Les transsexuel(le)s sont-elles des sportives comme les autres ?

Boston, le lundi 21 février 2022 – Les victoires d’une nageuse transsexuelle à une compétition de natation ont relancé le débat sur l’inclusion des transsexuels dans le sport féminin.

On le sait, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Si la volonté de ne pas discriminer les transsexuels et de leur permettre de pratiquer du sport de haut niveau est évidemment louable, elle pose inévitablement la question de l’équité sportive. En effet, n’en déplaise à certains, toute la bonne volonté du monde n’arrivera pas à changer la dure réalité, à savoir que les hommes ont, en moyenne, des capacités sportives supérieures à celles des femmes, ce qui explique que les hommes et les femmes aient toujours été séparés dans les compétitions sportives. De là la recherche épineuse d’une conciliation entre respect des droits des transsexuels et maintien de l’équité sportive, l’intérêt des athlètes femmes cisgenres ne devant pas être sacrifié sur l’autel de l’égalité.

Le débat a été, une fois n’est pas coutume, relancé par les résultats d’une sportive transsexuelle participant à une compétition féminine. Lors des championnats universitaires de natation qui se sont tenus à Harvard ce week-end, la nageuse Lia Thomas a écrasé la compétition, remportant les 100 yards, 200 yards et 500 yards nage libre, battant à chaque fois le record universitaire. Trois ans auparavant, avant sa transition, elle était arrivée deuxième de la finale universitaire du 500 yards nage libre masculine. Arrivé deuxième du 100 m yard libre juste derrière Thomas ce samedi, Iszac Henig est quant à lui un transsexuel homme autorisé à concourir avec les femmes car il n’a pas encore commencé son traitement.

La solution discutable du taux de testostérone

Les résultats de Lia Thomas n’ont pas manqué de faire réagir la fédération américaine de natation, qui a indiqué qu’elle allait modifier ses règles sur la participation des transsexuelles aux compétitions sportives. Après plusieurs années d’hésitations entre exclusion totale et inclusion excessive, le comité olympique international (CIO) et la plupart des fédérations sportives nationales et internationales sont arrivés en 2015 à un compromis : les transsexuelles même non-opérées peuvent participer aux compétitions sportives féminines à condition de maintenir pendant au moins 12 mois leur taux de testostérone en dessous d’un certain seuil, qui varie entre 5 et 10 nanomole par litre selon les sports.

Une règle loin de tout résoudre, un taux de 10 nanomole par litre étant environ 5 fois supérieur au taux moyen d’une femme cisgenre. La question ne touche d’ailleurs pas uniquement les transsexuels mais également les intersexuels. Caster Semenya, athlète qui souffre d’hyperandrogénie et qui a écrasé les compétitions féminines de 800 mètres et de 1 500 mètres pendant près de 10 ans, est désormais interdite de compétition depuis 2019, à la suite de son refus de prendre un traitement hormonal pour faire baisser son taux de testostérone.

Égalité contre équité

La question de l’inclusion des transsexuel(le)s dans le sport a également pris un tour politique aux Etats-Unis. Parmi les 17 décrets signés par le président Joe Biden le jour de son investiture le 20 janvier 2021, l’un oblige les écoles à permettre aux élèves transsexuels de concourir avec les filles. Une décision qui a provoqué une vive polémique entre élus républicains et démocrates, les premiers défendant l’équité sportive, les seconds les droits des transsexuels.

Diverses propositions ont été avancées pour résoudre le problème. Si l’exclusion totale des transsexuels ne semble désormais plus sur la table, certains ont proposé de faire de la catégorie « hommes » une catégorie « attrape-tout » où toutes les personnes qui ne sont pas des femmes cisgenres pourraient participer. D’autres avancent l’idée de la création d’une troisième catégorie regroupant les athlètes transsexuels. Mais les instances sportives restent pour l’instant sur la solution du taux de testostérone, qui a notamment permis à l’haltérophile Laurel Hubbard de devenir l’an dernier la première transsexuelle à participer à des Jeux Olympiques à Tokyo. Une victoire pour l’égalité, pas forcément pour l’équité.

Quentin Haroche

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Vos réactions (2)

  • Actualisation des informations

    Le 21 février 2022

    Je remercie Mr Quentin Haroche pour ces commentaires relatifs à l'inclusion des athlètes transgenres dans les compétitions sportives ouvertes à leur nouveau genre. Je voudrais corriger un élément important de cet article... les règles proposées par le CIO en 2015 ne sont plus en vigueur dans de nombreuses fédérations internationales, et ce à la suite de différentes réunions débouchant en 2019 et 2020 sur de nouvelles propositions.
    C'est ainsi par exemple que pour le cyclisme, l'UCI (union cycliste internationale) a adopté de nouveaux critères d'éligibilité pour ces athlètes, comprenant entre autre la vérification d'un taux de testostérone sanguine inférieur à 5 nM pendant au moins un an avant l'autorisation à concourir. Même si ces règles ne sont pas parfaites elles s'approchent d'une réalité biologique, physiologique et médicale.
    Cette position prise par de nombreuses fédérations internationales depuis 2020 a été récemment publiée (Hamilton et al., 2021).


    Dr Xavier Bigard
    (Directeur médical Union Cycliste Internationale)

    Hamilton et al. Integrating Transwomen and Female Athletes with Differences of Sex Development (DSD) into Elite Competition: The FIMS 2021 Consensus Statement.
    Hamilton BR, L. Sports Med. 2021 Jul;51(7):1401-1415.

  • Politiquement correct m'a tuer

    Le 27 février 2022

    Depuis 2004 la législation britannique permet à n'importe quelle personne de se voir reconnaître le genre qu'elle aura adopté depuis au moins deux ans sans qu'aucun changement physique ne soit imposé. Ainsi, n'importe quel homme se décrétant femme (dans son nouveau genre) peut rafler la mise parmi les postes réservés aux femmes pour être candidat aux investitures du Labour, ce qui avait provoqué des centaines de démission de femmes et de féministes.

    Les transgenres peuvent rejoindre les compétitions et les équipes sportives qui correspondent au genre auquel ils s'identifient, et non à leur sexe biologique de naissance. C'est ainsi que CeCe Telfer a écrasé la concurrence lors de la finale du 400 mètres haies du championnat national universitaire au Texas. Une performance de haut-niveau qui a suscité des interrogations. Non qu'elle soit accusée de dopage, mais il y a deux ans, CeCe s'appelait Craig et ne rentrait même pas dans les 200 meilleurs coureurs de sa catégorie.

    On se souvient de l’affaire Jessica Yaniv, qui sous couvert de transphobie, voulait contraindre des instituts de beauté féminins à fermer car on lui avait refusé une épilation du maillot (sachant que Yaniv n’a pas été opéré et donc conserve ses attributs masculins). Une condamnation à 6000 $ à verser à ses accusées a mis fin à son quart d’heure warholien de célébrité. Yaniv s’était aussi imposé dans les vestiaires de jeunes filles, et fantasmait sur le fait d’insérer des tampons périodiques dans les parties génitales de ces adolescentes. 

    A. Krivitzky

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