Suppression des cotisations Carmf pour les praticiens retraités : ne pas encore sabrer le champagne !

Paris, le mercredi 12 octobre 2022 – La commission des affaires sociales a voté un amendement au PLFSS prévoyant la suppression des cotisations à la Carmf pour les médecins retraités toujours en activité.

On le sait, l’une des causes de la désertification médicale réside dans la démographie des praticiens et dans le départ à la retraite ces dernières années de nombreux médecins libéraux « baby-boomers », formés à la fin des années 1970 et qui cessent leur activité après parfois près de 45 ans de bons et loyaux services. En attendant l’augmentation ces prochaines années du nombre de médecins formés, certains jugent primordiales d’inciter ces médecins seniors à continuer à exercer le plus longtemps possible, afin de garantir l’offre de soins, notamment en zone sous-dense.

L’amendement au projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2023 voté par la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale ce lundi va dans le sens de cette incitation. A l’initiative du député LR Philippe Juvin, chef du service des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou, les députés ont voté la suppression des cotisations à la Carmf (caisse autonome de retraite des médecins de France) pour les médecins en situation de cumul emploi/retraite.

10 % des médecins libéraux en cumul emploi-retraite selon le Pr Juvin


En effet, les médecins retraités qui continuent à exercer doivent toujours cotiser sans que cela ne leur ouvre de nouveaux droits à la retraite. Ces cotisations représentent pourtant un coup important pour les praticiens, 9 850 euros par an en moyenne pour un médecin en secteur I et 16 450 euros pour un libéral en secteur II. Les praticiens seniors ont toujours ressenti ce système de cotisation « à vide » comme une injustice et demandent leur suppression de longue date.

Mais c’est essentiellement sur des arguments de démographie médicale que le Pr Philippe Juvin s’est appuyé pour défendre sa proposition. Il a en effet affirmé que plus de 12 400 médecins sont actuellement en situation de cumul emploi retraite, soit 10 % des médecins libéraux et que 27 % des praticiens à la retraite ont moins de 70 ans et donc encore « mobilisable pour renforcer les troupes vaillantes ».

Pour le député des Hauts-de-Seine, cette mesure inciterait non seulement les médecins retraités en activité à continuer d’exercer mais pousserait également certains praticiens à reprendre du service. « Une telle incitation financière a fait ses preuves lors de la crise sanitaire de la Covid-19 puisqu’elle avait contribué au retour en activité de plusieurs centaines de médecins » a affirmé l’anesthésiste-réanimateur, évoquant le report des prélèvements des cotisations durant le confinement.

Les médecins retraités ne doivent pas vendre la peau de l’ours


L’amendement du Pr Juvin a été adopté par des députés de tout bord politique. Le député Modem Philippe Vigier a ainsi parlé d’un « signal fort pour améliorer l’accès aux soins » tandis que le député autonomiste corse Paul-André Colombani estime « qu’on ne peut pas se priver de mesures pour faire reculer le désert médical ».

Quant à la députée RN Joelle Mélin, spécialiste des questions de santé, elle considère « qu’après 65 ans, cette profession qui n’a jamais compté ses heures mérite une incitation pour travailler en paix ».

Mais que les médecins retraités attendent un peu avant de sabrer le champagne. L’amendement du Pr Juvin a en effet été voté contre l’avis de Stéphanie Rist, députée Renaissance et rapporteur du PLFSS et donc contre l’avis de la majorité présidentielle. La rhumatologue justifie ce rejet par le fait qu’une telle proposition aurait plutôt sa place dans une future réforme des retraites.

Le député Horizons Thomas Mesnier, lui-aussi médecin, s’est également opposée à cette réforme. Selon lui, le dispositif actuel exonérant de cotisations à la Carmf les médecins retraités gagnant moins de 80 000 euros par an en zone sous-dense n’a pas porté ses fruits, prouvant l’inefficacité de ce genre d’incitation financière.

Il faudra donc que les médecins séniors attendent le débat en séance publique à compter du 20 octobre prochain pour savoir à quoi s’en tenir.

Nicolas Barbet

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Vos réactions (12)

  • Emploi cumul retraite

    Le 12 octobre 2022

    Médecin retraité les mots me manquent pour qualifier les refus des partis Renaissance et Horizons. C'est tant mieux car j'ai en tête des mots peu flatteurs concernant ces messieurs dames.Tant pis pour les patients... et c'est bien dommage.

    Dr J Soots

  • Emploi retraite

    Le 12 octobre 2022

    Si il y a cotisation il doit y avoir réversion que cela soit pour le privé ou le public. Si les libéraux arrivent à ne plus cotiser la CARMF, les hospitaliers ne devraient plus payer leurs cotisations non plus.

    Dr W Melnick

  • Au Dr Melnik

    Le 13 octobre 2022

    "L'immobilisme est en marche (sic), rien ne saurait l'arrêter". E Faure

    Dr P Castaing

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