
Assistants médicaux : une usine à gaz qui n’a pas marché
Chaque intervention du Président sur ce thème est l’occasion pour lui de défendre son bilan. Cependant, ce dernier ne paraît guère à la hauteur des ambitions dessinées par le programme Ma Santé 2022. Ainsi, le plafonnement des rémunérations des médecins intérimaires dans les hôpitaux, dont le chef d’État s’est félicité sur France Bleu, s’il répond à des dérives qui ont grevé le budget de certains hôpitaux, a cependant également entraîné des difficultés de recrutement supplémentaire pour de nombreux établissements comme nous l’avons déjà évoqué à plusieurs reprises dans ces colonnes. En ville, la facilitation de l’emploi d’assistants médicaux, afin de permettre aux médecins de limiter les tâches administratives et de pouvoir consacrer plus de temps à leurs activités médicales, n’a malheureusement pas eu le succès escompté. Ainsi, seuls 2 266 contrats d’aide à l’embauche d’assistants médicaux ont été signés par l’Assurance maladie, contre les 4 000 prévus à l’horizon 2022. Cet insuccès s’explique notamment par la complexité des procédures et des critères pour pouvoir bénéficier des aides à l’embauche.La coercition ne doit pas être un tabou ?
Sans reconnaître directement les limites de son action, Emmanuel Macron admet que de nouvelles mesures seront indispensables pour faire face au fléau des déserts médicaux. Il martèle ainsi la nécessité d’actions plus « volontaristes » et « innovantes », non seulement pour séduire les médecins, mais également pour améliorer l’attractivité des territoires. Parmi les rares pistes qu’il a pour l’heure dessinées, on retient l’idée de « revoir les conventionnements pour être plus incitatif à l'installation dans certains territoires ». Pour l’heure en effet, il exclut toutes mesures coercitives, relevant qu’il est très difficile d’imposer son lieu d’exercice aux professions libérales. Cependant, il ne ferme pas tout à fait la porte à des dispositifs localisés. « Rien ne doit être tabou, compte tenu de la déprise qu'il y a dans certains territoires où nos compatriotes n'ont parfois plus accès à certains spécialistes » a-t-il en effet observé sur France Bleu. Une remarque qui pourrait susciter quelques crispations chez les médecins libéraux.Aurélie Haroche