Lviv, le jeudi 10 mars 2022 – L’armée russe a bombardé l’hôpital pédiatrique de Marioupol ce mercredi, causant la mort d’au moins trois personnes.
L’horreur est montée d’un cran dans la guerre en Ukraine. Alors que le président Vladimir Poutine continue de prétendre que son armée évite le plus possible de tuer des civils, les forces russes ont bombardé ce mercredi l’hôpital pour enfants de Marioupol, port du sud-est de l’Ukraine. Si le maire de la ville, Pavlo Kirilenko, avait dans un premier temps fait état de seulement 17 blessés parmi le personnel hospitalier, le bilan s’est rapidement alourdit au cœur de la journée : trois personnes ont été tués, dont une petite fille.
Les Occidentaux s’indignent…mais n’interviendront pas
Les vidéos diffusées par les autorités ukrainiennes démontrent la violence du bombardement de mercredi. L’hôpital pédiatrique de Marioupol est désormais en ruines et les patients ont dû être évacués. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelenski, plusieurs personnes se trouvent encore sous les décombres, ce qui laisse présager un bilan plus lourd. Le chef d’Etat ukrainien a dénoncé un crime de guerre et en a profité pour réitérer sa demande auprès des pays d’occidentaux de mettre en place une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine pour empêcher ces bombardements. « Combien de temps le monde ignorera cette terreur ? Fermez le ciel maintenant, arrêtez les meurtres ! Vous en avez le pouvoir mais vous semblez avoir perdu votre humanité » a-t-il commenté sur Twitter. Une exhortation qui ne devrait pas être suivi d’effets, les Etats-Unis et l’Europe refusant de s’engager militairement dans le conflit.
Le bombardement de l’hôpital de Marioupol a été unanimement condamné par la communauté internationale. « Il n’y a rien de plus immoral que de cibler les personnes vulnérables et sans défense » a réagit le Premier Ministre britannique Boris Johnson sur Twitter. L’ONU et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont demandé « l’arrêt immédiat des attaques contre les établissements de santé, les hôpitaux, les travailleurs de la santé et les ambulances ». La Maison-Blanche a quant à elle dénoncé « l’utilisation barbare de la force militaire contre des civils innocents ».
19 attaques recensées contre des hôpitaux
Au total, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine il y a deux semaines, 19 attaques contre des hôpitaux, des soignants ou des ambulances ont été recensés par l’OMS, causant la mort d’au moins 10 personnes.
Cibler délibérément un hôpital est considéré comme un crime de guerre au regard du droit international. Mais pour justifier ce bombardement, le ministère des affaires étrangères russe a affirmé que des « bataillons nationalistes » ukrainiens avaient évacué l’hôpital, qui servait depuis de base de tirs. Une explication plus que douteuse au vu des images qui nous proviennent de l’attaque, sur lesquels on ne distingue aucune installation militaire.
Assiégée par l’armée russe depuis le 26 février, Marioupol est en train de devenir une ville martyre de l’Ukraine. Selon les autorités locales, 1 207 civils y auraient déjà été tués dans les bombardements russes. Alors que les habitants devaient être évacués de la cité ce lundi via des couloirs humanitaires, l’opération a finalement été interrompue et le cessez-le-feu rompu, chaque camp se renvoyant la responsabilité de cet échec. Plus de 300 000 habitants sont donc toujours pris au piège dans la ville assiégée, sans eau, nourriture ou électricité, laissant craindre un désastre humanitaire encore plus grave.
Quentin Haroche