
Pékin, le mardi 25 janvier 2022 – A 10 jours du début des Jeux
Olympiques d’hiver, la Chine mise toujours sur la stratégie
zéro-Covid, malgré ses conséquences de plus en plus lourdes pour
l’économie du pays.
Un succès sanitaire mais un désastre économique
Ce confinement particulièrement drastique a été décidé dans le
cadre de la stratégie zéro-Covid adoptée par la Chine dès les
premiers jours de la pandémie de Covid-19. Selon cette doctrine,
toute découverte d’un cas positif doit conduire à un confinement
généralisé, parfois de régions entières et au dépistage de toute la
population. Selon les recommandations gouvernementales, les
municipalités ont deux jours pour tester leurs habitants, trois si
la ville compte plus de 2 millions d’habitants. De plus, la Chine
est quasiment coupée du monde, les rares visiteurs devant respecter
une quarantaine de trois semaines au moment de leur entrée dans
l’Empire du milieu.
Officiellement, cette politique est un succès sanitaire. Selon
les statistiques officielles, qui sont à prendre avec précaution
étant donné le rapport à la vérité du Parti Communiste Chinois,
aucun Chinois n’est mort de la Covid depuis le 17 avril 2020
(!) et on compte rarement plus de 50 contaminations par jour
dans le pays. Des résultats qui ont permis à Xi Jinping, maître
incontesté du pays, de proclamer la victoire du socialisme chinois
sur l’épidémie et ce dès septembre 2020. Mais l’isolement total du
pays et sa mise à l’arrêt à chaque poussée épidémique ont des
lourdes conséquences économiques. Selon les économistes, la Chine
ne fera « que » 4,3 % de croissance en 2022, soit deux fois
moins qu’en 2021.
Quasi huis clos pour les Jeux Olympiques d’hiver
Des clusters qui se déclarent alors que Pékin doit accueillir
les Jeux Olympiques d’hiver à compter du 4 février prochain. Un
évènement qui devait montrer au monde le succès de la stratégie
chinoise. Mais la reprise de l’épidémie ces derniers jours a changé
les plans des autorités. Finalement, aucun billet ne sera vendu,
seuls quelques spectateurs invités et soumis à un protocole
sanitaire strict pourront assister aux compétitions. Quand aux
athlètes et leurs équipes, ils vivent dans une bulle sanitaire
totalement isolée de la population chinoise et sont testés tous les
jours. Malgré ces précautions, 72 cas positifs ont déjà été
détectés dans la bulle (mais aucun parmi les athlètes assurent les
organisateurs des Jeux).
Avec l’arrivée d’Omicron et la vaccination massive, la plupart
des pays qui ont adopté la stratégie zéro-Covid (Australie,
Nouvelle-Zélande, Thaïlande…) l’ont peu à peu abandonné. Mais pas
la Chine, où cette politique s’appuie désormais plus sur des
arguments idéologiques que sanitaires. L’étranger, accusé
d’introduire le virus en Chine, est désormais l’ennemi. Les
Pékinois ont ainsi l’ordre de ne pas venir en aide à ses occupants
si une voiture réservée aux Jeux Olympiques est victime d’un
accident (pour éviter tout contact avec un étranger).
Nicolas Barbet