
Pour les hôpitaux, le pire est à venir
Voilà pour les bonnes nouvelles. Le reste des prévisions est plutôt sombre. D’abord, si le pic pourrait effectivement être prochainement atteint, avec un peu d’avance par rapport à ce qui avait été d’abord envisagé, nul ne sait si les contaminations demeureront à un niveau élevé ou connaîtront une décrue importante. Or, avec les fêtes de fin d’année et les rencontres qu’elles entraînent et l’absence de nouvelles restrictions, les spécialistes sont souvent pessimistes. En tout état de cause, l’atteinte de ce pic des contaminations n’est, comme toujours, pas une promesse d’accalmie immédiate pour les hôpitaux. Ces derniers devraient même connaître le niveau d’activité le plus important entre Noël et le Nouvel An (aujourd’hui le taux d’occupation des lits de soins critiques par des patients atteints de covid est de 50 %) « à un moment où les soignants sont enclins à prendre un peu de repos bien mérité. Grâce aux plans Blancs, on va augmenter le nombre de lits, mais on ne pourra peut-être pas accueillir autant de malades du Covid en réanimation que lors de la première vague » prévient ainsi le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui observe encore : « Comme la vague est nationale, on ne peut plus envoyer de renforts ou procéder à des évacuations interrégionales massives. Il y a des soins qu’on ne peut plus déprogrammer, la lassitude des soignants, le retour de la grippe, l’épidémie de bronchiolite, la traumatologie… ».En attendant Omicron
Or, cet hôpital déjà fragilisé pourrait être presque
immédiatement après cette nouvelle vague, confronté à un énième
rebond, lié cette fois au variant Omicron. En effet, ce dernier
tend à déferler sur l’Europe à un rythme bien plus rapide que ce
qui avait été prédit. Ainsi, plusieurs pays, dont la Suisse et la
Grande-Bretagne assurent que le nouveau venu sera majoritaire sur
leur territoire dans quelques jours. La situation britannique
surtout préoccupe, car le pays a régulièrement été l’annonciateur
des perturbations à venir deux à trois semaines plus tard en
France. Or, hier, deux jours à peine après avoir édicté de
nouvelles mesures, Boris Johnson a évoqué le « raz de marée
Omicron ». Ce matin, son ministre de la Santé, lui faisait
écho, parlant d’une propagation à « un taux phénoménal ».
Même si des données préliminaires suggèrent qu’Omicron pourrait
être associé à un taux moins élevé de formes graves, une très forte
contagiosité représenterait cependant une pression importante sur
les hôpitaux. Déjà, l’inquiétude sourd en France. « On a une
stabilisation de la circulation du virus mais on a pas dit un mot
de la sixième vague qui va arriver en janvier avec le variant
Omicron » se désolait ainsi ce matin sur RTL le patron de
l’Assistance publique-hôpitaux de Paris, Martin Hirsch.
L’infectiologue Benjamin Davido (Raymond Poincaré) lui fait écho
sur BFM-TV : « La crainte qu'on a, tous les médecins, c'est que
la cinquième vague fasse le lit d'une sixième vague puisque l'hiver
va durer jusqu'à mars. Et souvenez-vous qu'à cette même période
l'an dernier, on essuyait les plâtres d'une deuxième et d'une
troisième vagues quasiment consécutives ».
Course contre la montre
L’atout de la France face à ces sombres perspectives est une campagne de rappel vaccinal très intense qui fait d’elle l’un des meilleurs élève d’Europe en la matière et alors que les données elles aussi préliminaires suggèrent que cette dose supplémentaire est un rempart solide contre Omicron. Ainsi, plus de 14 millions de Français ont déjà reçu une troisième dose. Ouvertures des pharmacies le dimanche, report de la date de péremption de certains vaccins, réouverture de nombreux centres : tous les moyens sont mis en œuvre pour atteindre l’objectif de 20 millions de Français ayant reçu leur dose de rappel avant Noël. Cependant, des signes de fatigue se multiplient chez les soignants, notamment les pharmaciens, qui font en outre état de difficultés logistiques, concernant l’acheminement des doses. Du côté d’éventuelles restrictions, destinées non seulement à faire redescendre plus rapidement la courbe épidémique liée à Delta et à limiter si cela est possible la progression d’Omicron, les décréter dix jours avant Noël sera probablement très difficile, tandis qu’avec l’annonce du dépassement du pic, certains pourraient être tentés de relâcher leur vigilance comme le redoutent de nombreux spécialistes. Or, l’épidémiologiste Antoine Flahaut analyse : « Aborder la vague Omicron qui s'annonce en visant la circulation la plus faible du virus est crucial si l'on veut éviter de nouveaux reconfinements dans les mois à venir. L'urgence aujourd'hui est donc de faire baisser la courbe de contaminations au plus bas niveau possible ».Aurélie Haroche