
Pas d’effet de seuil chez nos voisins
Si les comparaisons internationales ne sont pas toujours
parfaites, en raison de critères de recensement parfois divers et
de méthodes épidémiologiques pas toujours exactement similaires, de
nouveaux chiffres viennent confirmer la situation particulière de
notre pays. Ainsi, l’INSEE remarque aujourd’hui que le taux de
mortalité infantile a stagné en France depuis 2005, autour de
3,7/1000, quand il a continué à diminuer dans un grand nombre de
pays de l’Union européenne durant cette période. Il est ainsi passé
de 3/1000 à 1,9/1000 en Finlande ou encore de 3,7/1000 à 2,7 / 1000
en Espagne durant la même période.
Tous les pays confrontés aux mêmes difficultés
Les facteurs mis en avant pour expliquer la mortalité
infantile ne permettent pas tous de comprendre la singularité
française. Tous les autres pays européens sont en effet également
confrontés à l’augmentation de l’âge des mères qui accroît les
naissances prématurées, à la progression de l’obésité (vis-à-vis de
laquelle la France connaît même une situation plutôt favorable), ou
encore au fait que les mères en situation de précarité connaissent
plus de naissance et leurs enfants plus de risque de mortalité
précoce.
Alerte dans les DOM
Désengagement après plus d’un siècle d’effort
De nombreux médecins voient plus certainement dans ces
résultats un témoignage de la crise de la périnatalité, évoquée
depuis des années par les spécialistes. Si le nombre plus élevé de
naissances en France par rapport à la très grande majorité des pays
européens n’est sans doute pas étranger aux difficultés qu’elle
rencontre, le désintérêt des pouvoirs publics est également à
interroger.
Ainsi, seuls 45 % des mesures prévues dans le plan
périnatalité pour les années 2005-2007 ont finalement été mises en
œuvre, ce qui traduit un certain désengagement.
Peut-être le gouvernement actuel, qui s’est par exemple engagé
en faveur de la vaccination obligatoire des nourrissons, aura-t-il
à cœur de faire évoluer cette situation. Soulignons néanmoins que
les données de l’INSEE permettent de mesurer l’immense chemin
parcouru en France comme dans les autres pays d’Europe en matière
de lutte contre la mortalité infantile depuis le début du
XXème siècle : en 1900, le taux de
mortalité atteignait 151,1 décès /1 000 !
Aurélie Haroche