comme l’un des pays les plus libéraux d’Europe sur la question de la Covid-19, le Royaume-Uni a rétabli de nombreuses restrictions, ce jeudi, pour lutter contre le variant Omicron.

Longtemps, le Premier Ministre Boris Johnson et ses amis conservateurs aimaient à dire que le Royaume-Uni était « le pays le plus libre d’Europe ». Alors que sur le Continent, des millions d’Européens continuaient à porter un masque dans les lieux fermés et devaient montrer un passe sanitaire pour accéder à certains établissements, les Britanniques vivaient, eux, depuis le 12 juillet dernier, une vie normale, « la vie d’avant ».

Le Royaume-Uni cède aux sirènes du passe vaccinal

Mais tout ceci est fini et bien fini. Déjà le 28 novembre dernier, un premier train de restrictions avait été rétabli par Boris Johnson, avec le retour du port du masque obligatoire dans les transports en communs et les magasins et le rétablissement du test à l’entrée du Royaume-Uni. Mais c’est surtout ce mercredi que le chef du gouvernement a opéré un revirement spectaculaire en annonçant, dans une allocution solennelle, le retour du télétravail obligatoire dès lundi « si c’est possible » et l’instauration d’un passe vaccinal dans les boites de nuit et les évènements rassemblant plus de 10 000 personnes. Le Royaume-Uni était l’un des rares pays européens à n’avoir pas mis en place de passe sanitaire ou vaccinal l’annonce de Boris Johnson a provoqué la colère de l’aile droite du parti conservateur, qui a toujours fait du refus du passe sanitaire une question de principe.

Le plus étonnant dans le revirement britannique est qu’il n’est pas dû à une aggravation de la situation épidémique. Le nombre de contaminations quotidiennes est certes élevé (autour de 45 000 par jour) mais relativement stable depuis plusieurs mois. Les hospitalisations en réanimation n’ont pas non plus augmenté et le nombre de décès quotidiens est même en diminution (environ 120 par jour). Le tour des vis britannique serait en réalité uniquement justifié par la présence du variant Omicron. Déjà 586 cas de ce nouveau mutant ont été détectés outre-manche et le chiffre réel est « certainement beaucoup plus élevé » explique Boris Johnson.

Une fête de Noël qui passe mal

Selon le leader conservateur, l’arrivée de ce nouveau variant plus contagieux justifie de « passer au plan B » car « cette croissance exponentielle pourrait mener à une forte hausse des hospitalisations et donc malheureusement à des morts ». L’objectif affiché est de gagner du temps en attendant une accélération de la campagne de vaccination par la 3ème dose. Avec 32 % de Britanniques ayant reçu une dose de rappel, le Royaume-Uni est le leader européen dans ce domaine.

L’annonce de Boris Johnson a peut-être aussi un objectif inavoué, celui d’allumer un contre-feu alors même que les services du Premier Ministre sont en pleine tourmente. En effet, ce mercredi, après plusieurs semaines de suspicion, la presse britannique a retrouvé et diffusé une vidéo dans laquelle l’attaché de presse de Boris Johnson reconnait qu’une fête de Noël réunissant plus de 40 personnes avait eu lieu au 10 Downing Street en 2020, alors même que les Britanniques étaient invités à ne recevoir personne pour les fêtes. Après avoir longtemps nié ces accusations, Boris Johnson a finalement présenté ses excuses au Parlement. « Je m’excuse sans réserve pour l’offense que cette vidéo a causée dans tout le pays » a-t-il déclaré.

Le Royaume-Uni n’est pas le seul pays « libéral » d’Europe à revenir sur sa politique et à rétablir des restrictions sanitaires pour lutter contre le variant Omicron. Ces derniers jours, le Danemark a décidé d’allonger les vacances scolaires et de fermer ses bars et restaurants à partir de minuit. La Norvège a elle rétabli les jauges et le port du masque obligatoire.

Quentin Haroche

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