
Une équipe de psychiatres parisiens propose « la première étude rapportant une forte prévalence du chemsex dans une population étudiante » en France.
Rappelons que ce terme ‘‘chemsex’’ est un mot-valise combinant ‘‘chemical’’ (produits chimiques en anglais) et ‘‘sex’’, autrement dit l’association d’une activité sexuelle à une prise de « substances psychoactives », dans l’idée (généralement illusoire) de « faciliter ou améliorer des relations sexuelles ».
En d’autres termes, le « chemsexer » (partenaire sexuel adepte de cette pratique) cherche à doper sa satisfaction sexuelle par la prise concomitante d’une drogue : cocaïne, acide gamma-hydroxybutyrique, kétamine, méthamphétamines...
Une enquête en ligne auprès d’étudiants
Pour cette étude (portant sur 680 personnes), les auteurs ont proposé un « questionnaire en ligne anonyme comprenant 15 questions sur les caractéristiques socio-démographiques, la pratique du chemsex, la satisfaction sexuelle, le type de substances utilisées et leur voie d’administration ».
Malgré un possible biais de sélection (dans la mesure où les sujets concernés sont les plus susceptibles de s’intéresser à une enquête en ligne sur ce thème), cette recherche permet de constater la fréquence importante de ce phénomène parmi les étudiants français, puisque 22,5% des participants évoquent « un comportement de chemsex durant l’année écoulée ».
Une analyse multivariée permet de repérer certains facteurs associés à cette pratique : le recours à des sites ou à des applications de « dating » (rencontres amoureuses) [p=0,049] et l’usage « plus d’une fois par mois » de vidéos pornographiques [p=0,002)].
Certains facteurs sont aussi « associés de façon significative » au chemsex : le fait d’avoir un(e) partenaire sexuel lui (elle)-même déjà impliqué(e) dans cette pratique [p < 0,0001] ; le célibat [p=0,007] ; une orientation sexuelle « autre que l’hétérosexualité » [p=0,0013] ; « et surtout une orientation de type bisexuel » [p=0,0002].
Une pratique à risque
Les auteurs estiment que « d’autres études plus larges devraient être menées » pour confirmer ces résultats suggérant « une forte prévalence de ce comportement à risque ».
Les risques de cette pratique associent en effet ceux de l’usage dit récréatif de substances parfois très néfastes (d’autant plus que leur combinaison en « cocktails » hasardeux ou à d’autres produits comme l’alcool ou des médicaments peut amplifier ces dangers) et ceux de relations non protégées, susceptibles d’entraîner une infection sexuellement transmissible, en particulier par le VIH : ces risques sont aggravés par le relâchement de la vigilance sur l’usage du préservatif, dans un contexte de désinhibition facilitée par les substances chimiques consommées.
Dr Alain Cohen