
Paris, le 8 avril 2022 - « Je suis fier, avec vous, d’avoir lancé ce qu’on appelle les 1000 premiers jours » déclarait Emmanuel Macron samedi dernier devant ses supporters à la Défense Arena de Nanterre. « Ce grand projet qui depuis l’extension du congé paternité jusqu’à l’accompagnement des mères vise à donner les mêmes chances à chacun, quelle que soit sa naissance » se félicitait alors le président candidat à sa réélection.
Le 8 septembre 2020, le célèbre neuropsychiatre Boris Cyrulnik remettait un rapport sur cette question à Adrien Taquet, secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des Familles. Un long travail de 130 pages ayant mobilisé de nombreux experts et conduit à l’édiction de plusieurs recommandations au gouvernement.
Mais dans le sillage des travaux de la commission d’enquête du Sénat sur le recours aux cabinets de conseils par les administrations, Boris Cyrulnik a eu la désagréable surprise d’apprendre qu’en parallèle de ses travaux, le cabinet Roland Berger avait été mandaté pour plancher sur le même sujet.
Un rapport d’un cabinet de mauvaise qualité selon la DITP !
Selon les informations de L’Obs, le cabinet Roland Berger aurait reçu la somme de 425.565,60 euros pour la remise d’un rapport pourtant contesté. En effet, selon le rapport sénatorial, la Direction interministérielle de la Transformation publique (DITP) a estimé que les travaux effectués par le cabinet « n’étaient pas au niveau » et que « la valeur ajoutée sur le scénario de chiffrage n’était pas à la hauteur d’un cabinet de stratégie ».
« Je suis étonné et désorienté par cette nouvelle », a réagi Boris Cyrulnik qui n’était pas au courant de cette « mise en concurrence ». Une désagréable surprise alors même que ce dernier aurait éprouvé le plus grand mal à obtenir le remboursement de frais engagés dans le cadre de ce rapport.
Des rapports complémentaires pour le gouvernement
Contacté par Le HuffPost ce 6 avril, l’entourage du secrétaire d’Etat Adrien Taquet a au contraire été « très satisfait des résultats » qui ont permis « à cette grande politique publique d’être déployée sur le territoire ». Un rapport jugé « complémentaire ».
La DITP s’est chargé de passer un appel d’offre avec le cabinet de conseil pour « la seconder dans ses missions, comme c’est très souvent le cas en cas de charge de travail ou de mission innovante comme celle-ci », indique le ministère.
L’Elysée a fait savoir qu’il n’était « évidemment » pas au courant de cette décision de gestion dépendante d’un ministère.
« Les lois c'est comme les saucisses, il vaut mieux ne pas être là quand elles sont faites » disait Otto von Bismarck. Il en est sans doute de même pour les rapports.
C.H.