
Paris, le samedi 17 septembre 2022 - En 2020, plus de 250
applications médicales ont été intégrées chaque jour dans les « app
stores », soit 90 000 dans l'année !
Sans surprise, la grande majorité de ces « outils »
n'ont fait l'objet d’aucune validation clinique. Une équipe
française a mis au point une méthode de notation* qui permettrait
d'évaluer la qualité et la pertinence clinique de chaque
application. Ce score s’appuie sur 26 questions inspirées par les
critères d'évaluation de la Haute Autorité de santé a été élaboré
avec l’aide « d’expert en e-santé » et d’associations de
patients permettant d'évaluer et de comparer la pertinence et la
qualité clinique de ces dispositifs. Il a passé au crible 68
applications. Les applications d'oncologie (22 %) et les solutions
de « santé générale » (23 %) étaient les plus représentées. Sur les
68 applications, 32 (47 %) étaient impliquées dans la surveillance
à distance par des professionnels de la santé. Le score global
médian était de 11,2 sur 20 (fourchette 4,7-17,4). « Cet outil
de présélection multi-domaines est simple, rapide et peut être
déployé à grande échelle pour initier une évaluation de la
pertinence et de la qualité cliniques d'une application de santé en
ligne » écrivent les auteurs.
Le « far west »
Nicolas Pagès, Fondateur de Satelia, une solution de télésuivi
de l’insuffisance cardiaque remboursée par la sécurité sociale
analyse auprès de l’AFP « certaines de ces apps sont totalement
farfelues (…) il est difficile, de s'y retrouver, de différencier
les applications sérieuses de celles qui ne le sont pas ». La
grande majorité des applications téléchargeables par le grand
public n'ont en effet pas prouvé leur efficacité. « Il n'y a pas
le même circuit pour une application en médecine que pour le
circuit du médicament par exemple », regrette quant à lui Rémi
Sabatier, cardiologue au CHU de Caen, et vice-président de
l'Institut national de e-santé, qui cherche à structurer cet
écosystème. « Il y a eu des applications qui proposaient une
mesure de la tension et qui étaient complètement bidon »,
relève-t-il.
Autre risque : celui de la mauvaise sécurisation de données. «
Pour le moment, c'est un peu le far west », regrette ainsi
Vincent Trely, président fondateur de l'Association pour la
sécurité des systèmes d'information de santé.
* L’histoire ne dit pas comment cette méthode d’évaluation a
elle-même été validée !
F.H.