Et maintenant, il faut prendre en charge les Covids longs !

Fin avril 2022, l’on comptait plus de 500 millions d’infections par le SARS-CoV-2 dans le monde. Une des particularités de cette maladie est le risque de séquelles variables à long terme, regroupées sous la dénomination de « Covid long ». Les mécanismes et la prise en charge thérapeutique de ces manifestations sont encore très mal connus.

Une étude prospective longitudinale de cohorte britannique (PHOSP-COVID) a analysé les caractéristiques de malades hospitalisés au Royaume Uni pour une infection par la Covid-19 cinq mois (2 320 sujets) et douze mois (807 sujets, 32,7 %) après leur sortie de l’hôpital. Un bilan était réalisé lors de ces 2 étapes comprenant des questionnaires PROMs (« patient-reported outcome measures » ou « résultats rapportés par le patient ») portant sur l’anxiété, la dépression, le stress post-traumatique, la fatigue, la dyspnée, la qualité de vie ; on mesurait le niveau de performance physique et l’état cognitif et on réalisait une exploration fonctionnelle respiratoire, un test de marche et un bilan biologique.

La question finale posée à la personne à l’issue de ce bilan était : pensez-vous être guéri ? (réponses possibles : oui - non - pas sûr[e)]. Une particularité de l’étude statistique était la réalisation d’une analyse en cluster pour isoler des groupes similaires de sujets.

Un an après une hospitalisation pour Covid, la moitié des patients ne se sentent pas guéris

Malgré les effectifs différents de patients étudiés à 5 et 12 mois, la répartition de l’impression de guérison (oui -non - pas sûr[e], dans cet ordre) était comparable : respectivement 25,5 % et 28,9 %, 54,9 % et 48,8 %, 19,6 % et 22,4 %.

Trois éléments ressortent significativement en analyse multivariée comme associés à une absence de guérison ressentie à 12 mois : sexe féminin, obésité et mise en œuvre d’une ventilation invasive lors de l’hospitalisation. Le bilan à 5 mois confirme, comme cela a déjà été rapporté, que 4 types généraux (« clusters ») peuvent être isolés dans le Covid long.

Le premier groupe comprend les sujets avec atteinte physique et psychique très sévère ; le deuxième groupe les sujets avec atteinte physique et psychique sévère ; le troisième groupe les sujets avec atteinte physique modérée et atteinte cognitive ; le quatrième groupe les sujets avec atteinte physique et psychique légère. Les principaux symptômes de Covid long étaient : fatigue, myalgie, ralentissement physique et dyspnée. Le principal élément biologique identifié à 5 mois était le taux plus élevé d’interleukine 6 dans le premier et le troisième groupe.

Le bilan à 12 mois retrouve une capacité vitale forcée et un VEMS inférieurs à 80 % des valeurs prédites respectivement chez 18 % à 37 % et 18 % à 27 % des sujets selon les 4 groupes. À cette étape le test de marche était compris entre 44 % et 72 % des valeurs théoriques selon les 4 groupes.

Augmenter l’offre de soins

Les auteurs concluent que seule une minorité de patients se sentent pleinement guéris de la Covid-19 cinq (26 %) et douze (29 %) mois après la maladie. Des possibilités pharmacologiques et non pharmacologiques existent concernant notamment la correction de l’inflammation systémique et la prise en charge nutritionnelle.

On regrettera peut-être une certaine frilosité des chercheurs vis à de la réadaptation, qui par son approche multidisciplinaire et la progressivité de sa mise en œuvre par des équipes entraînées  peut, comme cela a été démontré dans de nombreuses pathologies respiratoires chroniques, améliorer les performances physiques, la qualité de vie et l’hygiène de vie sans forcément entraîner d’effet indésirable musculaire ou respiratoire.

En tout état de cause une augmentation de l’offre de soins pour la prise en charge de cette pathologie est nécessaire et doit être anticipée.

Dr Bertrand Herer

Référence
PHOSP-COVID Collaborative Group. : Clinical characteristics with inflammation profiling of long COVID and association with 1-year recovery following hospitalisation in the UK: a prospective observational study. Lancet Respir Med. 2022 ; publication avancée en ligne le 22 avril.. doi: 10.1016/S2213-2600(22)00127-8.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article