Le mal-être des étudiants en sciences infirmières

Paris, le mercredi 25 mai 2022 – Selon la dernière enquête de la Fnesi, la santé mentale des étudiants infirmiers s’est fortement dégradée ces cinq dernières années.

On le sait, la crise sanitaire a fortement affecté la santé mentale des professionnels de santé et des étudiants. Déjà confrontés à des études difficiles et stressantes, les étudiants en sciences infirmières (ESI) ont particulièrement durement vécu cette période exceptionnelle. C’est ce que semble montrer en tout cas la dernière enquête menée par la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi) sur le bien-être des étudiants, dont les résultats ont été révélés la semaine dernière à l’occasion d’une conférence tenue au Salon infirmier 2022.

16 % des ESI ont des pensées suicidaires

« C’est avec gravité que nous vous présentons cette enquête édifiante » a commenté Mathilde Padilla, présidente de la Fnesi, comme pour souligner la gravité de la situation. Tous les indicateurs de santé mentale se sont en effet dégradés chez les étudiants infirmiers depuis la dernière enquête menée en 2017.

Ainsi, 61 % des étudiants infirmiers interrogés (15 652 réponses exploitables au total) estiment que leur santé mentale s’est dégradée depuis le début de leur formation (contre 53 % en 2017). 23 % ont consulté un médecin pour des problèmes psychiatriques depuis le début de leurs études (14 % en 2017) et 34 % consomment des anxiolytiques (27 % en 2017), dont la moitié « à cause du retentissement de la formation » (selon les étudiants interrogés). Plus grave encore, 16 % des futurs infirmiers déclarent avoir des pensées suicidaires, soit deux fois plus qu’en 2017.

Un mal-être qui favorise des comportements nocifs pour la santé. Environ un quart des étudiants infirmiers fument et 56 % des étudiants fumeurs expliquent avoir augmenté leur consommation depuis le début de leur formation en raison du stress. Plus d’un futur infirmier sur trois boit régulièrement de l’alcool et un sur huit a déjà consommé des stupéfiants.

Un étudiant infirmier sur six victime d’agression sexuelle en stage

Cette détérioration de la santé mentale est favorisée par des conditions de travail éprouvantes, notamment durant les stages à l’hôpital. Un étudiant sur trois affirme avoir été victime de harcèlement et un sur six d’agression sexuelle, un phénomène malheureusement fréquent dans ce métier très féminisé. Ce sont au total 59 % des étudiants qui affirment avoir envisagé d’abandonner leurs études.

Les étudiants infirmiers n’ont malheureusement pas une santé physique bien meilleure que leur santé mentale. « Les études de santé et les métiers de la santé sont des professions très physiques » fait remarquer la Fnesi. « 81 % des ESI ont des douleurs musculo-squelettiques et 31 % consomment des antalgiques ».

La Fnesi a mis sur la table plusieurs propositions pour améliorer la santé mentale des étudiants infirmiers et leur situation en général. Entre autres propositions, elle recommande notamment de permettre aux ESI de profiter de consultations gratuites chez le psychologue et d’investir dans les services de santé universitaire.

Plus globalement, la Fnesi réclame que les droits des futurs infirmiers soient alignés sur ceux des autres étudiants avec un accès aux services du Crous et une augmentation des indemnités de stage (compris actuellement entre 1,03 et 1,7 euros de l’heure). « Nous ne sommes pas de la main d’œuvre à bas coût, nous somme là pour apprendre à des être de futurs professionnels de santé » revendique la Fnesi. 

Nicolas Barbet

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Vos réactions (1)

  • Pourquoi maintenant ?

    Le 29 mai 2022

    Les ESI ne sont pas plus pressurés qu’avant. Une nouvelle fragilité imprévisible ? C’est qu’on a quasiment supprimé toute sélection à l’entrée dans la filière. Inévitablement, certains n’y sont pas à leur place. Et ce n’est pas une filière facile. Il faut être capable de voir certaines choses. Travailler de longues heures. Nos jeunes d’aujourd’hui y sont-ils préparés ?

    Dr André Marquand

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