
Paris, le mercredi 27 avril 2022 – La réunion entre les syndicats de salariés d’officine et les représentants des pharmaciens officinaux n’a pas permis d’aboutir à une revalorisation des salaires.
Rien ne va plus entre le syndicat de salariés Force Ouvrière et la
Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FPSF), syndicat
majoritaire (75 % des voix) des patrons de pharmacie. Dans un
communiqué paru ce mardi, au lendemain de la réunion de la
Commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation
(CPPNI) qui n’a abouti à aucun accord sur les salaires, FO a rejeté
la responsabilité de cet échec sur la FPSF, dénonçant « la
surdité patronale quant aux légitimes revendications salariales du
personnel ».
La FSPF n’avait pas de mandat
Pour comprendre les causes de cette passe d’armes entre syndicat et patronat, il faut remonter au 16 novembre dernier. A l’époque, les représentants des salariés et des patrons se mettent d’accord pour une augmentation de 3 % du point conventionnel de salaire. Problème : l’accord n’entre en vigueur que le 16 mars et entre temps l’inflation a fortement augmenté pour atteindre 4,5 % (sur un an) en mars. Aussitôt entré en vigueur, l’accord du 16 novembre est donc déjà obsolète. Par ailleurs, un autre problème se fait jour avec l’annonce d’une revalorisation du SMIC de 2,65 % au 1er mai. Puisque seuls certains salaires en officine sont indexés sur le SMIC, cette augmentation risque de provoquer un tassement des rémunérations.
Dans ce contexte, le syndicat FO obtient une réunion de la CPPNI
pour le 25 avril, dont l’objet est « une négociation salariale
complémentaire à l’accord du 16 novembre ». A la réunion, le
représentant de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine
(USPO), le syndicat patronal minoritaire, dispose d’un mandat de
son conseil d’administration pour négocier…mais pas l’envoyé de la
FSPF. Dès lors, l’USPO étant minoritaire, il devient impossible de
négocier immédiatement une revalorisation.
Un problème procédural que FO n’a que peu appréciée. « La FSPF
ne disposait d’aucun mandat de négociation alors que le sujet était
prévu depuis deux mois ! » s’emporte Olivier Clarhaut,
secrétaire fédéral de la branche officine du syndicat. FO a par
conséquent convaincu tous les autres syndicats de salariés de «
suspendre toute signature d’accords collectifs tant que la
négociation salariale n’a pas repris et débouché sur une nouvelle
et nécessaire revalorisation des salaires minima
conventionnels ».
Nouvelle réunion prévue le 7 juin
Du côté de la FSPF, on se défausse de toute responsabilité dans cet échec des négociations. D’un point de vue procédural, Philippe Denry, vice-président du syndicat, rappelle que le représentant de l’USPO pouvait très bien signer seul un accord avec les syndicats sur une revalorisation des salaires. « Il n’y a pas de notion de majorité du coté patronal, nous avons juste le droit de refuser l’extension de l’accord des salaires » rappelle le pharmacien.
Surtout, la FSPF défend sa position de ne pas aller trop vite en
besogne sur une éventuelle revalorisation des salaires et cela
malgré l’augmentation rapide de l’inflation. Le syndicat rappelle
que les revalorisations du point conventionnel de salaire et du
SMIC vont déjà peser sur les finances des pharmacies et qu’il est
donc nécessaire de « mesurer la soutenabilité économique des
revendications salariales des organisations syndicales des
salariés ». Il a donc été annoncé le lancement d’une enquête
sur le niveau effectif de rémunération en officine (prenant en
compte les primes exceptionnelles, le 13ème mois et
l’intéressement…) dont les résultats seront annoncés en juin.
Pour calmer le jeu avec les syndicats de salariés, la FSPF, qui
s’est dit « préoccupée par l’augmentation continue de
l’inflation et ses répercussions sur le pouvoir d’achat des équipes
officinales », a accepté une nouvelle réunion de la CPPNI pour
le 7 juin. En espérant que cette nouvelle négociation se passe dans
de meilleures conditions.
Quentin Haroche