Tiers-Payant généralisé : la botte secrète du président-candidat ?

Paris, le vendredi 15 avril 2022 – Le tiers payant généralisé (TPG) est de retour ! La réforme, voulue par François Hollande et Marisol Touraine avait été ajournée sine die face à la résistance pugnace des médecins libéraux et avait fini de pourrir les relations entre la ministre de la santé d’alors et les syndicats de praticiens de ville.

La mise en place du TPG s’était heurtée au refus des médecins de l’étendre à la part prise en charge par les complémentaires santé. Ils étaient en effet tombé d’accord pour faire « crédit » à l'Assurance maladie, mais pas à courir après les 400 mutuelles du marché.

Fin 2017, même l’IGAS (l’Inspection générale des affaires sociales) avait qualifié cette généralisation « d'irréaliste », en mettant en exergue les « freins techniques » sur la part des complémentaires. Son report avait été acté dans le PLFSS 2018. Une plateforme commune informatisée pour les complémentaires avait été ensuite mise au point, et Agnès Buzyn avait promis une généralisation fin 2019…sans parvenir à tenir ce délai et avant que la Covid-19 n’escamote le projet.

Un appel du pied aux mélenchonistes ?

Or, selon une information du quotidien Les Echos, confirmée par l’entourage du Président de la République (notamment le syndicaliste et médecin François Braun devenu un proche d’Emmanuel Macron au cours du quinquennat), le président-candidat envisagerait d’instaurer le tiers payant généralisé, y compris pour la part complémentaire.

La solution consisterait à confier un rôle d’intermédiaire financier à l'Assurance maladie, qui paierait les médecins, puis recouvrerait les fonds auprès des assureurs. Le Dr Braun promet déjà, dans le Quotidien du médecin que « toutes les mesures prises iront dans la voie de la simplification ».

Ce TPG serait même, selon certains observateurs, la botte secrète du président pour se rallier les voix mélenchonistes.

On oublie un peu vite que les syndicats dénonçaient également une déresponsabilisation des patients et une dévalorisation de l’acte médical…

Le débat est donc loin d’être clos.

Gabriel Poteau

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Vos réactions (13)

  • Déresponsabilisation des patients, vraiment ?

    Le 15 avril 2022

    Ancien médecin de CHU, à la retraite depuis 3 mois, donc arrivé à 72 ans à l'âge des ennuis de santé, plus que le problème de tiers payant, je suis confronté à des délais de RDV (Merci Doctolib !) insupportables pour me faire soigner (2 mois d'attente pour une IRM du genou, ménisque à opérer,....3 mois d'attente, en pleine rééducation, bien sûr impossible, d'une paralysie quadricipitale; imagerie suspecte de prostate taxée de probable cancer, heureusement l'abcès s'est évacué par voie naturelle avant que la biopsie prévue 2 mois après ait pu être faite, incrédulité des urologues).
    Il me semble que ces attentes sont autrement plus graves pour les patients. L'un dans l'autre, des semaines d'attente, d'angoisse, avec un véritable parcours du combattant pour des hospitalisations de jour, avec des tonnes de documents (ah! La qualité sur Excel...).

    Je suis prêt à parier que les patients seraient prêts à débourser quelques euros si il y avait enfin des délais raisonnables... et des médecins moins embêtés par la paperasse ou l'ordinateur pendant une consultation qui du coup en serait vraiment une.

    Pr André Muller

  • Retuur vers le futur

    Le 15 avril 2022

    Ca s'appelait Noemie 3 dans les années 90. Retour vers le futur ?

    Dr Pierre Nevians

  • Rôle des secrétaires et de l'Assurance maladie

    Le 15 avril 2022

    J'ai eu deux vies professionnelles:
    - Une vie de libéral (près de 30 ans). Dans les dernières années, je pratiquais le Tiers-Payant sur la part Sécu et, grâce à la mise en place de la FSE, j'étais réglé rubis sur l'ongle en quelques jours par la Sécu.
    - Un vie en Centre de santé comme salarié où nous pratiquons le Tiers-Payant intégral chaque fois que possible. C'est un énorme travail pour les secrétaires de tout vérifier mais globalement cela fonctionne.
    Moralité: ce système ne peut fonctionner que sous deux conditions sine qua non: 1) un secrétariat formé pour vérifier et oui, beaucoup mieux et en sus du point 1), 2) que l'Assurance Maladie joue ce rôle d'intermédiaire, rôle qui reste à préciser.
    Quant à la "déresponsabilisation des patients et une dévalorisation de l’acte médical…", je ne l'observe pas.

    Dr Thibault Heimburger

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