Le gouvernement ferme la porte aux contraintes à l’installation

Paris, le jeudi 7 juillet 2022 – La nouvelle ministre en charge des professions de santé s’est dite personnellement opposée à toute contrainte à l’installation.

C’est un vieux débat qui ressurgit régulièrement et qui mobilise la médecine libérale depuis plusieurs années. Face à la désertification médicale qui s’accentue et au manque de médecins en zones sous-denses, nombreux sont ceux qui militent pour limiter la liberté d’installation des médecins libéraux, avec des contraintes plus ou moins importantes. Le 19 novembre dernier, des députés de tous bords avaient déposé une proposition de loi visant à obliger les jeunes médecins fraichement diplômés à exercer trois ans dans un désert médical et à interdire l’installation dans les zones sur-dotées (sauf en cas de départ préalable d’un médecin). Plus récemment en juin dernier, c’est l’association des maires de France (AMF) qui préconisait de revenir sur le dogme de la liberté d’installation.

Alors que la France est touchée par une pénurie de soignants qui devient alarmante et qu’on en appelle à des solutions innovantes, à l’hôpital comme en ville, une mise au point du gouvernement sur la question de la liberté d’installation était attendue. Elle est venue d’Agnès Firmin-Le Bodo, nommée ce lundi ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé.

Pour cette pharmacienne de profession, la liberté d’installation n’est pas négociable. « A titre personnel, j’ai toujours été contre la contrainte à s’installer » a-t-elle déclaré au journal Paris-Normandie ce mercredi. « On sait que l’on manque de professionnels dans tous les domaines et partout mais la réponse à cette question n’est pas la contrainte » a-t-elle ajouté. « Le vrai sujet, c’est le manque de professionnels de santé et ce n’est pas sous la contrainte que l’on arrive à faire les choses » a-t-elle encore insisté. Selon la ministre, il va falloir trouver des solutions d’urgence pour juguler la pénurie de médecins « en attendant que la réforme du numerus clausus (supprimé en 2020) porte ses effets ». Elle dit déjà « avoir des pistes pour lutter contre les déserts médicaux ».

L’ancienne députée, issue des rangs du parti Horizons d’Edouard Philippe, a profité de l’interview pour tracer les lignes de sa feuille de route et de sa méthode de travail à ce poste énigmatique de ministre de l’organisation territoriale et professionnels de santé. Le maître mot est celui de la concertation, une expression à la mode en ces temps de majorité relative. Elle entend ainsi travailler main dans la main avec les élus locaux, les professionnels de santé, les associations de patients, les agences régionales de santé (ARS) sans oublier sa collègue Caroline Cayeux, ministre déléguée chargée des collectivités territoriales. L’objectif est la « co-construction de solutions » et la ministre promet de ne jamais prendre de décisions avant d’avoir « échangé avec les partenaires ».

Les déclarations d’Agnès Firmin-Le Bodo devraient ravir les syndicats de médecins libéraux, farouchement opposés à toute contrainte à l’installation, même s’ils attendront sans doute confirmation de la bouche de François Braun ou d’Elisabeth Borne pour crier victoire. En revanche, ce refus de revenir sur la liberté d’installation devrait faire quelques mécontents au sein de l’Assemblée, notamment chez les députés représentant des territoires ruraux et ne pas faciliter les alliances.

Quentin Haroche

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Vos réactions (1)

  • Amusant

    Le 10 juillet 2022

    La contrainte, c'est dépassé en agriculture, comme en médecine: ces deux professions qui traient "la vache ". Avec un plan de gestion de la santé publique, partagée, il suffit de mettre, où il faut, les bonnes incitations. Notre pandémie de COVID : combien de temps peut-elle durer ?

    https://flutrackers.com/forum/forum/internet-communication/avian-flu-diary/953675-our-covid-pandemic-how-long-can-it-last

    Nous savons une partie de ce qui va être vu nos erreurs plus ou moins voulues. En fait, en agriculture, il peut exister des contraintes, avec mise à mort de la totalité des cheptels, mais, cela n'est pas la norme.

    Dr Bertrand Carlier

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