Nouvelle journée de mobilisation à l’hôpital public
Paris, le mardi 11 janvier 2022 – Plusieurs syndicats
appellent les soignants à manifester ce mardi pour exiger une
amélioration de leurs conditions de travail à l’hôpital
public.
Le 4 décembre dernier, ils étaient entre 2 000 et 6 000 soignants à
manifester à Paris pour dénoncer la crise que traverse l’hôpital
public. Combien seront-ils, à peine un mois plus tard, pour porter
les mêmes revendications face à un gouvernement qui est, selon eux,
sourds à leurs appels ? Ce mardi, les principaux syndicats
hospitaliers et à leurs têtes la CGT Santé Action Sociale,
appellent les soignants exerçant à l’hôpital public à manifester
dans toute la France pour exiger de meilleures conditions de
travail. Le cortège parisien, le plus important, partira de
l’hôpital Cochin. Les syndicalistes ont demandé à être reçu par le
Président de la République ou le Premier Ministre.
Hausse des salaires et fin de la fermeture des lits
Les revendications des manifestants sont bien connues, signe
que les choses n’avancent pas et que le dialogue est difficile
entre les syndicats et les autorités. Les soignants demandent en
premier lieu une augmentation de leur rémunération, notamment pour
les infirmiers, la France se situant en
28ème place sur 33 des pays de l’OCDE
concernant le salaire de ces derniers. Les syndicats estiment que
les hausses de salaire promises lors du Ségur de la santé en 2020
ainsi que le récent doublement de la rémunération des heures
supplémentaires sont « insuffisantes ».
Cette augmentation des salaires permettrait (selon eux)
d’éviter les nombreux départs de soignants de ces derniers mois.
Ces départs « rendent le travail beaucoup plus compliqué dans
l’ensemble des services » explique le Dr Christophe Prudhomme,
délégué CGT, qui prend l’exemple des urgences pédiatriques de
l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, qui ont dû fermer faute de
personnels.
Dans une logique un peu différente, les syndicats demandent l’arrêt
de la fermeture des lits. Selon la Direction de la recherche, des
études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), 75 000 lits
ont été supprimés entre 2003 et 2019, soit une baisse de 16 %. Pour
éviter toute nouvelle fermeture de lits ou de services, ce sont 100
000 personnes qui doivent être embauchés à l’hôpital public selon
les manifestants, qui exigent un « plan de formation
pluridisciplinaire » et l’augmentation des places en faculté de
médecine et en école d’infirmiers.
Olivier Véran accusé de déni de réalité
Parmi les autres propositions des organisateurs de la
mobilisation, on trouve également la reconnaissance de la Covid-19
comme maladie professionnelle (statut pour le moment réservé aux
personnes hospitalisés) et l’instauration des 32 heures à l’hôpital
(alors même que les 35 heures sont déjà particulièrement difficiles
à appliquer). De manière plus globale, les syndicats entendent
rappeler que l’hôpital public traverse une crise systémique depuis
plusieurs années et que l’épidémie de Covid-19 n’est en que le
révélateur, pas le déclencheur.
Tout dialogue semble cependant impossible avec le gouvernement, qui
est accusé de déni de réalité par les syndicats. Ces derniers ont
particulièrement mal pris certaines sorties récentes du ministre de
la Santé Olivier Véran, qui avait déclaré après la manifestation du
4 décembre dernier qu’il « n’y avait pas de fuite des infirmiers
et plus que jamais des soignants à l’hôpital ». Des propos
vécus comme « une négation de la réalité vécue par les
personnels hospitaliers et les patients » par le Collectif
Inter-Hôpitaux. Mais plus que du gouvernement, c’est aussi des
Français que les manifestants souhaitent se faire entendre afin de
faire de l’hôpital public l’un des sujets centraux de la prochaine
élection présidentielle.
Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.