Washington, le mercredi 24 août 2022 – Le gouvernement américain souhaite créer un taux maximum de nicotine autorisé par cigarette et renforce ses restrictions contre les cigarettes électroniques.
Chaque année, 480 000 Américains meurent du fait du tabagisme, faisant du tabac la première cause de mortalité évitable aux Etats-Unis. Si les campagnes d’information, les taxes et les restrictions en tout genre ont permis de réduire fortement la part des fumeurs dans la population américaine, 14 % des Américains continuent de fumer quotidiennement, soit environ 45 millions de personnes.
Pour assurer une diminution importante du nombre de fumeurs ces prochaines années, la Food and Drug Administration (l’agence du médicament américain) a révélé le 21 juin dernier son nouveau plan de lutte contre le tabagisme.
Baisse de 95 % du taux de nicotine par cigarette
La principale mesure de ce nouveau dispositif vise à imposer progressivement au cours des prochaines années un taux maximum de nicotine par cigarette. La FDA souhaite ainsi faire diminuer de 95 % le taux de nicotine contenue dans les cigarettes vendues aux Etats-Unis, qui passerait d’un taux compris entre 10 et 15 milligrammes par cigarette à moins de 0,5 milligramme.
Une telle politique rendrait la cigarette très peu addictive voire non-addictive. « Transformer les cigarettes en des produits peu ou pas addictifs sauverait des vies » a déclaré Robert Califf, directeur de la FDA.
« Diminuer le taux de nicotine dans les cigarettes abaisserait le risque que les futures générations deviennent addicts à la cigarette et aiderait des fumeurs actuels à arrêter de fumer ».
Selon une étude réalisée par la FDA et publiée dans le New England Journal of Medicine en 2018, réduire le taux de nicotine dans les cigarettes permettrait de diminuer la part de fumeurs dans la population américaine à seulement 1,4 % d’ici 2060, sauvant la vie de près de 3 millions de personnes en 40 ans.
« Cette seule mesure pourrait avoir le plus grand impact sur la santé publique de toutes les politiques de santé publique » estime Mitch Zeller, l’ancien directeur de la FDA qui avait déjà envisagé un plan similaire en 2017.
La principale limite de ce plan, comme tout système de prohibition, est qu’il risque de créer un marché noir de cigarettes contenant un fort taux de nicotine vers lequel se tourneront les fumeurs les plus addicts.
Le fabricant de e-cigarette Juul banni des Etats-Unis
Les Etats-Unis ne sont pas le premier pays à vouloir diminuer le taux légal de nicotine par cigarette. La Nouvelle-Zélande a également pris cette décision cette année, dans le cadre d’un plan ambitieux visant à interdire la vente de tabac aux personnes nées après 2008 pour créer la première génération sans tabac.
Le nouveau plan anti-tabac de la FDA s’accompagne d’une politique de plus en plus hostile des autorités américaines envers la cigarette électronique. En effet, depuis septembre 2020, la FDA a décidé de revoir l’ensemble des autorisations de mises sur le marché accordées aux systèmes électroniques de délivrance de nicotine (SEDEN), conduisant à l’interdiction de nombreux produits.
Le 23 juin dernier, la FDA a ainsi interdit la vente de l’intégralité des e-cigarettes de la marque Juul, qui détient 36 % des parts de marché de cigarette électronique aux Etats-Unis. La société a depuis saisi la justice et un juge a temporairement suspendu cette interdiction.
La nécessité de combattre la cigarette électronique fait débat parmi les tabacologues. Si certains estiment qu’elle n’est qu’un ersatz de cigarette dont la consommation doit être combattue, d’autres insistent sur son caractère moins nocif que la cigarette et sur son éventuel apport dans l’arrêt du tabac.
En France, le Haut Conseil de la Santé Publique a récemment estimé que la cigarette électronique ne devait pas être utilisé comme substitut nicotique.
A l’inverse, au Royaume-Uni, la cigarette électronique peut être
délivrée sur prescription médicale.
Nicolas Barbet
