
Paris, le vendredi 1er juillet 2022 – Les contaminations et hospitalisations repartent à la hausse, mais le gouvernement affiche un optimisme prudent et mise sur la responsabilité individuelle.
Entre « rassuristes » et « alarmistes », le combat reprend de plus belle. Alors que notre pays est de nouveau touché par une vague de Covid-19, la septième depuis mars 2020 si vous avez bien suivi, les partisans de la prudence et des restrictions sanitaires, qui prônent le retour du masque obligatoire voire du passe vaccinal, s’opposent à ceux qui préfèrent miser sur la responsabilité individuelle et estiment que le temps des contraintes et des restrictions est révolu.
Quelques chiffres, tout d’abord, pour mesurer l’ampleur de la vague qui nous touche. La France compte actuellement 92 000 contaminations quotidiennes en moyenne hebdomadaire, soit presque 5 fois plus qu’il y a un mois, quand on ne comptait que 18 000 tests positifs par jour. Selon le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé Publique France, publié ce jeudi, tous les indicateurs épidémiques sont en hausse : le taux de positivité (28,1 % contre 24,1 % la semaine dernière), le taux d’incidence (742 contre 483) et le nombre de nouvelles admissions à l’hôpital (4 486 contre 3 771).
Une mortalité stable et « faible »
Une recrudescence de l’épidémie due à l’arrivée d’un nouveau sous-variant d’Omicron, le BA5, plus contagieux mais apparemment pas plus pathogène, qui représente désormais 59 % des nouvelles contaminations et qui est en passe de supplanter BA2, majoritaire depuis le mois de mars. La hausse des hospitalisations est particulièrement marquée chez les plus de 80 ans et les autorités sanitaires s’alarment du nombre insuffisant de personnes ayant reçu une deuxième dose de rappel : seulement 25,5 % des 60-79 ans et 31,3 % des plus de 80 ans éligibles ont reçu une quatrième dose et les récents appels du gouvernement et des médecins à se faire vacciner n’ont pour l’instant créer aucun engouement.
Voilà donc du coté des mauvaises nouvelles. Mais les plus optimistes d’entre nous ont aussi du grain à moudre. On note tout d’abord que, bien qu’en hausse, l’impact de la vague actuelle sur l’hôpital est pour l’instant plus que modéré : on ne compte que 15 800 patients Covid-19 à l’hôpital, dont 930 en soins critiques et environ 40 % d’entre eux seraient des Covid fortuits, c’est-à-dire des personnes testées positives mais hospitalisées pour une autre raison. Par comparaison, au 20 avril dernier, on comptait 25 000 hospitalisés dont 1 680 en soins critiques, sans que grand monde ne s’en émeuve. La mortalité reste quant à elle stable et à un niveau faible, avec moins de 40 décès par jour (par ou avec Covid), au plus bas depuis novembre dernier.
L’exemple rassurant du Portugal
Les « rassuristes » appellent à tenir compte de l’exemple du Portugal, qui a été touché par la vague BA5 quelques semaines avant la France. Un mois après que cette nouvelle vague ait atteint son pic, le nombre de contaminations y est déjà revenu à son niveau d’avant la vague. Le pays a certes connu une légère hausse des hospitalisations et des décès, mais très passagère et sans commune mesure avec les vagues précédentes.
Pour le Pr Jean-François Delfraissy, la France devrait a priori suivre le même chemin. En se basant sur la vague épidémique de l’été 2021, le président du conseil scientifique estime que la vague actuelle devrait atteindre son pic fin juillet, début août au plus tard, avant une rapide régression et probablement une nouvelle vague à l’automne due à l’arrivée d’un second variant.
Que faire pour freiner cette vague en attendant ? Rien ou presque à en croire l’immunologiste qui estime que le rebond actuel « ne va pas gâcher l’été parce que nous sommes vaccinés » et qu’il n’est pas nécessaire de rétablir le port obligatoire du masque dans les lieux clos et les transports en commun comme certains le préconisent.
Fin de l’état d’urgence le 31 juillet
Le gouvernement semble sur la même ligne et avoir définitivement adopté la voie du laissez-faire, sans que l’on sache s’il s’agit d’un véritable changement de paradigme après deux ans de contraintes en tout genre, ou si cette attitude est dictée par le climat politique incertain. Ces derniers jours, la ministre de la santé sur le départ Brigitte Bourguignon et la Première Ministre Elisabeth Borne ont toutes les deux exclu un retour des restrictions sanitaires, préférant en appeler au « civisme » de la population.
Alors que l’état d’urgence sanitaire, qui permet au gouvernement de prendre rapidement des mesures restrictives, doit prendre fin le 31 juillet, le prochain projet de loi sanitaire qui vient d’être adopté en Conseil des ministres a été réduit à sa portion congrue. Si l’on en croit les journalistes politiques, le gouvernement ne conservera que la possibilité de rétablir des contrôles sanitaires aux frontières en cas de propagation d’un nouveau variant. Pour toute autre mesure plus contraignante, il faudra en passer par le Parlement. Malgré la reprise de l’épidémie, le gouvernement semble donc bien décidé à tourner définitivement la page de la crise sanitaire.
Nicolas Barbet