Hôpitaux et libéraux face au choix du masque

Paris, le mardi 2 août 2022 – Depuis ce lundi, l’obligation de porter un masque à l’hôpital n’est plus imposée par la loi et chaque établissement doit donc faire le choix de maintenir cette disposition ou non.

Le retour à la normale est acté. Ce lundi, après plus de deux ans d’état d’exception, la France est officiellement sortie de l’état d’urgence sanitaire. Le gouvernement s’est ainsi dépouillé de tous ses pouvoirs exorbitants. S’il a finalement conservé la possibilité  d’imposer un test négatif aux frontières, l’exécutif ne pourra donc plus (sans vote du Parlement) rétablir le confinement, le couvre-feu ou même le port du masque obligatoire.

Mais les Français n’ont pas pour autant dit définitivement adieu au masque, puisque l’obligation de le porter pourra être maintenu dans les hôpitaux, les cabinets médicaux, les pharmacies et les laboratoires de biologie.

En effet, 24 heures avant la fin de l’état d’urgence sanitaire, le ministère de la santé a publié au journal officiel un arrêté autorisant les directeurs d’hôpitaux, les médecins libéraux et les responsables de pharmacie ou de laboratoire à obliger leurs salariés et leurs patients de plus de 6 ans à porter un masque à l’intérieur de leur établissement.

Cet arrêté a été pris au motif que « le port du masque de protection constitue un rempart contre la propagation du virus et de ses variants » et que « les lieux de soins accueillent les publics les plus fragiles ou susceptibles de développer des formes graves de la Covid-19 » peut-on lire dans les motifs du texte.

L’AP-HP maintient le port du masque

S’agissant des cabinets médicaux et des pharmacies, ce nouvel arrêté ne fait qu’entériner la situation en vigueur depuis un décret du 13 mars dernier, qui laissait déjà le choix aux médecins libéraux et aux pharmaciens de maintenir ou non le port obligatoire du masque. Les hôpitaux étaient en revanche soumis à l’obligation du port du masque depuis 2020 et même au passe sanitaire, qui a donc disparu ce lundi.

Ce jeudi, le ministre de la santé François Braun a indiqué qu’il était « très fortement recommandé de maintenir le port du masque au sein des établissements sanitaires et médico-sociaux ». En pratique, plusieurs hôpitaux ont d’ores et déjà fait savoir que le port obligatoire du masque en intérieur pour les soignants, les patients et les visiteurs serait maintenu jusqu’à nouvel ordre.

C’est le cas notamment à l’AP-HP, plus grand groupe hospitalier français, aux CHU de Bordeaux et de Nice et, semble-t-il, même si la question n’a pas encore été définitivement tranchée, à l’AP-HM de Marseille. D’autres établissements envisagent de ne maintenir cette obligation que dans certains services qui n’accueillent que les patients les plus fragiles.

L’épidémie en net recul

Ce retour du choix et de la liberté ne fait en tout cas pas que des heureux. Dans une tribune publiée ce dimanche dans l’Express, un collectif de patients et de soignants, parmi lesquels notamment le Dr Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), demande le maintien de l’obligation du port du masque à l’hôpital.

« Sans masques, soignants et patients seront exposés à un risque accru d’infection, avec des conséquences aussi néfastes que prévisibles pour un système de santé déjà à genoux » écrivent les auteurs de la tribune, qui craignent également que l’abandon de l’obligation fasse naitre des tensions entre pro et anti masque.

Ils prennent notamment l’exemple du Royaume-Uni, où le NHS a finalement rétabli le port obligatoire du masque à l’hôpital dans certaines régions face à la hausse des cas d’infections nosocomiales.

Ce nouveau relâchement des mesures sanitaires intervient alors que l’épidémie de Covid-19 est actuellement dans une phase de recul. On compte en effet environ 45 000 contaminations quotidiennes contre 130 000 début juillet. Le ministère de la santé a d’ailleurs annoncé que la recommandation sur le masque « pourrait naturellement être ajustée si la situation épidémique devait continuer à s’améliorer ».

Quentin Haroche

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