Quand la Chine confinera, le monde tremblera

Pékin, le mercredi 27 avril 2022 – La mise sous cloche de la deuxième puissance économique mondiale menace l’activité de la planète entière. Depuis plusieurs mois déjà, sous l’effet combiné de la vaccination, du variant Omicron mais aussi d’une certaine lassitude, la plupart des pays du monde ont décidé de « vivre avec le virus » et reprennent une vie quasi normale bien que la Covid-19 soit bien loin d’être éradiquée. La Chine, qui fait actuellement face à une poussée épidémique sans précédent (pour elle) due au variant Omicron, continue en revanche de miser sur des mesures drastiques. La stratégie zéro Covid, qui repose sur des dépistages massifs de la population et des confinements stricts au moindre cas, est toujours d’actualité dans l’Empire du milieu

A l’heure actuelle, ce sont plus de 370 millions de Chinois qui sont confinés dans 45 villes différentes représentant 40 % du PIB chinois (soit environ 7 % du PIB mondial). Shenzhen, mégapole du sud de la Chine où sont fabriqués les produits informatiques du monde entier, a été confinée en mars. A Shanghai, dont le PIB équivaut à celui de la Pologne, les habitants sont enfermés depuis le début du mois d’avril. Et Pékin pourrait bientôt subir le même sort.

Le premier port du monde à l’arrêt

A première vue, cette mise à l’arrêt d’une partie du pays ne semble pas avoir de graves conséquences économiques immédiates, la croissance du PIB chinois au premier trimestre 2022 étant de 4,8 %, soit plus que les prévisions initiales de 4,3 %. Mais selon la plupart des économistes, ce n’est qu’à partir du 2ème trimestre que les effets du confinement se feront sentir. Tous s’accordent à dire que l’objectif fixé par le parti communiste chinois d’une croissance annuelle de 5,5 %, déjà la plus faible depuis plus de 30 ans, ne sera pas atteint. Les premiers signes d’essoufflement de l’économie sont déjà là : le chômage monte et les ventes au détail plongent (de + 7,5 % en janvier à - 3,5 % en mars), les « riches » habitants de Shanghai étant dans l’impossibilité de consommer. Evidemment, le ralentissement de l’économie du premier exportateur mondial et de la 2ème puissance économique a des effets sur l’activité dans le monde entier. Le port de Shanghai, premier au monde, tourne au ralenti. Chaque camionneur qui entre dans la ville pour amener des marchandises doit respecter une quarantaine de deux semaines avant de pouvoir repartir. L’activité du port aurait déjà baissé de 40 %. Les deux aéroports de la cité de 26 millions d’habitants, la plus peuplée de Chine, ont vu 90 % de leurs vols annulés.

Des salariés contraints de dormir au bureau

Pour tenter de ne pas faire fuir les investisseurs étrangers, le gouvernement chinois multiplie les messages rassurants. « La Chine coordonnera et résoudra activement les difficultés rencontrées par les entreprises étrangères » a assuré jeudi dernier Gao Feng, porte-parole du ministre du Commerce. Afin de limiter le plus possible le ralentissement de l’activité économique, les entreprises n’hésitent pas à contraindre leurs employés à vivre confinés en permanence au sein des bureaux ou des usines, mettant en place une bulle sanitaire les séparant du reste de la population chinoise. Les chaines d’approvisionnement mondiales commencent également à connaitre des difficultés sous l’effet du confinement chinois. Depuis deux ans et le début de la pandémie, les Occidentaux ont tenté de diversifier leurs approvisionnements mais il est bien difficile de devenir totalement indépendants de la Chine. « Après le premier confinement, j’avais trouvé des sous-traitants en Afrique du Nord, mais ils dépendent eux-mêmes de la Chine et risquent de stopper leurs usines » explique au Figaro un industriel français.

Une stratégie disproportionnée et inefficace

Difficile de prédire quel sera l’impact réel du confinement chinois sur l’économie mondiale. Les observateurs les plus pessimistes craignent que l’Europe n’entre en récession en 2022, sous l’effet combiné de la guerre en Ukraine et de la situation en Chine. Prudente, la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI) Kristalina Georgieva a évoqué « des retombées mondiales substantielles » tout en réaffirmant sa confiance dans l’économie chinoise. La solution la plus simple serait que la Chine abandonne sa stratégie zéro-Covid qui semble à la fois hors de proportion avec la gravité de l’épidémie en termes de mortalité et surtout inefficace : depuis le début du confinement, le nombre de contaminations a continué à augmenter à Shanghai et 87 personnes y sont décédés selon le décompte officiel. Mais pour le moment, les dirigeants du parti communiste chinois continuent d’affirmer que leur stratégie est la bonne et de multiplier les slogans dignes des années Mao : « Il faut faire preuve d’un esprit d’assaut dans le combat décisif pour déraciner la Covid ».

Nicolas Barbet

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