Ukraine : l’Europe se prépare à une catastrophe humanitaire

Kiev, le vendredi 25 février 2022 - Après une journée d’offensive Russe en Ukraine, le bilan humain est lourd. L’Ukraine déplorait ce matin au moins 280 morts (partagés entre une moitié de civils et une moitié de militaires), et l’armée Russe au moins 450 morts.

Comme nous le rapportions hier, des stations de pompage d’eau ont été touchées par les bombardements, également, nous apprenions également, ce matin qu’un hôpital situé à Vuhledar dans le Donetsk avait été touché par un obus faisant au moins 4 morts.

Tous les soins déprogrammés

En revanche, les autres établissements hospitaliers ukrainiens semblent fonctionner, bien qu’en vertu de la loi martiale ils ont reçu l’ordre de suspendre toutes les activités programmées afin de pouvoir accueillir les blessés de guerre, civils et militaires.

Plus inquiétant peut-être, le gouvernement ukrainien prévient que si les combats venaient à durer plus de 15 jours, le pays pourrait connaître de graves pénuries alimentaires, un paradoxe pour un pays connu pour être un des greniers de blé de l’Europe.

Dans ce contexte dramatique, l’OMS alerte et une association Française tente d’apporter son aide à ce pays victime.

« Une catastrophe humanitaire en Europe »

Le bureau régional européen de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a prévenu, hier, dans un communiqué solennel, que cette nouvelle escalade du conflit russo-ukrainien « pourrait entraîner une catastrophe humanitaire en Europe, y compris un bilan important en termes de victimes et de nouveaux dommages aux systèmes de santé déjà éprouvés ».

L'OMS souligne que la situation est particulièrement préoccupante alors que la pandémie de Covid sévit toujours ainsi qu'une épidémie de polio en Ukraine.

« Les professionnels de santé, les hôpitaux et autres établissements ne doivent jamais être une cible et doivent pouvoir continuer de répondre aux besoins sanitaires des communautés », a insisté le bureau régional. « La protection des civils est une obligation en vertu du droit international humanitaire » martèle encore l’agence de l’ONU.

L’OMS/Europe promet de rapidement renforcer sa capacité de réponse à la crise sanitaire que devrait entraîner le conflit, de protéger les membres de son personnel et de réduire autant que possible les perturbations des services de santé essentiels.

Hôpitaux en manque de tout

En France, l'association Aide médicale caritative France-Ukraine envoie du matériel médical à l'Ukraine. Cette association est active depuis les évènements du Maidan. Diane Dols, sa vice-présidente indique sur Europe 1 que les soignants ukrainiens lui ont demandé l'envoi de matériel pour les premières prises en charge de blessés. « Je leur ai parlé hier (mercredi, ndlr) et leurs demandes ont vraiment changé (…) A présent, on nous dit 'on a besoin de tout'. Ils ont besoin de tout pour la prise en charge des blessés parce qu'ils s'attendent à beaucoup de victimes », explique-t-elle. « Tout ce qui permet l'évacuation, les civières, les respirateurs de réanimation, les moniteurs, les ambulances... Pour l'envoi d'ambulances, ça prendra quand même quelques jours… »

Diane Dols souligne également « ils ne sont manifestement pas prêts pour faire face sur tout le territoire ukrainien à l'arrivée de blessés. J'espère bien que l'État français aidera au moins médicalement la population. »

Rappelons, sur ce point, que la France a déjà dépêché, ces dernières semaines, un hôpital militaire de campagne (le gouvernement n’a pas communiqué sur les activités de cette structure).

L’UE ouvre les bras aux réfugiés

Cette guerre mettra également des milliers de réfugiés ukrainiens sur les routes et les premiers sont déjà arrivés dans les pays voisins.

L'Union européenne, qu’on a connu plus réservée sur ces questions, s’est dite « pleinement préparée » à accueillir des réfugiés ukrainiens fuyant la guerre qui sont « les bienvenus » selon les mots de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. « Avec tous les Etats membres qui se trouvent en première ligne, nous avons maintenant des plans d'urgence clairement définis pour accueillir et héberger immédiatement les réfugiés d'Ukraine ».

Même la Hongrie, dont le Premier ministre, Viktor Orban, est pourtant connu pour ses prises de positions dures sur l'immigration, semblait prête à prendre des réfugiés sur son territoire. La Moldavie, au sud de l'Ukraine, a déjà installé des tentes pour les réfugiés, comme l'annonce sur Twitter la présidente moldave.

Mais c’est surtout la Pologne qui se prépare à un afflux massif. Neuf premiers « centres d'accueil » vont être ouverts dans les heures à venir, a annoncé le ministre polonais de l'Intérieur, Mariusz Kaminski qui a donné ordre que tous les Ukrainiens qui le désirent puissent passer la frontière.

Les arrivants pourront y recevoir informations, repas et aide médicale, ont assuré les responsables polonais. Le ministère de la Santé assure en outre que « des places sont préparées en cas de besoin dans les hôpitaux ». « Nous estimons qu'actuellement il serait possible d'accueillir quelques milliers de patients. La Pologne dispose d'un stock nécessaire de médicaments ».

En France, le consensus semble se faire, de l’extrême-droite à l’extrême gauche sur l’accueil de ces réfugiés…

Gabriel Poteau

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Vos réactions (1)

  • Appel à l'introspection de chacun...

    Le 03 mars 2022

    ... pourquoi sommes-nous plus enclins à accueillir les réfugiés fuyant la guerre en Ukraine, que les réfugiés qui fuyaient la guerre en Tchétchénie, ou les guerres du Moyen-Orient, ou des pays d'Afrique ?
    Notre empathie est-elle sélective ?
    Qu'est-ce qui différencie tous ces pauvres gens, qui pourraient tous être nous ?

    Dr Anaïs Pipet

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