Une levée des restrictions qui ne fait pas que des heureux

Paris, le lundi 28 février 2022 – Les restrictions sanitaires sont de nouveau allégées ce lundi avec l’abandon partiel du port du masque, une nouvelle qui ne fait pas que des heureux.

Un pas de plus vers le retour à la normale. Comme annoncé par le gouvernement, ce lundi marque une nouvelle étape dans l’allégement des restrictions sanitaires et le retour de « la vie d’avant ». Principale mesure qui entre en vigueur ce lundi : la fin du port obligatoire du masque dans les lieux soumis au passe vaccinal. Les personnes vaccinées ou guéries pourront donc se rendre sans masque au restaurant, au cinéma ou au musée. L’obligation du port du masque était obligatoire dans certains de ces lieux depuis juillet 2020. En revanche, le masque reste imposé dans les autres lieux publics comme les transports ou les magasins.

Autre mesure d’allégement importante : le protocole de dépistage est modifié pour les personnes vaccinées cas contacts. Elles n’auront plus désormais à réaliser qu’un seul autotest deux jours après avoir été déclarées cas contact, contre trois auparavant. Si l’autotest est positif, il devra être confirmé par un test antigénique ou PCR. La durée d’isolement pour les sujets contaminés reste en revanche la même : sept jours, sauf en cas de test négatif au bout de cinq jours. Enfin, le protocole sanitaire en vigueur dans les écoles est allégé pour les écoliers de la zone A de retour de vacances. Ils n’auront donc plus à porter de masque en récréation ou en cours de sport, tandis que la politique de dépistage a également été assouplie.

Les immunodéprimés s’inquiètent…

Cette nouvelle étape dans l’abandon des restrictions sanitaires, qui devrait être suivie à la mi-mars par la fin totale du masque en intérieur et l’abrogation du passe vaccinal, est justifiée par l’amélioration continue de la situation sanitaire depuis environ un mois. La France compte ainsi désormais moins de 2 500 personnes en soins critiques et 25 000 sujets hospitalisés.

Pourtant, ce retour progressif à la normale ne fait pas que des heureux. Il y a d’abord ceux qui s’inquiètent des conséquences sanitaires de cet allègement des règles sanitaires. Les personnes immunodéprimées et leurs proches notamment craignent que l’abandon du masque en intérieur les obligent à se montrer plus prudents, voir à s’auto-confiner. Sur les réseaux sociaux, les appels à conserver le masque en intérieur par solidarité avec les 300 000 immunodéprimés se multiplient. « L’abandon du masque est assez anxiogène pour les plus fragiles, là où les autres vont prendre avec allégresse cette liberté supplémentaire » explique Etienne Klein, président de l’association Ellye, qui regroupe des personnes atteintes de lymphome.

L’abandon des restrictions sanitaires inquiète également certains spécialistes. Membre du Conseil scientifique, l’épidémiologiste Dominique Costagliola estime que la fin du masque témoigne d’une « absence de solidarité » avec les sujets à risque. Même le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV), qui conseille le gouvernement, pointe du doigt le risque d’auto-isolement des sujets immunodéprimés, ce qui « amplifierait le risque de discrimination ». Sans se dédire pour autant, le Ministre de la Santé Olivier Véran espère que le masque ne disparaitra pas totalement et que les Français « prendront le réflexe » de le mettre.

…tandis que les sénateurs s’impatientent

A l’inverse, certains s’impatientent et souhaitent notamment la suppression immédiate du passe vaccinal. C’est la conclusion à laquelle est notamment arrivée la commission d’enquête du Sénat sur le sujet. Dans leur rapport rendu ce jeudi, les sénateurs demandent la levée « rapide et sans délai » du passe vaccinale, qualifié de « gadget » qui n’a pas rempli son objectif d’incitation à la vaccination. En effet, si 800 000 personnes ont reçu une primo-injection depuis l’annonce de la mise en place du passe vaccinal le 17 décembre dernier, cet outil « n’a pas permis de cibler en priorité les personnes non vaccinées les plus âgées, qui présentent le plus de risque de développer une forme grave » souligne le rapport. Une conclusion évidemment rejetée par Olivier Véran, qui déclarait mardi dernier devant les sénateurs que « le passe vaccinal a contribué utilement à la lutte contre l’épidémie ».

Le Sénat a également profité de ce rapport pour fustiger les méthodes de l’exécutif. Les parlementaires ont pêle-mêle dénoncé les annonces contradictoires du gouvernement, son manque de transparence dans la gestion de l’épidémie et l’utilisation abusive du conseil de défense, « qui ne trouve sa justification que dans le caractère exceptionnel de la situation, or l’exception dure depuis deux ans ». Après deux ans de crise et alors que l’épidémie est (peut-être) sur le point de s’arrêter, c’est apparemment l’heure de régler ses comptes.

Quentin Haroche

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