Vaccin covid, la voie nasale sera-t-elle la voie royale ?

New Delhi, le lundi 12 septembre 2022 – Des vaccins anti Covid-19 par voie nasale ont été autorisés en Inde et en Chine.

Les vaccins contre la Covid-19 disponibles depuis fin 2020 ont permis de réduire sensiblement  le risque de développer une forme grave de la maladie, réduisant ainsi l’impact de l’épidémie sur nos systèmes de santé et nos vies. Mais force est de constater que ces vaccins n’ont que très imparfaitement rempli leur autre objectif, celui de prévenir la contamination et la contagion. Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 reste ainsi très élevé, y compris dans les pays occidentaux où plus de 80 % de la population est vaccinée.

Une innovation pourrait cependant permettre d’améliorer l’efficacité des vaccins contre la contagion : les vaccins intranasaux.

Une réponse immunitaire locale


En effet, alors que les vaccins injectés par voie intramusculaire provoquent une réaction immunitaire générale, ceux injectés par voie nasale entrainent en plus une réaction immunitaire locale, en favorisant la production d’immunoglobulines A par les lymphocytes B des muqueuses respiratoires.

Cela permettrait en théorie de créer « une première ligne de défense à l’endroit où le virus pénètre » selon le Dr Mike Ryan, responsable des situations d’urgence à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ainsi d’empêcher la contamination du sujet.

Cette semaine, la Chine et l’Inde ont autorisé leurs tous premiers vaccins intranasaux. Le vaccin chinois est développé par le laboratoire CanSino Biologics (qui a également développé un vaccin intramusculaire), s’administre par inhalation par le nez et la bouche et n’est utilisé que comme dose de rappel. Le vaccin indien, créé par la firme Bharat Biotech, se présente sous la forme de gouttelettes intranasales et peut être utilisé en primo-vaccination.

Ces deux vaccins se basent sur des vecteurs viraux atténués non réplicatifs.

Aucune étude publiée


Les deux géants indiens et chinois ne sont pas les premiers pays à développer des vaccins par voie intranasale. En octobre dernier, l’Iran est devenu le premier État à autoriser l’utilisation d’un tel type de vaccin et 5 millions de doses y auraient été déployées. La Russie a également autorisé un vaccin intranasal, mais peu de données sont connues sur ce produit.

Plus d’une centaine de vaccins par voie inhalée sont actuellement à l’étude dans le monde, dont une vingtaine sont en phase d’essais cliniques. En France, les chercheurs de l’université de Tours travaillent sur un vaccin intranasal à protéine recombinante et espèrent débuter les essais cliniques en début d’année prochaine. Mais le recul de l’épidémie a fait disparaitre le sentiment d’urgence qui avait permis le développement extrêmement rapide des premiers vaccins contre la Covid-19.

De plus, il devient de plus en plus difficile de trouver des individus qui n’ont jamais été vaccinés ou contaminés pour participer aux essais cliniques.

Bien que les vaccins intranasaux soient théoriquement très prometteurs, on dispose pour l’heure de très peu d’éléments sur leur efficacité et leur innocuité. Ni l’indien Bharat Biotech ni le chinois CanSino Biologics n’ont pour le moment publié les résultats des essais cliniques qu’ils ont réalisé.

Plusieurs vaccins administrés par voie nasale ont été autorisés dans d’autres maladies avec des fortunes diverses. En 2001, un vaccin antigrippal intranasal développé par une firme suisse avait ainsi été retiré du marché après avoir provoqué plusieurs cas de paralysie faciale.

Si les vaccins intranasaux pourraient à terme bouleverser la lutte contre l’épidémie de Covid-19, cette révolution risque donc d’être bien plus lente que celle de l’ARNm.

Nicolas Barbet

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (4)

  • Déjà en cours en France

    Le 13 septembre 2022

    COMMUNIQUE DE PRESSE - Depuis un an, l’équipe de recherche BioMAP de l’UMR INRAE-Université de Tours Infectiologie et Santé Publique s’est engagée dans la mise au point d’un vaccin nasal contre le virus SARS-CoV-2, 100 % français, en pleine cohérence avec l’engagement dans la recherche partenariale promue par l’Institut Carnot France Futur Elevage dont INRAE et l’Université de Tours sont cotutelles.
    Ces travaux, qui visent la conception d’un candidat vaccin à base de protéines virales administrable par voie nasale, s’accélèrent. Ce texte date de fin 2021.

    Maignan, Pharmacien

  • Deux poids, deux mesures

    Le 13 septembre 2022

    Si le vaccin intranasal contre la grippe a été retiré après plusieurs cas de paralysie faciale, on se demande encore ce que fait le vaccin Pfizer ou Moderna sur le marché après tous les effets secondaires qu'ils entraînent, paralysie faciale, zona, péricardite, myocardite, problème neurologique, cécité, surdité, et autres problèmes gynécologiques, la liste à la Prévert serait interminable...

    Dr V. Bentolila

  • Vaccination au point d'entrée.

    Le 14 septembre 2022

    La notion/probabilité qu'une vaccination administrée au point d'entrée puisse réduire la contagion n'est pas neuve. De mémoire je l'enseignais dans les années 80.
    En tout cas c'est ici, comme pour toutes les infections respiratoires, une piste à creuser et on se demande pourquoi il a fallu tant de temps (même pour l’Université de Tours, précurseure) pour s'y intéresser. Mais, comme certaines mauvaises langues l'ont envisagé (les vilaines), peut-être ne sont-ils pas assez rentable pour nos décideurs nationaux.

    Dr Y. Gille
    Dr. Yves Gille, microbiologiste retraité.

Voir toutes les réactions (4)

Réagir à cet article