
« L’hôpital public est en train de mourir »
Des paroles oui, mais peu d’actes
C.H.
C.H.
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Il faut bien le dire, les directions des Hopitaux n'ont plus guère de considération pour les soignants depuis la loi HPST.
Il est tellement simple de garder son budget à l'équilibre en agissant sur les dépenses de personnel, en renouvelant 5 ou 6 ans les contrats à durée limitée de moins d'un mois, en évitant d'embaucher, en "jouant" avec les infirmières qu'on déplace à droite ou à gauche en fonction des fermetures de lits, bref en dirigeant "a flux tendu". La qualité de vie au travail dans les hôpitaux est largement inférieur à n'importe quelle entreprise privée, le personnel soignant étant privé de son levier syndical : toute grève à l’hôpital est inaudible, les infirmières et soignants étant réquisitionnés "pour besoin de service" avec une facilité dérisoire. Les heures supplémentaires ne peuvent pas être refusées (pour nécessité de service), et sont souvent non payées, mais récupérées quand on a plus besoin de vous, c'est à dire hors congé scolaire, de préférence entre octobre et novembre...
Et le comble, c'est que la Direction étant ultramotivée par "la prime de gestion" touchée en fin d'exercice et qui arrondit leur salaire, tout les pousse à pereniser la maltraitance de son personnel durant l'année...
Des pansements comme la psychologue du travail, les séances de luminothérapie offertes etc... servent surtout à éblouir les experts de l'HAS le jour de la visite de certification.
Ce sera très difficile pour eux de changer des habitudes aussi confortables.
Dr E Orvain
Les démissions sont fréquentes depuis 20 ans, et pourquoi s'en etonner? Tout est fait pour inciter au depart les médecins et paramedicaux dans les hôpitaux. Malades lourds et pression maximum hiérarchique pour : réduire les couts, exigence des durées de séjour réduites parfois difficiles a assumer. Les directeurs formés a la bureaucratique école de santé publique de Rennes qui est une catastrophe, ils sont dressés a réduire les couts et radiner, "rentabiliser les lits". Ils comptabilisent les ACTES et (T2A, codage+++) pas les GUERISONS : et si on peut l'operer ou lui faire une chimio ou immuno/biotherapie.
Sale ambiance de lutte : les administratifs contre les soignants, lutte hiérarchique dans un groupe professionnel et entre les groupes, ET lutte des générations à l’hôpital. Ragots, mouchardages sont monnaie courante, compétition au chouchoutage pour obtenir des primes ou des promotions... le malade devient presqu'un encombrant dans un système épuisant et épuisé. Malade qu'on n'a pas choisi, car on voudrait des patient avec des pathologies qui "rapportent" dans les grille de codage, et que des clodos cirrhotiques des urgences sont amenés par les pompiers ne valent pas cher... malheur, il n y a pas de cancer ou de pathologie immunologique, ni de stent à poser, ça ne rapporte rien ! On doit cependant faire avec, car il y a une mission de service public qui permet à l’établissement global de toucher des subventions.
Le pouvoir est donné aux directeurs et aux cadres administratifs alors que les soignants (judiciairement responsables) sont les médecins et paramédicaux. Comment cela peut il fonctionner lorsque ceux qui soignent et sont responsables de la prise en charge des patients ne sont pas ceux qui dirigent ? Et que le système de codage priorise certains types de patients " porteurs de patholgies rentables", mais qui ne sont pas ceux qui frappent à la porte des urgences de l’hôpital public.
Dr Isabelle Herry