Paris, le mercredi 2 mars 2022 – La mortalité infantile est en
hausse en France depuis 2014, sans que les causes de cette
augmentation soient bien identifiées.
C’est une donnée qui ne fait pas grand bruit mais qui est pourtant
inquiétante sur ce qu'elle dit de l'état de la santé publique en
France : après plusieurs décennies de baisse continue, la mortalité
infantile est en hausse depuis 2014. C’est ce que l'on constate en
examinant les statistiques de l’Ined ou de l’Insee, qui montrent
que la mortalité infantile est passé de 3,3 morts pour 1 000
enfants de moins de 1 an en 2014 à 3,6 en 2019. Comme l’explique
Magali Barbieri, chercheuse à l’Ined (Institut national d’études
démographiques), « cette hausse est entièrement liée à une
hausse de mortalité dans le premier mois », tandis que la
mortalité après un mois a tendance à stagner.
Un problème français
Ce qui est particulièrement inquiétant dans cette aggravation
de la mortalité infantile, c’est qu’il s’agit d’un phénomène propre
à la France. En effet, ces dix dernières années, les autres pays
européens ont continué à voir leur taux de mortalité infantile
reculer ou stagner. Ainsi, alors que la France était en 2004 à la
4ème place des pays de l’UE en termes de
mortalité infantile, proche de pays comme l’Espagne ou la Suède,
elle se trouve désormais en 20ème position, juste derrière la
Pologne. Si la France avait suivi la même trajectoire que
l’Espagne, pays avec lequel elle avait un taux de mortalité
infantile similaire jusqu’en 2008, ce sont 700 enfants de plus qui
auraient survécu chaque année.
Plusieurs hypothèses sont avancées par les statisticiens pour
comprendre cette hausse. Tout d’abord, ces dernières années ont été
marquées par une augmentation des naissances à risque, avec la
hausse de l’âge des mères et la multiplication des naissances
gémellaires favorisée par l’assistance médicale à la procréation.
Cependant, ces phénomènes sont plus anciens que la hausse de la
mortalité en France et surtout ne sont pas propres à notre pays.
Magali Barbieri explique également que « paradoxalement, les
progrès de certains soins néonataux peuvent également faire
augmenter les statistiques de mortalité infantile : on sauve des
enfants à la naissance, dont une partie meurt quand même
ensuite ».
Une hausse due à la fermeture des maternités ?
Autre explication plus politique avancée par certains, la
hausse de la mortalité infantile serait due à la dégradation de
l’offre de soins en France et notamment à la fermeture de
nombreuses maternités. Mais Magali Barbieri tempère. « En
général, on a fermé des maternités parce qu’elles avaient une
qualité de soins jugée trop faible, donc le niveau moyen des soins
en maternité n’a pas forcément baissé en France ». La mortalité
infantile n’est ainsi pas plus élevée dans les départements où le
nombre de maternité par femmes en âge de procréer a
diminué.
Enfin, dernière piste, la départementalisation de l’île de
Mayotte en 2011, où la mortalité infantile est trois fois
supérieure à celle de la métropole, a pu faire gonfler les chiffres
français. Mais cela n’explique pas pourquoi la hausse de la
mortalité infantile est observée dans presque toutes les régions de
France.
En l’absence de données plus précises, les chercheurs en restent
donc à des conjectures pour expliquer cette hausse inquiétante. Le
Pr Jean-Christophe Rozé, chercheur à l’Inserm, propose donc
d’organiser une analyse de tous les décès infantiles survenus ces
dernières années. « La mortalité maternelle avait fait l’objet
d’un comité national qui avait passé en revue tous les décès
maternels liés à la grossesse » explique-t-il. « Cela a été
extrêmement efficace car ça nous a permis de réduire la mortalité
maternelle, mais on n’a pas l’équivalent pour les enfants
».
Qui meurt? Où ? Quels âges ? De quoi ? Quelles ethnies (maladies importées, troubles héréditaires, déficience intellectuelle des parents, du milieu, zones géographiques.... etc)? Quels milieux sociaux?
Le dossier méthodique de Recherche est loin d'être à la hauteur du titre.
Dr Jacques Borek
Quel état de l'enfant à la naissance ?
Le 04 mars 2022
La question qui doit être clairement posée : Quel était l'état de l'enfant à sa naissance? Apgar, Pds, terme? Dans quelle proportion se trouvaient des très grands prématurés, ayant un risque vital majeur mais "récupérés" par une réanimation techniquement impeccable, sans prise en compte de la fragilité extrême du sujet? Vivant à J0, décédé avant J30. Ce n'est qu'une hypothèse mais lorsque des pédiatres réanimateurs américains ont commencé à "sauver" des moins de 500g, le côté cow-boy a fait référence, un grand nombre d'équipes ont pris le même chemin, les unités de néonatologie ont proliféré, en. particulier en France.
Le nombre de prématurés a augmenté énormément, un cercle (vicieux?) s'est enclenché. Peut-être avons nous une population de nouveau- nés plus fragile en moyenne que 10 ou 20 ans plus tôt.Le côté pervers des progrès qui n'est pas "pensé" par une équipe de chercheurs trop jeunes pour l'imaginer ? Hypothèse à prendre en compte!
Dr Xavier Baizeau
Dans toutes les régions de France…
Le 07 mars 2022
Il y a quand même l’exemple de Mayotte qui pourrait être une piste, car il y a un phénomène démographique qui touche maintenant toutes les régions de France. Mais il n’est guère politiquement correct d’en parler, même de l’évoquer (données statistiques non conformes à la législation). À étudier peut-être de plus près en fonction de l’entourage de l’enfant, de l’éducation en santé des parents. Ce serait la piste « socio-éducative » ?…