Les moins vaccinés sont aussi les plus défavorisés

Paris, le jeudi 24 février 2022 – Selon une enquête de la Drees, le taux de vaccination augmente avec le niveau de vie et de diplôme.

Environ 6 % des adultes français n’ont toujours pas reçu une seule dose de vaccin contre la Covid-19.

On s’interroge régulièrement sur le profil de ces irréductibles non-vaccinés.

Beaucoup ont avancé que ceux qui refusent le vaccin sont souvent des personnes défavorisées en marge de la société. Une étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), troisième volet de l’enquête EpiCov, confirme cette hypothèse, démontrant que les moins vaccinés sont aussi les plus pauvres et les moins diplômés.

Le travail de la Drees publié ce jeudi a été réalisé entre le 24 juin et le 9 août 2021, alors que le passe sanitaire (annoncé le 12 juillet et mis en place le 9 août) commençait tout juste à jouer son rôle d’incitation à la vaccination. Sur les 85 000 adultes interrogés par la Drees, 72 % avaient reçu au moins une dose. Parmi les non-vaccinés, 10 % indiquaient vouloir franchir le pas, 8 % se disaient réfractaires au vaccin, le reste ne s’étant pas encore fait une opinion.

Les immigrés non-européens et leurs descendants moins vaccinés

L’enquête relève que le taux de vaccination augmente avec le niveau de diplôme. Seulement 66 % des personnes n’ayant que le baccalauréat sont vaccinés, contre 79 % des répondants titulaires d’un bac +5.

La vaccination varie également selon la catégorie socio-professionnelle à laquelle on appartient : 83 % des cadres s’étaient fait vaccinés à la date de l’enquête, contre 71 % des employés et 65 % des ouvriers.

Mais le critère le plus discriminant semble celui du niveau de vie. Parmi les 10 % les plus pauvres de la population, on ne compte que 55 % de vaccinés. Ils sont au contraire 88 % chez les 10 % les plus fortunés.

Autre critère sociologique déterminant, l’origine ethnique. Si les immigrés européens (76 %) et leurs descendants (76 %) sont autant vaccinés que les « Français de souche » (75 %), c’est loin d’être cas pour les autres catégories de la population : seulement 59 % des immigrés non-européens et 53 % de leurs descendants se sont fait administrer un vaccin contre la Covid.

Les antillais présentent également un taux de vaccination bien inférieur à la moyenne (56 %).

Sans surprise, les opinions politiques et l’opinion sur le gouvernement joue également un rôle important. Parmi ceux qui disent avoir confiance dans le gouvernement pour lutter contre l’épidémie, ils ne sont que 15 % à n’être toujours pas vaccinés (au moment de l’étude). A l’inverse, cette proportion monte à 49 % chez ceux qui n’ont aucune confiance dans le gouvernement. Plus étonnant, une certaine méfiance envers les vaccins se manifeste dans toute la population : près de 80 % des vaccinés estiment même que l’on manque de recul sur l’efficacité des vaccins contre la Covid-19 (un taux qui a sans doute diminué depuis l’été 2021).

La fracture sociale devient vaccinale

Un des éléments qui pourraient expliquer la réticence à se faire vacciner des plus pauvres pourrait être la difficulté à trouver un rendez-vous de vaccination, notamment car ils sont moins à l’aise avec les outils numériques. Ainsi, 57 % des non-diplômés vaccinés ont eu besoin d’un tiers pour trouver un créneau de vaccination, contre 29 % des vaccinés titulaires d’un bac +5.

Mais la Drees précise que ces données « ne permettent pas de déterminer si les personnes non-vaccinés ont rencontré des difficultés particulières dans l’accès à la vaccination ».

D’autres facteurs sans rapport avec le niveau socio-économique jouent également sur l’adhésion à la vaccination, comme l’âge (55 % des 18-24 ans étaient vaccinés au moment de l’enquête, contre 93 % des 75-84 ans) mais la Drees précise que la corrélation entre le niveau socio-économique des individus et la non-vaccination transcende les disparités d’âge.

En résumé, le non-vacciné type est un jeune pauvre, non-diplômé et d’origine non-européenne. La fracture sociale chère à un ancien Président de la République est donc l’un des germes de la fracture vaccinale.

Quentin Haroche

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