
La HAS interrogée sur la contraception masculine
Jusqu’alors, seules les mineures pouvaient accéder à la contraception d’urgence en pharmacie sans ordonnance, tandis que les femmes majeures de moins de 26 ans pouvaient obtenir une pilule du lendemain gratuitement sur ordonnance depuis le 1er janvier dernier. Pour les femmes plus âgées, la pilule du lendemain coûte entre trois et vingt-euros, partiellement pris en charge par la Sécurité Sociale si la contraception est prise sur ordonnance. « Le gouvernement agit concrètement pour que les femmes ne renoncent plus à la contraception d’urgence pour des raisons financières, premier motif de renoncement » a commenté Isabelle Rome, ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes.Alors que la recherche pharmaceutique tâtonne depuis des décennies sur le développement d’une pilule contraceptive pour hommes, François Braun a également annoncé qu’il allait saisir la Haute Autorité de Santé (HAS) de la question de la contraception masculine et espère pouvoir ouvrir « plus largement » l’accès à ce type de contraception l’an prochain « en fonction des données scientifiques ». L’ancien urgentiste s’est par ailleurs dit favorable à l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution, comme le propose de nombreux députés.
Mieux lutter contre la hausse des IST chez les jeunes
L’autre grande annonce de cette interview du ministre concerne
le dépistage des Infections sexuellement transmissibles (IST). «
Je vous annonce donc que le dépistage des IST sera gratuit et
sans ordonnance jusqu’à 26 ans, les jeunes étant la population la
plus touchée par ces infections ». Jusqu’alors, seul le
dépistage du VIH était gratuit sans prescription médicale. Une
mesure qui entend répondre à une hausse des contaminations et un
recul du dépistage ces dernières années : les infections à
chlamydia auraient augmenté de 41 % chez les femmes de 15 à 24 ans
et de 45 % chez les hommes de 15 à 29 ans entre 2017 et 2019,
tandis que le nombre de tests a baissé de 30 % en 2020 (sans doute
en partie en raison de la crise sanitaire).
« Il est très compliqué de connaitre la cause exacte de cette
hausse. Est-ce un défaut de prévention ? D’information ? Ou un
relâchement plus global sur cette question ô combien essentielle ?
» s’interroge le ministre, qui souhaite également renforcer
l’éducation sexuelle à l’école, alors qu’une récente étude menée
par une association féministe a montré que seulement 13 % des cours
prévus par la loi étaient effectivement dispensés.
La gratuité du dépistage des IST pour les jeunes s’inscrit
dans une volonté plus générale du gouvernement de renforcer la
prévention. Le ministre a ainsi récemment annoncé la mise en place
de consultations gratuites de suivi pour tous les Français à 25, 45
et 65 ans. « A 25 ans, c’est justement le moment de faire le
point sur la santé sexuelle » avance le ministre.
La gratuité de la pilule du lendemain et du dépistage des IST
seront inscrits dans le projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 2023, qui sera présentés en Conseil des ministres
lundi prochain.
Quentin Haroche