
Paris, le mercredi 23 mars 2022 - C’est un constat parfaitement contre-intuitif. La région francilienne, réputée la plus peuplée et la plus riche de France, est malgré tout le premier désert médical de métropole, selon l’URPS (Union régionale des professionnels de santé).
Pour l’ARS, on parle de « zone d’intervention prioritaire » (traduction juridique du « désert médical ») lorsque le nombre de consultations accessibles par an et par habitant sur un territoire donné est inférieur à 2,5 consultations avec une comptabilisation de tous les médecins de 65 ans et moins.
Se basant sur le prochain zonage de l’ARS Ile-de-France, l’URPS indique que 7,5 millions de Franciliens (62,4% de la population) vivent actuellement dans un « désert médical ». En 2018, ces zones ne couvraient que 37 % du territoire. Un phénomène qui touche toute la région, y compris certains quartiers du nord de la capitale.
Urgence
Ce constat fait dire à l’URPS que l’Île de France fait face à une « urgence vitale ». Selon les chiffres de l’association, en 10 ans, la région a perdu 3 742 médecins libéraux dont 1 821 généralistes. Mais aussi 28% de ses dermatologues, 26% de ses gynécologues, 22% de ses ophtalmologues et de ses rhumatologues.
“C’est une catastrophe et ce n’est pas près de s’arranger”, a dénoncé Valérie Briole, ajoutant qu’en Ile-de-France, un médecin sur deux avait plus de 60 ans et un sur quatre, plus de 65. “Cela donne une idée de la progression des déserts”, a ajouté la rhumatologue.
De manière très concrète, 1,7 millions de patients se retrouvent actuellement sans médecin traitant. Un déficit en praticiens qui entraine également la fermeture de services de garde ainsi que la mauvaise organisation des centres d’appel.
Recréer l’attractivité
En février dernier, l’UPRS avait déjà alerté sur l’aggravation de la situation dans la capitale.
La progression des déserts médicaux trouve sa source dans le vieillissement des praticiens. A Paris, la moyenne d’âge de la profession est de 57 ans. 52 % des généralistes en exercice ont plus de 60 ans. Et même 33 % ont plus de 65 ans.
Les prix de l’immobilier, la difficulté à trouver des locaux (et notamment des locaux aux normes ERP) et surtout celle de gérer une nouvelle clientèle semblent repousser les jeunes médecins à s’installer dans la ville et ses environs.
Pour contrecarrer cette hémorragie de médecins, l’URPS estime qu’il faudrait notamment augmenter les tarifs de consultation, afin de recréer de l’attractivité. L’URPS milite également pour l’élargissement des critères d’aide financière à l’installation, et pour que soit mis en place un service de soutien économique, juridique, immobilier aux cabinets fragilisés.
C.H.