Scandales sexuels à la faculté de médecine de Tours : des inspections ministérielles diligentées

Tours, le mardi 3 mai 2022 - Les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur ont saisi l'Inspection générale de l'Education, du Sport et de la Recherche pour qu'elle enquête sur les réponses apportées par l'Université de Tours aux accusations de violences sexuelles visant l'un de ses étudiants en médecine.

Négligence coupable ou respect de la présomption d’innocence ?

Certains (notamment l’ANEMF*) reprochent en effet au président de cette Université et au doyen de la faculté de médecine de cet établissement de ne pas avoir engagé de procédure disciplinaire contre un étudiant en médecine qui fait l’objet depuis septembre 2020, de cinq plaintes pour viol et agressions sexuelles, dont trois émanant d'étudiantes de la même faculté.


Selon des informations de France Info le doyen de la faculté de médecine, le Pr Patrice Diot (également président de la conférence des doyens des facultés de médecine) s’est bien chargé du dossier malgré l'opposition de plusieurs responsables de l'université. Devant plusieurs témoins, il aurait mis en garde sur le caractère délicat de cette affaire,  les parents de l'étudiant étant des praticiens réputés de Tours. Il aurait néanmoins interdit verbalement au suspect de venir à l'université et de retourner en stage, mais le jeune homme n'aurait pas respecté cette interdiction officieuse.


Le 30 septembre 2020, ce dernier a finalement été placé en garde à vue, puis mis en examen et placé en détention provisoire pendant deux mois. Il a ensuite été remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec interdiction de séjourner en Indre-et-Loire mais avec autorisation de reprendre son cursus.
Après le refus de plusieurs universités, il a finalement été admis à Limoges en septembre 2021.


Ce n’est que dans la nuit du 14 au 15 avril dernier que cette affaire a éclaté au grand jour avec une série d’affiches sur les murs de la faculté de médecine de Tours, dans lesquelles un collectif féministe dénonçait ces faits et accusait l'université de complaisance. Au-delà de l’affaire en question, Actions féministes Tours pointait un harcèlement sexuel et sexiste endémique dans les services d'urologie, d’orthopédie et de cardiologie du CHU. Le Pr Patrice Diot a depuis porté plainte pour diffamation contre ce collectif.

Après les dernières révélations de France info sur ce dossier, le vendredi 29 avril au matin, l'université de Tours a réagi dans un communiqué. Elle se dit « consciente de l'incompréhension et de la colère suscitées » et assure avoir « sollicité auprès du rectorat une enquête externe » et « remercie le ministère de l'Enseignement supérieur de l'avoir rapidement diligentée ». 


Les résultats de ces investigations seront connus dans une dizaine de jours.
Demain, l’ANEMF sera auditionnée « nous espérons que les signalements comme ceux-là soient, à l’avenir, toujours suivis de mesures sur le terrain » explique Alexis Loupan au Quotidien du médecin. Il propose ainsi « un éloignement automatique du mis en cause » et « des services hospitaliers problématiques », comme ceux de gynécologie.


Soulignons que, sur le plan juridique, une telle mesure d’éloignement « automatique » sur simple dénonciation paraît discutable voire contraire au principe fondamental de la présomption d’innocence.
*Association nationale des étudiants en médecine de France

Marlène Augustin

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