Stagnation de la mortalité infantile en France

Paris, le mardi 26 juin 2018 - De nombreux rapports ont, ces dernières années, signalé les résultats décevants de la France concernant la mortalité infantile (par rapport aux autres pays de l’Union européenne). Ainsi, en février 2012, la Cour des Comptes déplorait : « Au classement des plus faibles taux de mortalité infantile, la France est passée du septième rang européen en 1999 au vingtième (sur trente pays) en 2009 (…). L’écart avec des pays comme la Suède et la Finlande (…) est significatif : en France, la mortalité au cours des 28 premiers jours de vie est équivalente à la mortalité sur l’ensemble de la première année en Suède, rapportée à 1 000 naissances », décryptaient les magistrats de la rue Cambon. Ces derniers regrettaient encore que la mortalité au cours de la première semaine soit passée de 1,6/1000 en 2005 à 1,8 en 2009.

Pas d’effet de seuil chez nos voisins

Si les comparaisons internationales ne sont pas toujours parfaites, en raison de critères de recensement parfois divers et de méthodes épidémiologiques pas toujours exactement similaires, de nouveaux chiffres viennent confirmer la situation particulière de notre pays. Ainsi, l’INSEE remarque aujourd’hui que le taux de mortalité infantile a stagné en France depuis 2005, autour de 3,7/1000, quand il a continué à diminuer dans un grand nombre de pays de l’Union européenne durant cette période. Il est ainsi passé de 3/1000 à 1,9/1000 en Finlande ou encore de 3,7/1000 à 2,7 / 1000 en Espagne durant la même période.

Tous les pays confrontés aux mêmes difficultés

Les facteurs mis en avant pour expliquer la mortalité infantile ne permettent pas tous de comprendre la singularité française. Tous les autres pays européens sont en effet également confrontés à l’augmentation de l’âge des mères qui accroît les naissances prématurées, à la progression de l’obésité (vis-à-vis de laquelle la France connaît même une situation plutôt favorable), ou encore au fait que les mères en situation de précarité connaissent plus de naissance et leurs enfants plus de risque de mortalité précoce.

Alerte dans les DOM

La situation particulière des Départements d’outre-mer où la mortalité infantile varie entre 6,8/1000 à la Réunion (taux le plus faible) et 9,2 pour 1 000 à Mayotte permet sans doute de mieux appréhender la spécificité de notre pays. En dépit des alertes répétées ces dernières années et d’une réelle prise de conscience des pouvoirs publics, la situation continue en effet à demeurer préoccupante dans la plupart des DOM, notamment à Mayotte. Néanmoins, même sans les DOM, la mortalité infantile française n’atteindrait pas les niveaux des pays les mieux placés : elle passerait par exemple pour l’année 2016 de 3,7/1 000 à 3,5 /1 000.

Désengagement après plus d’un siècle d’effort

De nombreux médecins voient plus certainement dans ces résultats un témoignage de la crise de la périnatalité, évoquée depuis des années par les spécialistes. Si le nombre plus élevé de naissances en France par rapport à la très grande majorité des pays européens n’est sans doute pas étranger aux difficultés qu’elle rencontre, le désintérêt des pouvoirs publics est également à interroger.

Ainsi, seuls 45 % des mesures prévues dans le plan périnatalité pour les années 2005-2007 ont finalement été mises en œuvre, ce qui traduit un certain désengagement.

Peut-être le gouvernement actuel, qui s’est par exemple engagé en faveur de la vaccination obligatoire des nourrissons, aura-t-il à cœur de faire évoluer cette situation. Soulignons néanmoins que les données de l’INSEE permettent de mesurer l’immense chemin parcouru en France comme dans les autres pays d’Europe en matière de lutte contre la mortalité infantile depuis le début du XXème siècle : en 1900, le taux de mortalité atteignait 151,1 décès /1 000 !

Aurélie Haroche

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