
Genève, le mardi 26 juillet 2022 – L’OMS a rendu la semaine dernière son premier rapport sur la santé des réfugiés.
Les récentes guerres en Europe et au Moyen-Orient ont jeté sur les routes des millions de réfugiés et le dérèglement climatique et la surpopulation pourraient encore augmenter le nombre de déplacés ces prochaines décennies. On compte actuellement sur la planète 281 millions de migrants internationaux (3,5 % de la population mondiale) et 82 millions de personnes déplacées de force.
A elle seule, la guerre en Ukraine a contraint 7 millions de personnes à fuir leur pays en seulement 5 mois. C’est dans ce contexte particulier que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a rendu public mercredi dernier son premier rapport sur la santé des réfugiés, réalisé à partir de données recueillies par 16 pays différents concernant près de 17 millions d’individus.
Les immigrés surreprésentés dans les métiers dangereux
Sans surprise, le rapport révèle que les réfugiés sont généralement en moins bonne santé que la population des pays d’accueil. Si les personnes déplacées ne sont pas intrinsèquement en moins bonne santé, ce sont leurs conditions de vie dégradées qui affectent leur état. Ces migrants ont ainsi un moins bon accès au logement, à l’éducation, au travail et aux services de santé que la population locale.
Le rapport révèle notamment que nombreux sont ceux qui ne consultent pas de médecins lorsqu’ils sont malades soit parce qu’ils n’en ont pas les moyens, soit parce qu’ils ne bénéficient pas de couverture médicale ou parce qu’ils craignent d’être expulsés.
Les réfugiés souffrent notamment de manière accrue de diabète ou de maladies cardiovasculaires ou respiratoires favorisées par leur déplacement et leurs mauvaises conditions d’accueil. Les migrants présentent également un risque augmenté d’être victimes d’accidents du travail, puisqu’ils sont surreprésentés dans les emplois dangereux ou exposés à des produits nocifs.
Par ailleurs, 34 % des réfugiés vivant en Europe souffrent de troubles dépressifs. Enfin, s’agissant plus spécifiquement des femmes, l’accès à la contraception et aux soins prénataux leur est particulièrement difficile.
Tirer les leçons de l’accueil des Ukrainiens
L’OMS appelle donc les Etats à se mobiliser pour améliorer la santé des réfugiés, rappelant notamment qu’une mauvaise santé des migrants peut également avoir des conséquences néfastes pour la population du pays d’accueil, en particulier en cas d’épidémie.
L’instance onusienne constate d’ailleurs que les données sur la santé des personnes déplacées sont souvent éparses et incomplètes. « Si nous voulons que les choses bougent, il faut investir de toute urgence pour améliorer la qualité, la pertinence et l’exhaustivité des données relatives à la santé de ces populations » a rappelé le Dr Zsuzsanna Jakab, directrice générale adjointe de l’OMS.
Le rapport préconise par ailleurs d’inclure les réfugiés dans le processus d’élaboration des politiques sanitaires à leur destination et rappelle que dans de nombreux pays développés, les immigrés ou personnes d’origine étrangère constituent une partie importante du corps médical.
Malgré cet état des lieux peu réjouissant, tout n’est pas noir dans le rapport dressé par l’OMS. Le Dr Santino Severoni, directeur du programme Santé et migration de l’OMS, se réjouit notamment de la manière dont les services de santé européens ont pris en charge les réfugiés ukrainiens, qui bénéficient de soins gratuits dans toute l’Union Européenne.
« Le secteur a immédiatement mis en place des actions afin
de les aider à surmonter les obstacles à l’accès aux soins » a
déclaré le médecin italien, qui estime que cela montre qu’un
accueil humaniste est possible à condition que la question soit
« dépolitisée ».
Nicolas Barbet