
Paris, le vendredi 15 avril 2022 – L’augmentation conventionnelle des salaires en officine a déjà été rendue obsolète par l’inflation et les syndicats demandent donc de nouvelle réévaluation.
Des millions de salariés français ont en ce moment la désagréable impression que l’inflation va bien trop vite pour leurs niveaux de rémunérations. Les salariés d’officine n’échappent pas à ce triste constat et à la diminution de leur rémunération nette d’inflation. Ainsi, ces derniers avaient obtenu en fin d’année dernière, aux termes de négociation entre leurs représentants et ceux du patronat, une augmentation de 3 % du point conventionnel de salaire inscrite dans un accord signé le 16 novembre dernier. A l’époque, cette augmentation était suffisante pour couvrir l’inflation, qui n’était que de 2,7 %.
Le compte n’y est pas
Mais l’administration française étant ce qu’elle est, l’accord n’a été publié au Journal Officiel et n’est devenu effectif que le 16 mars dernier, sans effet rétroactif. Entre temps, la guerre en Ukraine a éclaté, avec son lot de conséquences sur le commerce mondial et l’énergie, provoquant une accélération de l’inflation. L’augmentation des prix (en valeur annuelle) a ainsi atteint 3,6 % en février, 4,5 % en mars et elle pourrait atteindre 5 % en mai. A peine entrée en vigueur, l’augmentation conventionnelle de la rémunération des salariés d’officine est donc devenue obsolète.
Les syndicats de salariés d’officine et en premier lieu Force Ouvrière (FO) demandent donc une nouvelle augmentation des salaires, qu’ils vont tenter d’obtenir auprès du patronat lors de la prochaine Commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation (CPPNI). « Le compte n’y est pas » estime Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral des salariés d’officine FO, après avoir rappelé la différence entre la valorisation accordée en novembre et l’inflation actuelle.
Quand les syndicats défendent la hiérarchie
« Si l’on veut maintenir le pouvoir d’achat des salariés d’officine, il faudra intégrer dans les calculs le différentiel entre les 3 % et l’inflation réelle » explique le syndicaliste, qui préfère ne pas révéler avant les négociations le niveau exact des revendications de FO. Olivier Clarhaut s’attend à des négociations difficiles avec les représentants du patronat. « Il faudra probablement passer par un groupe de travail mais de notre côté, nous nous battrons pour obtenir le meilleur taux de revalorisation possible dans l’intérêt des salariés » assure-t-il.
Autre point qui fera l’objet de négociations lors de la prochaine CPPNI, la prise en compte de la prochaine revalorisation du SMIC de 2,65 %, qui sera effectif au 1er mai prochain. En effet, les salaires des employés polyvalents en pharmacie sont indexés sur le SMIC, mais pas ceux des pharmaciens salariés ou des préparateurs. L’augmentation du SMIC provoque donc un tassement des grilles de salaires et une diminution des écarts de rémunérations entre les différentes professions de l’officine. FO va donc demander lors des prochaines négociations une augmentation de toutes les grilles de salaire afin de « maintenir les écarts hiérarchiques ». Voilà donc que les syndicats se mettent à défendre la hiérarchie et les écarts de salaires…
Nicolas Barbet