
Genève, le lundi 25 juillet 2022 – Après plusieurs semaines d’hésitation, l’OMS a décidé de qualifier l’épidémie de variole du singe d’urgence de santé publique internationale.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) revoit sa copie. Un mois après avoir refusé de qualifier l’épidémie actuelle de variole du singe d’ « urgence de santé publique internationale » (USPI), l’organisation onusienne est finalement revenue sur sa position et a décidé ce samedi de déclencher le niveau d’alerte maximale prévue par le règlement sanitaire international.
La décision d’augmenter le niveau d’alerte a été prise par le directeur de l’institution, le Dr Thedros Ghebreyesus, malgré les avis divergents de ses conseillers, puisque neuf des quinze membres du comité d’experts réuni pour se pencher sur la situation s’étaient prononcés contre l’activation de ce niveau d’alerte exceptionnel.
L’Europe de l’ouest épicentre de l’épidémie
Ce revirement de l’OMS s’explique par l’augmentation rapide des cas observés ces dernières semaines. Au total, depuis que l’épidémie a commencé en Europe début mai, près de 17 000 cas de cette zoonose ont été recensés dans le monde, dans 74 pays différents, d’après le dernier bilan des CDC en date de vendredi dernier.
Selon le règlement de l’OMS, l’urgence de santé publique internationale doit être déclenchée face à un « évènement extraordinaire dont il est déterminé qu’il constitue un risque pour la santé publique dans d’autres Etats en raison du risque de propagation internationale et qu’il peut requérir une action internationale coordonnée ».
C’est la septième fois depuis 2009 que l’OMS déclenche ce niveau d’alerte, la dernière en date étant l’épidémie de Covid-19 en janvier 2020.
Malgré cette décision, le directeur de l’OMS s’est voulu rassurant, indiquant que « le risque lié à la variole du singe est modéré globalement dans toutes les régions, sauf en Europe », continent le plus touché par l’épidémie. On compte ainsi notamment plus de 3 100 cas en Espagne, 2 200 au Royaume-Uni et 1 567 en France.
En Espagne, un cluster a été identifié dans un salon de tatouage de Cadix où 12 clients ont été contaminés. L’établissement a été temporairement fermé et les autorités sanitaires espagnoles ont rappelé l’importance du respect des règles d’hygiène dans les salons de tatouage ou de piercing.
Les leçons des « années SIDA »
Selon une étude publiée ce jeudi dans le New England Journal of Medicine, 95 % des personnes contaminées l’ont été au cours d’un rapport sexuel et 98 % des cas sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).
Depuis le début de l’épidémie, les autorités sanitaires des pays occidentaux sont partagés entre d’un côté la volonté louable de ne pas vouloir stigmatiser la communauté homosexuelle et de l’autre la réalité des chiffres, qui indiquent que les homosexuels ayant des partenaires multiples sont bien plus à risque que le reste de la population.
« Il y a une réelle inquiétude que les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes puissent être stigmatisées ou blâmés pour la flambée des cas » s’inquiète le Dr Ghebreyesus.
A New York, où 839 cas ont été recensés (soit 30 % des cas Américains), l’importante communauté homosexuelle de la ville se mobilise pour alerter sur les dangers de la maladie. Les associations LGBT de la grosse pomme dénoncent en effet l’inaction des autorités et la grande difficulté à trouver des créneaux pour se faire administrer un vaccin antivariolique.
Mais les militants homosexuels constatent également que,
quarante ans après le début de l’épidémie de SIDA, les choses ont
heureusement évolué dans le bon sens. « La ville fait un
travail admirable pour s’assurer qu’on ne soit pas stigmatisé, les
leçons des années 1980 ont été retenues, on ne parle pas de virus
homo » constate Jason Cianciotto, vice-président de
l’association de lutte contre le SIDA GMHC.
Nicolas Barbet