
« Nous choisissons d’aller sur la Lune durant cette décennie,
pas parce que c’est facile, mais parce que c’est difficile »
déclarait le président américain John Kennedy le 12 septembre 1962.
60 ans jour pour jour après ce discours célèbre et prémonitoire,
Joe Biden, lointain successeur du président Kennedy, a fixé aux
États-Unis un objectif plus prosaïque que la conquête spatiale mais
sans doute tout aussi difficile à atteindre : vaincre le
cancer.
Dans une allocution à la bibliothèque John Kennedy de Boston,
le président démocrate a dit vouloir mettre fin au cancer « tel
qu’on le connait » et « guérir les cancers une bonne fois
pour toutes ». « En Amérique, nous pensons que tout est
possible » a-t-il déclaré, toujours en référence au discours de
son illustre prédécesseur.
Dépistage, traitement et lutte contre les inégalités
Le cancer est la deuxième cause de mortalité aux États-Unis,
derrière les maladies cardio-vasculaires et a causé la mort de 600
000 personnes en 2020. Si la mortalité par cancer a déjà diminué de
27 % ces vingt dernières années aux États-Unis, Joe Biden souhaite
la faire encore reculer de 50 % dans les 25 prochaines
années.
« Il s’agit de faire en sorte que, de plus en plus, le cancer
ne soit pas une condamnation à mort, mais une maladie chronique
avec laquelle les gens peuvent vivre » espère le locataire de la
Maison Blanche.
Pour remplir cet objectif, le président Biden a évoqué entres
autres une meilleure communication autour des essais cliniques, les
recherches en cours sur l’élaboration d’un test de dépistage
sanguin et les tentatives de développements de vaccins et de
nouveaux traitements moins lourds. « Imaginez, plutôt qu’une
chimiothérapie éprouvante, devoir prendre un simple cachet acheté à
la pharmacie du coin » a expliqué optimiste le président
américain.
Autant d’initiatives qui s’insèrent dans un programme plus
général appelé « Cancer Moonshot », créé par le président
Barack Obama en 2016 et relancé par Joe Biden à son arrivée à la
Maison Blanche en 2021.
Une question personnelle
Dans un pays où le prix des traitements est souvent prohibitif
et où il n’existe aucun système d’assurance santé universelle, le
combat contre le cancer passe également par la lutte contre les
inégalités d’accès aux soins. Le président Biden a ainsi rappelé
que le Congrès avait récemment limité à 2 000 euros par an les
dépenses de santé personnelles des bénéficiaires du programme
Medicare (soit les Américains de plus de 65 ans et les plus
pauvres).
« Quand ils reçoivent le diagnostic, la première chose à
laquelle beaucoup de gens pensent c’est : comment je vais payer les
soins ? » regrette le chef de l’Etat.
A deux mois des élections législatives, l’allocution
présidentielle a parfois pris des accents politiques. « Le
cancer n’est ni rouge ou bleu (comprenez républicain ou démocrate,
NDLR) battre le cancer est quelque chose que nous pouvons faire
ensemble » a imploré Joe Biden, qui a également indiqué qu’il
sera primordial de
garantir l’indépendance sanitaire du pays, « pour que nous
puissions fabriquer aux États-Unis tout ce que nous inventons aux
États-Unis ».
La question du cancer revêt une dimension éminemment
personnelle pour Joe Biden, dont le fils Beau a été emporté par un
cancer cérébral en 2015 à l’âge de 46 ans.
Rappelons qu’en 1971, le président Richard Nixon avait déjà
déclaré la guerre au cancer en signant le National Cancer
Act avec pour objectif de vaincre le cancer dans les 20 ans
!
Grégoire Griffard